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Grève générale pour dégager Macron et instaurer une Assemblée unique

Gilets-jaunes

Lien publiée le 4 décembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.revolutionpermanente.fr/Greve-generale-pour-degager-Macron-et-instaurer-une-Assemblee-unique

Depuis « l’acte III » du soulèvement contre Macron et son monde, la situation a radicalement changé. Au cri de ralliement « Macron démission ! » est venu s’ajouter, un peu partout en France, « Tous ensemble ! », posant ainsi à la fois le problème des moyens pour y arriver et celui de par quoi remplace-t-on Jupiter déchu.

Ceux d’en haut ne peuvent plus

Jamais on n’aura vu, sur un temps si court, un président aussi affaibli et impopulaire. Le pouvoir, aujourd’hui, est de plus en plus isolé. Il ne l’est pas seulement socialement, au niveau de sa base de soutien, de plus en plus restreinte à mesure où l’appui aux Gilets jaunes ne fléchit pas dans l’opinion. Il est également très déstabilisé, politiquement – pour preuve on songera à la façon dont les rendez-vous d’Edouard Philippe avec les dirigeants des forces politiques présentes au parlement a tourné court, ce lundi, chacun essayant de se dégager le plus possible de l’étreinte de Matignon. Enfin, l’exécutif est très affaibli comme en témoigne sa difficulté à maintenir l’ordre, samedi, non seulement à Paris mais également dans une dizaine de petites et moyennes villes en région, peu coutumières des mobilisations mais où les affrontements ont été extrêmement rudes et les actions très radicales.

C’est la combinaison de ces trois ingrédients, couplée à l’entrée en mouvement, ce lundi, de la jeunesse qui représente les facteurs qui permettent de parler de tendances prérévolutionnaires de la situation. Ces dernières inquiètent d’ailleurs suffisamment les dominants pour que les journalistes en perdent leur latin et parlent de « situation insurrectionnelle ». Cette façon de noircir le tableau pour effrayer la fraction de la population qui serait encore en balance est aussi une façon de reconnaître ce qu’il y a « d’extra-ordinaire », au sens littéral du terme, dans cette situation.

Les autres partis lâchent Macron

Ayant senti le vent tourner, il est compliqué de trouver, aujourd’hui, des politiques, au-delà du premier cercle macronien, qui osent encore soutenir avec enthousiasme l’exécutif. Qu’il est loin le temps où le gouvernement Philippe I était acclamé par l’Hémicycle, le jour de son élection avec le soutien plus ou moins tacite d’un arc allant du PS à la droite. Et pourtant, dix-huit mois, à peine, sont passés.

Même les « constructifs », issus de l’UMP ou du centre, réclament un élargissement du gouvernement, pour donner du temps à Macron. En plus radical, il y a le Rassemblement National de Marine Le Pen, le pire ennemi des travailleurs (et de l’augmentation du SMIC, soit dit au passage) ou, à l’opposé, la France Insoumise, qui enjoignent Macron de dissoudre l’Assemblée, et ce lorsque Benoît Hamon appelle de ses vœux à une « VI° République ».

Contre les manœuvres et la récupération

Il étant désormais clair que l’annonce d’un moratoire des augmentations de certaines taxes n’aura pas du tout suffi à éteindre le mouvement, le risque, chez les politiciens de droite comme de gauche qui se sont alterné au pouvoir depuis maintenant quarante ans ou presque, c’est que pousser Philippe vers la sortie ne pourrait jamais être qu’une manœuvre, en dernière instance, pour nous resservir la même soupe, en plus ou moins pire. Retourner aux urnes et changer un peu pour que rien ne change. Quant à pousser Macron dehors, personne n’y pense sérieusement. C’est pourtant l’objectif qu’affiche de plus en plus le mouvement des gilets jeunes, au travers le slogan « Macron démission ! ».

C’est ici où le mouvement actuel se heurte à ses principales limites mais pose, également, un certain nombre de questions. D’un côté, même si, localement, nombre de secteurs organisés du mouvement ouvrier, syndicats locaux, UL voire UD convergent avec les Gilets jaunes et vice-versa, il s’agit d’une tendance encore trop inégale à échelle territoriale. Les directions nationales, à commencer par la CGT qui appelle aujourd’hui à une journée sans grève le 14 décembre, ne fait rien pour aller dans le sens d’une jonction d’une extension et d’une coordination du mouvement.
Pourtant, le seul moyen pour dégager réellement Macron ce serait un réel blocage de l’économie du pays, qui ne peut pas se faire seulement de l’extérieur mais nécessite l’entrée en mouvement par la grève de millions de travailleurs, une véritable grève générale comme celle qui a eu lieu en 1968. Les syndicats combatifs et les Gilets Jaunes devraient en ce sens exiger, voire imposer, cette perspective aux directions syndicales nationales, en commençant par l’appel d’une vraie journée de grève générale en lien avec le mouvement des Gilets jaunes le 14.

« Macron démission ! » … mais et après ?

Une des caractéristiques marquantes du mouvement des Gilets jaunes, c’est précisément qu’à côté de la volonté de dégager le Président il mène une réflexion sur le fonctionnement même des institutions de la V République. C’est ainsi que nous avons vu des revendications telles que la suppression du Sénat, la réduction du nombre de députés et de leurs salaires, l’organisation de référendums populaires, etc. Certains cherchent à répondre à ces aspirations démocratiques par des manœuvres parlementaires, telles que la demande d’une simple dissolution de l’Assemblée par Le Pen ou Mélenchon ou l’évocation d’une VI République aux contours flous.

En tant que marxistes révolutionnaires, nous aspirons au contraire à tout renverser pour remplacer l’Etat actuel par un gouvernement des travailleurs, appuyé sur leurs propres organismes de lutte et d’auto-organisation. C’est en ce sens que nous cherchons à construire des comités d’action qui puissent assurer le contrôle de la base sur le mouvement actuel mais aussi devenir un embryon de pouvoir alternatif à celui des capitalistes.

Cette perspective étant néanmoins pas posée de façon globale dans l’immédiat, nous sérions prêts à défendre aux côtés du mouvement des gilets jaunes une transformation démocratique radicale des institutions, inspirée par ce qui a été fait par la Convention de 1793 ou par les Communards.

En plus de la suppression de ces instances réactionnaires qui sont le Sénat et la Présidence, il faudrait en finir avec la séparation entre les pouvoirs législatif et exécutif qui ne servent qu’à donner des pouvoirs bonapartistes, voici ce que les révolutionnaires proposaient en France en 1934 :

« Une Assemblée unique concentrant le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Les membres en seraient élus pour deux ans, au suffrage universel depuis l’âge de dix-huit ans, sans distinction de sexe ni de nationalité. Les députés seraient élus sur la base d’assemblées locales, constamment révocables par leurs mandants et recevraient pendant le temps de leur mandat le traitement d’un ouvrier qualifié ».

Une telle mesure permettrait de donner un véritable débouché aux aspirations démocratiques du mouvement, en même temps que cette démocratie plus large faciliterait la lutte pour un gouvernement des travailleurs qui ouvre la voie à une autre société, sans aucune forme d’exploitation ni d’oppression.

Aujourd’hui, en tout cas, les Gilets jaunes et celles et ceux qui sont à leurs côtés, avec leur chasuble syndicale ou leur engagement politique, pourrait avoir la force de renverser l’échiquier. Pour ceci, il faut s’en donner les moyens et s’assurer qu’une fois renversée, Nous soyons nous-mêmes en mesure d’imposer les règles du jeu.