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Samedi 15 decembre: retour sur une journée nationale de mobilisation

Lien publiée le 20 décembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://npa2009.org/actualite/social-autres/samedi-15-decembre-retour-sur-une-journee-nationale-de-mobilisations

La journée du samedi 15 décembre, Acte V du mouvement des Gilets jaunes, a confirmé l’ancrage du mouvement de contestation de la politique de Macron. Aux quatre coins du pays, des rassemblements et manifestations ont eu lieu, avec toujours des moments de convergences entre Gilets jaunes, autres secteurs mobilisés, mouvement ouvrier. Nous proposons un aperçu de ce qui s’est déroulé dans quelques villes, sans prétention à l’exhaustivité, mais qui donne une idée de la diversité des situations… et du climat général de contestation. Par nos correspondantEs.

Nîmes

Vendredi 14 décembre, pas mal de lycées ont débrayé à Nîmes. À la manifestation inter­syndicale de l’après-midi, les jeunes étaient d’ailleurs ­relativement ­nombreux et motivéEs !

Le matin, deux militantEs solidaires (dont un camarade du NPA) présents devant un lycée (tampon entre les jeunes et les flics) ont été interpellés par la police sans raison, emmenés au commissariat et libérés vers 16 h 30 seulement… La mode des interpellations préventives se répand. Pendant ce temps les blocages devenus traditionnels de ronds-points nîmois étaient bien fournis : ça tient et ça tiendra, malgré les nombreuses intimidations.

La manifestation intersyndicale de l’après-midi n’était pas ridicule, mais loin tout de même des grosses mobilisations ici, à d’autres moments. Les jeunes étaient présentEs. Côté syndicats, la référence et la liaison avec le mouvement des Gilets jaunes ne se fait pas franchement.

Le samedi 15 s’est passé dans une configuration originale et radicale : dès le matin, à 8 heures, des centaines de Gilets jaunes occupaient les ronds-points autour de l’entrée ouest de la ville. Le face-à-face avec les flics s’est poursuivi toute la matinée, la détermination des Gilets jaunes demeurant non seulement importante mais beaucoup plus radicale. Si on était, il est vrai, moins nombreux que la semaine dernière, il y a eu tout de même beaucoup de monde. Un rassemblement prévu au stade des Costières, pas trop massif, a immédiatement analysé la situation et a décidé de rejoindre le point fort de la mobilisation, c’est-à-dire l’entrée de l’autoroute : feux divers et variés, police partout, beaucoup de fumée, une valse-hésitation des flics, des avancées des uns et des autres, des reculs, des lacrymos, un hélicoptère de la gendarmerie en statique pendant 20 bonnes minutes au dessus dudit rond-point, des voitures, des camions au milieu de tout ça, bref un bordel monstre… Et 200 motos de manifestants Gilets jaunes venus nous prêter main forte, du jamais vu !

Finalement, les flics n’ont pas chargé, mais on a bien compris qu’ils ont beaucoup hésité. Petit à petit le rassemblement s’est dilué et, vers 18 heures, le point de ­fixation a été levé.

Lyon

Environ 2 000 personnes se sont retrouvées le 15 décembre sur la place Bellecour, bloquées à chaque rue par les flics en nombre. Après quelques tours de place, la manif est partie par une rue après avoir résisté aux premières lacrymos lancées par les flics. Présence un peu plus forte, par rapport à la semaine dernière, du milieu militant. À noter la venue de Milan d’une quinzaine de militants du syndicat italien Sindacato Intercategoriale COBAS.

Plusieurs rendez-vous à des lieux et heures différentes ont divisé le nombre de manifestantEs. Le cortège « militant » a eu un peu de mal à se mélanger avec les Gilets jaunes car la préoccupation était d’éviter le risque de confrontation avec l’extrême droite, malheureusement présente sur la place Bellecour. 

