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Jean Quatremer, journaliste à Libération, insulte les Gilets jaunes : « beaufs », « France moisie », « tarés », « gugusses mal habillés »...
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Jean Quatremer est un journaliste militant. Officiant à Libération, et spécialisé dans les questions européennes, il a, dès le premier tour de l'élection présidentielle de 2017, soutenu Emmanuel Macron et effectué un don à La République en marche. Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, Jean Quatremer est « un ayatollah du fédéralisme » européen. Selon l'économiste Frédéric Lordon, Quatremer serait le « journaliste le plus attaché à traîner dans la boue – y compris pour conspirationnisme – toute position de gauche critique de l’Europe ». Cette façon de défendre l'Union européenne fait de Jean Quatremer « le meilleur agent de l'europhobie en France » pour le journaliste Daniel Schneidermann.
Samedi 22 décembre, à Montmartre, une poignée de Gilets jaunes ont entonné "La quenelle" de Dieudonné. L'occasion pour Jean Quatremer de pratiquer un amalgame (très condamnable dans nos médias lorsqu'il porte sur d'autres questions) avec l'ensemble des Gilets jaunes, qualifié de "mouvement de beaufs".
Le même Jean Quatremer, prenant prétexte d'actes de violence et de dérapages antisémites, pourtant très localisés, saute encore sur l'occasion pour pratiquer l'amalgame avec l'ensemble du mouvement, qui représenterait selon lui la "France moisie" (c'est beau et fin comme du BHL...) :
Puis il n'hésite pas à qualifier tous les Gilets jaunes de "tarés" (approuvé en cela par le journaliste à France Culture Brice Couturier, l'homme qui voit Poutine à la manœuvre derrière cette vague de protestation) :
Usant d'une rhétorique conspirationniste typique, Jean Quatremer affirme que le mouvement des Gilets jaunes a été "créé" de toutes pièces par les chaînes d'info... un peu comme certains disaient que Macron avait été créé par les médias. Mais, vous comprenez, il y a le bon et le mauvais complotisme...
Guillaume Champeau a bien du mérite d'essayer de dialoguer avec ce gugusse. Il lui rappelle que les Gilets jaunes, loin d'être une pure création médiatique, sont largement soutenus par le peuple, ce à quoi l'éditocrate rétorque, avec sa morgue habituelle : "Quelques milliers de gugusses mal habillés le peuple ?"
Le journaliste ne tarde pas à montrer tout le mal qu'il pense du peuple et de la démocratie directe. Selon lui, les peuples votent avec leurs tripes (leurs instincts, leurs pulsions, leurs passions mauvaises) et seuls les représentants sont susceptibles d'apporter de la raison à la vie politique.
Jean Quatremer, qui ne comprend rien au principe du RIC, montre qu'il ne croit pas au principe du débat démocratique. Selon lui, la populace, à laquelle on confierait une once de pouvoir, s'empresserait de renvoyer tous les immigrés chez eux, d'emprisonner tous les fichés S et d'interdire la religion musulmane.
Comme Guillaume Champeau le relève, Jean Quatremer n'est assurément pas un démocrate, mais il peine à le reconnaître.
Champeau a publié un article, fruit de ses échanges sur Twitter avec des journalistes et autres "sachants" comme Quatremer : "Le RIC, l’élite et les ploucs". Extraits :
"Ces derniers jours, je débats beaucoup sur Twitter du référendum d’initiative citoyenne (RIC), dont je suis un fervent partisan depuis des années (...).
Si l’on peut rendre grâce aux gilets jaunes de quelque chose, c’est bien d’avoir su élever le débat de société au niveau institutionnel, en mettant le RIC au premier plan des revendications. C’est le signe d’une maturité politique bien plus grande que ce que certains ont bien voulu voir.
Mais en débattant du sujet, avec bien plus d’énergie que je croyais nécessaire, j’ai vu tomber les masques d’une hypocrisie vieille de près de deux siècles. Pour le dire de façon caricaturale sur la forme mais assez fidèle sur le fond, beaucoup des tweets qui s’opposent au RIC veulent dire : « vivre à côté des ploucs, d’accord ; subir les décisions idiotes que les ploucs prendront, pas question ».
On voit en effet se former contre le RIC une sorte de camp des « sachants » qui s’oppose au fait que ceux qu’ils pensent être des « ignorants » délibèrent sur les choix de vie en société. Tout y passe pour justifier de ne pas donner au peuple la responsabilité directe d’une décision que l’on pourrait subir : rétablissement de la peine de mort, anti-vaccins, triplement du smic, frexit… Le tout accompagné généralement d’un commentaire sur le succès (réel) des fake news, toujours sous l’air du « vous vous rendez compte ce que ces ploucs vont décider ? ».
