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    Enquête sur le 3ème arrondissement de Marseille, le plus pauvre de France

    Lien publiée le 8 novembre 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    55 % des habitants vivent ici en dessous du seuil de pauvreté.

     Entrée d'immeuble, 3e arrondissement de Marseille

    Entrée d'immeuble, 3e arrondissement de Marseille• Crédits : Pascale Pascariello

    En plein centre de la ville, à dix minutes de la gare et du Vieux-Port, l’arrondissement jouxte Euroméditerranée, l’une des opérations de rénovation urbaine les plus ambitieuses d’Europe. En marge des grands axes rénovés à coups de millions d’euros, les marchands de sommeil continuent à prospérer dans ce quartier aux allures de faubourg, surnommé "la zone des oubliés" par ses habitants. Dans cette émission, Shéhérazade et Samia racontent leur quotidien dans les logements insalubres. 

    Shéhérazade, bientôt 17 ans, habite dans un appartement insalubre depuis 8 ans. 

    Je vais pas vous mentir, j'ai froid la nuit. À cause de la fuite d'eau et de l'eau qui monte, ma mère a arrêté l'électricité. On s'est regroupés tous les cinq dans la même chambre pour vivre. 

    Je suis souvent en retard à l'école. J'ai envie de dormir quand je suis en cours. J'ai du mal à me concentrer quand je révise. J'aimerais bien avoir une chambre à moi pour travailler. Les professeurs ne sont pas au courant, je ne leur raconte pas ma vie.

    La jeune femme, qui a déjà redoublé deux fois, préfère rester discrète sur sa situation. Lorsque ses amies lui demandent si elles peuvent venir chez elle, elle explique que sa chambre n'est pas bien rangée. Mais vivre dans l'insalubrité n'empêche pas Shéhérazade de prendre soin d'elle. 

    J'ai un peu honte quand je ramène mes copines. Je leur mens, je leur dis que ma chambre n'est pas bien rangée. Je suis toujours bien habillée, bien maquillée, mais au fond, je vis dans la pauvreté. Du coup, au collège, je préfère rester seule. Ici, il n'y a pas d'eau chaude. On est obligés de se laver avec l'eau chaude que ma mère réchauffe. Parfois, je vais chez ma tante et j'en profite pour prendre un bain. C'est trop bien, j'aimerais m'endormir dedans.

    Un jour, alors qu'elle rentre chez elle, la collégienne sent quelque chose monter le long de sa jambe. 

    C'était un rat ! Il s'est accroché à mon pied, il m'a mordu, il était tout mouillé. Quand je suis rentrée chez moi, ma jambe était paralysée. J'avais du mal à marcher, je suis allée à l'hôpital. Ils m'ont donné des médicaments, et j'ai dormi pendant trois jours. Voilà, il faut se méfier des petits rats. 

    Quand je rentre chez moi, le bloc est pourri, mais au moins c'est propre, le ménage est fait. J'aimerais bien avoir un appartement pour mes parents, pour qu'ils soient heureux. J'aimerais bien qu'ils aient le sourire aux lèvres, parce que je sens un truc triste chez eux.

    Samia a 20 ans. Arrivée en France en 2009, elle vit avec sa famille dans un immeuble insalubre. Sa mère se remarie, et la famille s'agrandit. Aujourd'hui, ils sont sept, entassés dans un petit deux-pièces. Le quotidien n'était pas facile pour la jeune femme, surtout au moment de la puberté, où elle recherchait un peu d'intimité. 

    On partageait tout ensemble, et quand j'ai eu 13 ans, ça me gênait. Je ne voulais pas me changer devant tout le monde.

    On faisait nos devoirs aux toilettes, c'est mon petit frère qui m'a montré cette technique. Je rêve de devenir auxiliaire puéricultrice, et dans mes toilettes quand je faisais mes devoirs, je rêvais d'être en blouse blanche, en train de m'occuper des petits nourrissons. 

    Grâce à l'aide de l'une de ses professeurs qui a cru en elle, Samia a finalement pu passer son bac :

    Elle me disait que j'avais les capacités, que je voulais réussir. J'avais des mauvaises notes, et je lui ai expliqué ma situation. Je lui ai dit tout ce qu'il y avait chez moi. Elle a compris, sans me juger. Parfois, j'allais chez elle faire les devoirs, et j'ai eu une bonne moyenne au troisième trimestre. C'est rare d'avoir un prof qui vous considère comme ça.

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    Entrée d'immeuble - 3e arrondissement de Marseille• Crédits : Pascale Pascariello

    Chanson de fin : "Voltaire", par Heroic - Album : Voltaire (2014). 

    • Reportage : Pascale Pascariello
    • Réalisation : Emmanuel Geoffroy
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