Pas de problème avec la police jusqu’à l’arrivée à proximité de l’Hôtel de ville où les flics ont vite gazé et dispersé la manifestation dans les rues adjacentes. Après un moment de flottement, une partie de la manifestation s’est dispersée et une autre est restée place de la République, autour d’une fanfare, pendant que différents groupes se retrouvaient place Bellecour où les flics ont refait la chasse aux Gilets jaunes et aux petits groupes de jeunes de quartier : charges et gaz de 16 h à 18 h 30. Plusieurs interpellations (9 d’après le Progrès), beaucoup de violences policières, des blessés côté manifestantEs. Le tout devant des passantEs étonnés…

Bordeaux

La préfecture a annoncé 4 500 manifestantEs à Bordeaux le 15 décembre, le même nombre que la semaine dernière, même si nous étions probablement plus nombreux. Une manifestation très compacte qui remplissait les rues, sans compter que des petits bouts stationnaient ou se promenaient ailleurs dans la ville.

Comme la semaine dernière, un cortège étudiants a été organisé à 13 h, animé et largement organisé par des camarades NPA qui a rejoint l’autre cortège qui partait à 14 h. Cette semaine, pas de provocation ni de barrage de flics sur ce parcours, le cortège s’est à nouveau gonflé en route de manifestantEs avec ou sans gilet jaune, et de toutes les générations. 

Comme la semaine dernière les deux cortèges se sont rejoints mais cette fois ce sont les deux têtes de manif qui se sont retrouvées face à face. Moment improbable... Les drapeaux rouges étaient à ce moment-là plus nombreux que les bleu-blanc-rouge. Si dans le cortège Gilets jaunes certains avaient l’air un peu tendus, la grande majorité a ovationné le cortège jeunes et nous avons été intégrés avec nos drapeaux, nombre de badges NPA, quelques chasubles CGT, nos chants et slogans, sans qu’à aucun moment cela ne pose de problème, au maximum des regards interrogatifs.

Après un grand tour du centre-ville passant par les rues commerçantes, grandes et petites, sans le moindre problème, le gros cortège a continué vers la place de la mairie... où après une demi-heure les flics ont répondu à un jet de fumigène par les canons à eau et des lacrymos... Ce qui a provoqué pas mal de départs. Malgré les affrontements, il restait encore plus d’un millier de manifestantEs dans les rues vers 17 h.

Touraine

La manifestation du vendredi 14 décembre a réuni entre 1 500 et 2 000 personnes. Petite mobilisation des équipes habituelles. Peu de Gilets jaunes. C’est le résultat du choix des directions syndicales locales (mis à part Solidaires) de ne pas chercher à créer des liens avec le mouvement des Gilets jaunes alors que l’idée du « TouTEs ensemble » a un réel écho parmi elles et eux.

Samedi 15 décembre, il y avait autour de 800 personnes (contre 4 000 à 5 000 personnes le week-end précédent) sous une pluie glacée qui a refroidi pas mal de monde. C’est évidemment une baisse, mais ce n’est pas vécu comme cela par celles et ceux qui participent régulièrement et qui animent le mouvement. Beaucoup moins de Marseillaise dans le cortège, et les slogans « traditionnels » des manifs, s’ils ne rencontrent pas d’hostilité, ne sont pas repris en dehors des militantEs présents (NPA, FI, milieu libertaire/autonome, Solidaires et quelques CGTistes et FSU). Sur l’agglomération, le mouvement s’organise autour de deux lieux : le rond-point de l’aviation à l’entrée nord et « l’auberge des Gilets jaunes », un baraquement construit auprès du rond-point qui mène au dépôt pétrolier de Saint-Pierre-des-Corps. En dehors de l’agglomération, plusieurs ronds-points sont aussi tenus jour et nuit. Des actions sont prévues dans les jours à venir et une réunion, sorte d’AG du mouvement, devrait avoir lieu.

À noter que deux réunions se sont déjà tenues dans un cadre un peu flou (initié par Convergence pour la défense des services publics), regroupant des représentantEs des Gilets jaunes et des militantEs syndicaux, politiques et associatifs. Nos interventions y sont très bien vues par les Gilets jaunes et nous sommes en lien régulier avec les principaux animateurEs du mouvement.

