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    Les urgences de la situation

    Gilets-jaunes

    Lien publiée le 3 décembre 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://aplutsoc.org/2018/12/02/les-urgences-de-la-situation-01-12-2018-a-23h30/

    Nous n’allons pas longuement décrire les événement de ce nouveau « samedi » : il est clair pour nos camarades et lecteurs, pensons-nous, que la crise politique, crise de régime, et le niveau de mobilisation dans la société, sont très élevés en France. Nous-mêmes, rédacteurs d’APLS, avons « navigué » ce samedi entre barrages de gilets jaunes et cortèges syndicaux. Il nous semble nécessaire et utile de fixer quelques points clefs qui seraient, disons-le, des taches immédiates pour un parti prolétarien qui n’existe pas. Les formuler, c’est déjà inciter au regroupement et à la discussion.

     Premièrement, c’est bien la question du pouvoir qui est posée. Il faut être très clair : « Macron démission » est un mot d’ordre démocratique. Démocratique !

     Il est monté des profondeurs, a surgi déjà le 9 octobre et dans les mobilisations locales significatives, résultant de la crise au sommet de l’État spectaculairement exhibée avec les affaires et épisodes Benala/Macron, Hulot/Macron, Collomb/Macron … Ce mot d’ordre, cette exigence, se combine aux revendications immédiates de survie, pour aller jusqu’à la fin du mois, pour des millions de gens.

    Il est démocratique parce qu’il renvoie à la figure du président non seulement toute son arrogance monarchique mais ce qu’il a lui-même appelé les conditions  « romanesques » de son élection, élection par défaut produite par la crise du régime et des anciennes formations politiques. Il savait ne pas avoir d’ancrage et s’est engagé dans une course de vitesse pour casser le droit du travail, les services publics et la Sécurité sociale, ce qui a conduit à la crise présente.

    « Macron démission » est donc une exigence démocratique massive, justifiée car à aucun moment, aucun contrat n’a été passé entre « le peuple » et « le président » pour faire cette politique là. Mais chacun comprend que sa réalisation doit signifier la fin de la V° République. La déferlante des prolétaires jusque là inorganisés et de la petite-bourgeoisie appauvrie ouvre la voie à la crise finale de la V° République. Renverser le président ça doit être changer de régime, c’est nécessairement aller vers l’élection de représentants réellement responsables, formant une assemblée constituante imposée par la mobilisation populaire.

    « Oui mais, ce mot d’ordre est porté par des individus louches, d’extrême-droite, qui chaque samedi jouent à l’insurrection sur les Champs Elysées. » D’abord, même sur les Champs Élysée, si médiatisés au détriment des préfectures prises d’assaut, des mobilisations de masse et des affrontements violents dans des dizaines de villes, grandes et petites, de Toulouse à Charleville et Saint-Avold en passant par Tours, Tarbes, Avignon et Le Puy-en-Velay, sans oublier la levée en masse à la Réunion, et qui se prépare ou a commencé dans les autres dernières colonies françaises, même là et là aussi ce sont avant tout des prolétaires, des retraités, des jeunes, qui comme partout ailleurs disent « Macron démission ».

    Mais surtout, si médias et gouvernement sont encore en mesure de faire croire que cette aspiration démocratique ne le serait pas, et serait le fait des « casseurs » des Champs Élysée, à qui en incombe la responsabilité ?

    La responsabilité d’appeler des millions de manifestants à se rassembler en direction de l’Élysée, pour trancher la crise, satisfaire les revendications urgentes et ouvrir la voie à la démocratie, aurait pu être prise par les directions syndicales nationales et ce qui reste de partis « de gauche » dans ce pays.

    Ils auraient ainsi tranché la crise. Ils ne le veulent pas, dirigeants confédéraux, chefs « insoumis », responsables politiques, parce qu’ils craignent cette issue, qui, pourtant, les pressurise de toute part, les conduisant à présent à envisager motion de censure et demande de dissolution, ce qui revient à demander aux députés macroniens ou à Macron lui-même de trancher la crise …

    « Chasser Macron, oui, mais pas pour le remplacer par n’importe qui ». Ce genre d’affirmation n’a d’autre fonction que de protéger Macron, protéger la V° République et elle fait par là-même le jeu de l’extrême-droite dont elle veut utiliser la crainte.

    Les salariés en lutte dans les EHPAD et ailleurs, les retraités, depuis mars dernier, puis en déferlante les prolétaires et petits producteurs « gilets jaunes », et maintenant la jeunesse, disent « Macron, démission ».

    Et il faudrait avoir peur d’eux au motif que la protection apportée jusque là à Macron par les dirigeants des organisations ouvrières et des partis « de gauche » a laissé à des réseaux d’extrême-droite la possibilité de préempter des pages Facebook et autres structures de « gilets jaunes » ?

    Allons donc ! Place à la démocratie ! Cela suffit la peur du prolétariat !

    Ils ne remplaceront pas Macron par « n’importe qui », parce que le mouvement de l’immense majorité ne vise pas à le remplacer, mais porte en lui le besoin d’un autre régime et d’une autre société !

    Deuxièmement, la vague montante est loin de se réduire au mouvement proprement dit des « gilets jaunes » pourtant par lui-même considérable.

    Ce vendredi 30 novembre la jeunesse a fait irruption, massivement, pour la première fois depuis des années.

