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"Tous ensemble !", avec les gilets jaunes

Gilets-jaunes

Lien publiée le 19 novembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-anselme/blog/181118/tous-ensemble-avec-les-gilets-jaune

Face à Macron, sa clique et son monde (groggy mais pas KO !), il est encore temps que la gauche, et particulièrement le syndicalisme avec la CGT et Solidaires, s'adresse aux gilets jaune d'une voix bienveillante et unifiante.

Des gilets jaunes, un drapeau tricolore graffé du A cerclé des anarchistes, avec en sous-titre : « pouvoir achat ». Une photo d’un des nombreux barrages des gilets jaune en France, samedi, publiée sur Facebook, qui a de quoi déboussoler tout ceux qui à gauche prennent avec des pincettes un mouvement qui échappe aux formes habituelles des luttes sociales : manifs syndicales, avec leur décorum traditionnel (drapeaux syndicaux, banderoles revendicatives...) et slogans attendus.

Des syndicats, justement, au sens des directions syndicales, qui ressemblent à des fantômes errant dans les oubliettes du paritarisme et des élections professionnelles. Une énième journée d’action à la rentrée et puis c’est fini. Rien, pas le moindre début de commencement de perspective, alors même que Macron, sa clique et son monde sont dans les cordes !

Et quand soudain surgit un mouvement d’ampleur, qui mobilise une large fraction des classes populaires les plus meurtries par les politiques gouvernementales néolibérales, qui fait descendre sur le bitume, souvent pour la première fois, des ouvrier.es, des employé.es, des travailleur.euses précaires, des chômeur.euses, des petit.es retraité.es… les pontes du syndicalisme font la fine bouche.

À les entendre, les gilets jaunes ne verraient pas plus loin que le bout de leur nez. Revendiquant la suppression de taxes plutôt qu’une augmentation des salaires, ils seraient manipulés par le patronat et par l’extrême droite. « Il est impossible d’imaginer la CGT défiler à côté du Front national », affirme, entre deux bâillements, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, pour justifier la non participation de sa centrale au mouvement des gilets jaunes, l'assimilant ainsi à une succursale fasciste ! Et puis, il y a contre les gilets jaunes ce qui n’est pas dit, ce qui déjà bloquait côté syndical avec Nuit debout : ils sont incontrôlables.

Pour être entendu, il faut être avec

Que les Le Pen, Dupont-Aignan et autres Wauquiez tentent de récupérer un mouvement populaire n’atteste en rien de sa prétendue « nature » d’extrême droite, pas plus qu’une infâme agression contre deux élus homosexuels ne fait des gilets jaunes une armée d’homophobes. Qui est allé sur les barrages et dans les manifs ce samedi peut attester de la diversité idéologique des gilets jaunes (le reportage de François Ruffin : « Mon samedi jaune »). Ce qui, somme toute, devrait renvoyer le syndicalisme à ses fondements : unir sur des objectifs communs les salarié.es, au delà de leurs orientations politiques, philosophiques ou religieuses.

Pour être entendu, il faut être avec. Nombre de militants syndicaux (et de militants politiques, notablement ceux de la France insoumise et du NPA) l’ont compris qui ont participé au 17 novembre avec les gilets jaunes. Après ce premier round, il est encore temps pour le syndicalisme (on pense évidemment avant tout à la CGT et à Solidaires) de réviser sa copie, de quitter sa tour d’ivoire et de descendre dans la rue pour agir et débattre avec celles et ceux qui se battent. Rien n’est perdu : vraisemblablement le mouvement des gilets jaunes va se poursuivre dans les jours qui viennent et un appel est lancé sur les réseaux sociaux à une manifestation place de la Concorde à Paris, « Acte 2, Toute La France À Paris !!! », samedi 24 novembre.

L'histoire ne repasse pas les plats

On rêve que le front qui a été esquissé lors de la « marée populaire » du 26 mai dernier, renaisse de ses cendres, quand, sous la pression du mouvement social, à retardement certes mais pour la première fois depuis bien longtemps, quasiment tout ce qui compte à gauche – syndicats (dont la CGT), partis (dont la France insoumise), collectifs, associations - a été capable de se réunir, de discuter et de s’accorder pour agir ensemble sur des objectifs communs. « Voulons-nous une société plus juste, plus solidaire, plus démocratique, plus égalitaire avec un meilleur partage des richesses ? Tel est l’enjeu », affirmait alors l’appel « pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité » signé par une cinquantaine d’organisations.

On ne saurait mieux dire, pour l’instant tout au moins. Il ne dépend que des mêmes, syndicats, partis, associations, collectifs, et de beaucoup d’autres, en particulier dans les quartiers populaires, de se réunir à nouveau pour aller plus loin. C’est toujours par la revendication du pain qu’éclatent les révolutions, jamais « la vieille taupe » n’arrive par là où on l’attend, et toujours si le coche est manqué triomphe la réaction autoritaire voire fasciste. Avec le mouvement d’action directe des gilets jaunes, l’occasion de constituer les bases d'un immense front populaire antilibéral et anticapitaliste se présente sur un plateau. La gauche, et en particulier ce qui reste d’un syndicalisme de lutte des classes, saura-t-elle la saisir ?