Montpellier

Malgré une pluie fine et glacée, un millier de personnes ont défilé dans les rues de Montpellier samedi 15 décembre, une manifestation dynamique à l’initiative des Gilets jaunes, rejoints par beaucoup de militantEs, dont certains se reconnaissent pour avoir participé aux « Nuits debout » de 2016. La surprise vient des étudiantEs des Beaux-arts, qui occupent leur école depuis le début de la semaine et ont déboulé sur la place de la Comédie avec un char, fait de palettes en bois décorées. Ils ont mis à disposition des participantEs de grands panneaux jaunes fixés sur des bambous, supports d’expression libre. Des slogans ont fleuri « Quand l’oligar-chie, c’est la merde qui ruisselle »« Remboursements du CICE, retour de l’ISF »« Augmentation des salaires, des pensions et des minimas sociaux »« Printemps arabes, hiver français, bonne année ! », ainsi que le désormais classique  « Macron démission » et plusieurs  panneaux sur le référendum d’initiative citoyenne « RIC, le vrai pouvoir c’est le peuple ». À noter la présence des travailleurs sociaux en formation. 

Juché sur le char durant toute la manifestation, un jeune brandissait un immense drapeau jaune. La manifestation a remonté la rue de la Loge d’un bon pas jusqu’au Peyrou, après un arrêt devant la préfecture, puis descend les boulevards après une tentative d’atteindre le Palais de justice et un demi-tour en raison de la présence policière. Devant la gare, un bref face-à-face avec les forces de répression avant de repartir vers la Comédie. Après hésitation, centre commercial du Polygone ou préfecture, les dernierEs manifestantEs remontent vers la préfecture. De la bonne humeur, des slogans, des chants, de la musique, de la détermination, qui avait manqué à la manif syndicale de la veille (1 500 personnes), heureusement « tirée » par un bon cortège de lycéenEs en tête de manif. 

De nombreux Gilets jaunes faisaient signer la pétition appelant au RIC, et les discussions se sont engagées. Manifestement, pour beaucoup d’entre elles et eux, la revendication de créer le RIC est l’expression d’une aspiration démocratique, première étape d’une transformation en profondeur du système politique, tout en étant conscients qu’il faut maintenir la pression et conserver l’ensemble des revendications sans les hiérarchiser. CertainEs sont convaincus que c’est le moyen de passer la difficile période des fêtes, avec un objectif qui peut apparaître concret, pour mieux rebondir en janvier. Le risque est, au contraire, d’enterrer le mouvement, et de conforter le gouvernement dans son espoir de voir les choses se calmer. 

Pour le NPA, malgré la répression et le baratin de Macron, notre classe ne se tiendra pas sage !

Angers

Samedi 15 décembre, autour de 300 Gilets jaunes (contre 700-800 le week-end précédent) ont manifesté dans le centre-ville d’Angers, malgré une pluie glaciale, au milieu des chalets de Noël ou devant la préfecture (une minute de silence y a été tenue en mémoire des Gilets jaunes tuéEs au cours du mouvement. La minable tentative des identitaires angevins de se mettre en tête de la manifestation avec une banderole visant à remplacer les revendications sociales des Gilets jaunes par de l’islamophobie a tourné court. Le gang fasciste a dû rapidement s’enfuir sous la protection de la police. 

En fin de journée, la moitié des Gilets jaunes mobiliséEs a investi la galerie commerciale d’Espace Anjou, contournant les vains efforts de la police pour l’en empêcher, lançant des slogans dans les galeries et mimant, les mains sur la tête, la terrible arrestation des lycéenEs de Mantes-la-Jolie. Si la mobilisation a été moins forte, en particulier à cause du temps exécrable, la détermination était toujours aussi grande parmi ceux qui participent régulièrement et animent les Gilets jaunes dans l’agglomération. Par ailleurs, plusieurs dizaines de GJ ont engagé des actions à Beaufort (péage de Fontaine-Guérin), Cholet (péages nord et sud), Saumur (défilé et rond-point), Segré et Trélazé.