    Ce sont des milliers et des milliers de jeunes, dans les lycées, facultés et lycées professionnels, qui ont des parents, copains, « gilets jaunes », et qui savent ce qu’est la galère, et qui ont encaissé, mesuré, réfléchi, la violence sociale faite à celles et ceux qui avaient juste un an de plus qu’eux par Parcoursup l’an dernier !

    Ajoutez à cela un appel de l’UNL à la mobilisation le 30 novembre contre « Parcoursup, 35 par classes, la réforme du lycée et celle du Bac pro », et aussi le choc causé dans les universités par l’annonce de droits d’inscriptions à 3000 euros pour les étudiants étrangers, prélude à la hausse pour tous, et vous avez la poudre qui a commencé à sauter vendredi, dans des centaines de lycées de province, dans les mêmes régions que les « gilets jaunes ».

    L’irruption commencée de la jeunesse pose par elle-même la question du Tous ensemble, jeunes, gilets jaunes, syndicalistes et, de plus en plus, grévistes !

    Troisièmement, comme le décrit Robert Duguet dans son article sur l’apparition de cahiers de doléancesles listes de revendications arrivent, et leur totalisation veut dire clairement : un autre régime, une autre société !

    Il vaut la peine de rappeler comment a été produite la très intéressante liste de revendications reproduite dans son article, qui apparaît à ce stade comme la plate-forme la plus connue et répandue des Gilets jaunes.

    Dimanche dernier, deux des tout premiers initiateurs du mouvement, la petite entrepreneuse en cosmétique Priscilla Ludovski et le camionneur Eric Drouet, ont par une visioconférence autoproclamé 8 représentants, pardon 8 « communicants officiels » pour aller éventuellement discuter avec le gouvernement. Ces deux-là sont allés, mardi, voir … François De Rugy. Pendant que des barrages routiers bloquent les trois quarts du pays au cri de « Macron, démission », ils vont voir De Rugy ! – un bon point toutefois, Eric Drouet a enregistré l’entretien et l’a mis en ligne. On peut constater que ce qui s’est raconté n’avait pas grand intérêt … mais par contre, l’idée de tout rendre public est excellente !

    Vendredi, deux « délégués » dont personne ne sait qui les a délégués, sont de même allés voir le premier ministre ! Mais l’un d’eux, Jason Herbert, est ressorti très vite justement parce qu’il avait demandé, et pas obtenu, que tout soit enregistré et public. Qu’il ne s’inquiète pas : de véritables délégués élus et révocables par les assemblées générales de grévistes de tout le pays devront et sauront imposer cette exigence démocratique élémentaire, comme l’avaient fait, contre un pouvoir armé de chars et de canons braqués sur eux, les ouvriers polonais en 1980 !

    Pantalonnade achevée, le premier ministre a reçu pendant une heure, pour un entretien paraît-ils passionnant et tenu secret, un « gilet jaune » inconnu, passé par la porte de derrière !

    Ce qui est important, c’est que pendant que se déroulaient ces palinodies, les « 8 communicants officiels », parmi lesquels les courants souverainistes de droite et les petits patrons étaient surreprésentés, puisqu’ils s’étaient désignés eux-mêmes, avaient mis en ligne et fait circuler un questionnaire sur les revendications, les doléances. Tel qu’il était rédigé, ce document incitait à fabriquer des réponses du type « moins de charges, moins de fonctionnaires, moins de migrants ». Naturellement, tout ce que la France compte de bureaucrates syndicaux et de gauchistes jouant à s’imaginer le fascisme à leur porte attendaient ce résultat avec avidité pour pouvoir s’en emparer et organiser la division, protégeant ainsi Macron.

    Échec sur toute la ligne. Avec ses confusions, le document résultant de ce questionnaire est la liste de revendications que nous avons publiée dans l’article de R. Duguet !

    S’il fallait une démonstration du fait que les lois de la lutte des classes sont plus fortes que les appareils grands et petits et même que les « communicants officiels » …

    Il faut faire pareil partout : la hausse des salaires, des retraites, pensions et minima sociaux, le retrait des contre-réformes contre les retraites, la fonction publique et le code du travail, le retrait de Parcoursup, de la réforme du Bac et de celle du lycée pro, TOUT doit y passer.

    Récapitulons : Macron démission, allez les jeunes, faisons nos cahiers de doléances !

    Voila qui devrait être le terrain d’exercice idéal pour tout syndicaliste digne de ce nom, n’est-ce pas ?

    Or, que font nos chefs syndicaux ? Après avoir appelé à ne surtout pas se mêler à un soi-disant fascisme, laissant ainsi la voie la plus ouverte possible aux fascistes, ils commencent à hausser un tantinet le ton. La CGT a appelé à des rassemblements. Nul doute que la majorité parmi les 5.000 manifestants de Paris, veulent gagner sur leurs revendications. Mais il faut bien le dire : dans la situation présente, ce fut là un échec, parfaitement explicable. Or, c’est affaiblir le syndicalisme que de le tenir à toute force en dehors de la lutte réelle du prolétariat !

    Fort heureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé à Arras, où le cortège de gilets jaunes et le cortège CGT-FSU ont marché l’un vers l’autre et se sont groupés, à Rouen idem entre gilets jaunes, lycéens, CGT/FSU/Solidaires, et dans des dizaines et des dizaines de localités.

    Les syndicats doivent jouer leur rôle de syndicat : déposer des préavis de grève, appeler à la tenue d’AG, à la grève et se réunir en intersyndicales !

    Le 01-12-2018 à 23h30.