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FO: tractations intenses avant l’élection du numéro un jeudi

FO

Lien publiée le 22 novembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(afp) Les tractations et débats entre dirigeants de Force ouvrière ont duré toute la journée de mercredi, pour savoir qui élire jeudi à la tête du syndicat, sans secrétaire général depuis la démission de Pascal Pavageau il y a sept semaines, après les révélations de l'existence d'un fichier controversé.

Démarré à 9H30, le comité confédéral national (CCN), sorte de parlement de FO constitué de ses hauts cadres, s'est achevé 12 heures plus tard, après qu'une soixantaine d'entre eux ont défilé à la tribune pour vider leur sac.

"C'était rude, mais sans invectives, ni insultes, ni incidents comme on le craignait. On est groggy avec ce qui s'est passé ces dernières semaines et on sent qu'il y a une volonté de ne pas faire exploser FO", a témoigné un dirigeant.

Selon d'autres sources, les interventions étaient "constructives", "critiques" et "responsables". Les trois candidats en lice se sont exprimés en fin de journée.

Jeudi matin, les dirigeants vont choisir entre Patrice Clos, 53 ans, numéro un de la fédération des transports et de la logistique, Christian Grolier, 52 ans, secrétaire général de la fonction publique, et Yves Veyrier, 60 ans, membre du bureau confédéral (la direction).

D'ici là, les discussions devraient encore aller bon train entre les trois cette nuit, certains caressant l'espoir que MM. Grolier ou Veyrier, au coude à coude en termes de soutiens, renonce jeudi matin avant le vote. Déterminé, Patrice Clos a dès le départ martelé qu'il irait jusqu'au bout.

Mercredi, outre ces candidatures, les discussions portaient sur le fichier révélé par Le Canard enchaîné début octobre où certains cadres sont affublés de qualificatifs comme "niais", "complètement dingue", "anarchiste", ou encore "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral". Ce document a entraîné la démission de Pascal Pavageau à peine six mois après son élection.

Le fait que trois candidats se présentent à la tête de FO est une première. Les statuts du syndicat ne prévoient rien en terme de second tour et le bureau confédéral a proposé une élection à un tour.

- Priorité : "rassembler" -

La crise a remis au goût du jour les divergences internes. Il y a les partisans d'une ligne "revendicative", défendue par M. Pavageau et largement validée au congrès d'avril. Patrice Clos et Christian Grolier sont proches de ce courant. D'autres épousent une ligne dite "réformiste", défendue en fin de mandat par Jean-Claude Mailly, dont M. Veyrier est proche.

Dans un climat interne délétère, les rumeurs sont allées bon train sur les trois candidats, notamment sur des penchants "anarchiste" (Clos), "trotskiste" (Grolier) ou "pro-Macron" (Veyrier) que les intéressés démentent.

Yves Veyrier s'est défendu dans un courrier aux militants d'être "trotskiste" ou "macronisme compatible", se présentant comme "réformiste militant", "déterminé à œuvrer pour l'émancipation de la classe ouvrière".

"Je ne comprends pas qu'on veuille mettre dans une case les trois candidats!", s'est agacé auprès de l'AFP M. Grolier, assurant qu'il n'était "pas plus trotskiste que (son) camarade Patrice Clos n'est anarchiste". Pour lui, le scandale "a fait des dégâts" et quel que soit le résultat de l'élection, la priorité du futur numéro un "va être de rassembler".

Patrice Clos, lui, souhaite mettre de l'ordre dans les finances et réclame un audit financier de la confédération, déficitaire en 2017 (-632.000 euros) après un excédent d'un million d'euros un an plus tôt. Cette option a été écartée par le bureau confédéral, qui promet plutôt "un état financier complet", après des révélations sur les notes de frais et rémunérations des dirigeants.

"La transparence financière est importante vis-à-vis de nous en interne, et vis-à-vis de nos adhérents et de nos militants", insiste Patrice Clos, dont la fédération a été la seule à appeler à rejoindre le mouvement des "gilets jaunes".

Cette crise intervient alors que l'agenda social est chargé, avec la concertation sur la future réforme des retraites, la négociation sur l'assurance chômage ou la mobilisation des "gilets jaunes". Sans compter l'élection professionnelle dans la fonction publique début décembre, FO étant premier syndicat dans le versant État et troisième pour la territoriale et l'hospitalière.