Avignon

Après la manifestation non déclarée de l’acte IV qui a été extrêmement tendue et violente en terme de répression, changement de cadre ce samedi. La manifestation était déposée en préfecture et le parcours négocié : la marche devait se dérouler autour des remparts, sans jamais entrer dans le centre-ville. Le préfet du Vaucluse avait pris un arrêté d’interdiction de toute manifestation intra-muros.

L’appel avait cette fois-ci été relayé par les référentEs des groupes des Gilets jaunes, et nous nous attendions à ce que la mobilisation soit plus massive. Surtout que la mort de Denis, renversé par un camion dans la semaine, avait transformé la manifestation en initiative régionale avec la venue de Gilets jaunes du Gard, des Bouches-du-Rhône et de la Drôme. 

La mobilisation a été à la hauteur de nos espérances : plus de 4 000 personnes étaient présentes. 

Nous avions décidé d’axer notre intervention sur l’animation qui manquait cruellement lors des premières échéances. Nous avons pu constituer un groupe d’une dizaine de militantEs NPA, renforcés par des camarades libertaires et de la FI.

Dès notre arrivée à 15 h (le départ était prévu à 15 h 30), alors que les premiers Gilets jaunes présentEs occupaient timidement les deux côtés de la route, la police n’ayant pas encore coupé la circulation, nous avons décidé de lancer le blocage en nous agenouillant au milieu de la route, mains sur la tête, en référence aux lycéenEs de Mantes-la-Jolie, pour dénoncer les violences policières. Nous avons été immédiatement rejoints dans notre action par plusieurs dizaines de personnes, attirant toute l’attention médiatique, et entraînant le reste des manifestantEs sur la route. 

Au départ de la manifestation, nous avons lancé des slogans, dans un premier temps peu repris. Puis, petit à petit, nos chants ont été repris de plus en plus largement jusqu’à être entendus et même relancés par d’autres groupes à différents points de la manif.

Très rapidement nous avons pu constater le dispositif mis en place pour éviter les intrusions intra-muros : un SO Gilets jaunes était posté en cordon à chaque porte pour éviter d’y pénétrer, les CRS se contentant d’occuper les portes principales. Dès le premier passage devant une porte, un petit groupe de 200 manifestantEs déterminés, qui voulaient pénétrer en centre-ville, sont arrivés sans mal à enfoncer le cordon du SO. Hésitants à les suivre, nous nous sommes postés avec eux dans un premier temps. Mais le fait qu’ils soient si peu et que l’immense majorité de la manif ne veuille pas suivre nous a convaincus que c’était une erreur de s’y aventurer. Ce groupe fera 500 mètres avant de se faire bloquer et gazer par les CRS... Nous avons repris notre place dans la manif et notre travail d’animation. 

Nouvelle action de dénonciation des violences policières lors du passage devant la grande Porte de la République, gardée par un gros cordon de CRS. Nous nous sommes remis à genoux, chantant des slogans, puis nous nous sommes levés et des dizaines de personnes sont venues danser devant le cordon de CRS en reprenant le slogan « Macron nous fait la guerre, et sa police aussi, mais nous on reste déter’, pour bloquer le pays ». Là encore tous les médias se sont précipités sur l’action et l’ont abondamment relayée.

Fin de la manif : après avoir fait le tour des remparts et être revenus au point de départ, nous avons continué l’animation, des feux d’artifice et des fumigènes ont été allumés, nous avons bien tenu une demi-heure avant qu’une majorité de participantEs finissent par se disperser. 

Cerise sur le gâteau de la manif, un mec qui a balancé une insulte raciste en toute fin a été dégagé prestement par une bonne partie des manifestantEs. 

Alors que les derniers manifestantEs se dispersaient, les CRS ont balancé sans sommation quelques lacrymos, gratuitement, sur les groupes en train de partir. Énervés, certainEs leur ont balancé des projectiles en réponse. Nous sommes restés un peu mais il restait peu de monde sur place et le rapport de forces était trop défavorable pour faire face au CRS. Tout le monde a fini par se disperser, nous y compris.