Car bien sûr, dans l’esprit du sachant, les ploucs qui se font avoir par les fake news ou qui ne raisonnent qu’avec leurs bas instincts sont la majorité du peuple. L’élite qui est bien informée et qui fait triompher la raison sur la passion ne peut être que minoritaire.
Cette élite, habituée depuis la petite enfance à appeler « démocratie » un régime représentatif qui est en réalité plus proche de l’aristocratie élective, se trouve donc bien obligée de faire savoir à travers le débat sur le RIC qu’elle redoute plus que tout la « ploucocratie ». Voilà qu’elle découvre, sans oser le dire explicitement, qu’elle n’est pas démocrate. Elle accepte de vivre avec le peuple, elle assume la responsabilité de le guider et de faire émerger ceux qui parmi les siens seront candidats aux élections, mais pas question de pousser l’idéal démocratique jusqu’au fait de laisser le peuple prendre lui-même une décision. (...)
Mais moi, j’ai confiance dans le peuple et dans le débat démocratique. (...)
Bien sûr il arrivera au peuple de prendre une décision idiote voire dangereuse pour nos libertés, notre sécurité ou notre économie. Mais n’est-ce pas aussi le cas des représentants élus ?
Si l’on tient à se prémunir, les outils juridiques sont disponibles. On peut très bien demander qu’un contrôle de constitutionnalité s’exerce sur les questions soumises au référendum, et ne pas autoriser les référendums dont l’effet contreviendrait à un traité international dont la France est partie. On peut aussi demander que le Parlement confirme ou infirme la décision populaire. On peut exiger un quorum de 50% des inscrits en plus de la majorité des votants. Tous les garde-fous peuvent être imaginés, en ayant conscience que chacun d’entre eux est une limitation de la souveraineté populaire, plus ou moins légitime selon les moyens et l’objectif.
Mais le sens de l’histoire est bien de donner au peuple plus de responsabilité dans la conduite de la Cité, et il faudra bien accepter de prendre le risque qu’il se trompe si l’on veut vivre en démocratie. (...)"
La revendication du RIC a fait tomber bien des masques, dont celui du journaliste de Libé, qui n'est clairement pas démocrate.
En bon chien de garde, Jean Quatremer a relayé avec enthousiasme un billet de Mario Stasi, le président de la LICRA, qui tente de diaboliser le député de LFI François Ruffin en raison de sa proximité avec Étienne Chouard :
Extraits de cet article à charge, intitulé "Les passerelles de la honte" :
"Les mots engagent, qui plus est lorsqu’ils sont prononcés par un élu, un député de la République dans l’enceinte même de l’Assemblée Nationale.
(...) Le plus grave [dans le discours de François Ruffin] est (...) intervenu lorsqu’il a exprimé, au sujet du référendum d’initiative citoyenne, des remerciements inattendus : « Oh, il n’a pas fleuri par hasard, il a fleuri parce que des hommes de conviction, nommons-les, Etienne Chouard et ses amis, ont semé, ont arrosé, depuis des années ». Puisque Monsieur Ruffin a choisi de nommer Etienne Chouard, nul ne doit ignorer l’idéologie d’un homme qui figure désormais au Panthéon des Insoumis sans que cela ne suscite, en dehors de Clémentine Autain, la moindre réprobation du parti de Jean-Luc Mélenchon.
Etienne Chouard est un complotiste. Pour lui, Thierry Meyssan, pape du conspirationnisme depuis les attentats du 11 septembre, est un « résistant ». Sur son blog, Etienne Chouard a recommandé la lecture d’auteurs complotistes, comme Antony C. Sutton, ou antisémites, comme l’hitlerolâtre Eustas Mullins. Etienne Chouard ne rechigne pas à sombrer lui-même dans l’obsession des Juifs, écrivant que « Rotschild a besoin de (l’amalgame stupide) de l’antisémitisme pour rester intouchable et impuni » et a « objectivement un intérêt personnel puissant à ce que l’antisémitisme soit virulent un peu partout dans le monde ».
Surtout, Etienne Chouard est une passerelle qui organise les transferts idéologiques entre extrême-droite et extrême-gauche qui entretient la confusion et un discours ambigu. Car sa notoriété , Etienne Chouard la doit à ceux qui ont bien compris le message qu’il voulait adresser et aux applaudissements dont il a été l’objet, des années durant par les milieux soraliens sur le site d’Egalité et Réconciliation.
François Ruffin est un élu de la République. (...) Cette situation l’engage et lui donne des devoirs. Le premier étant de ne pas engager un dialogue cauteleux avec des ennemis de la République, avec les milieux glauques qui organisent depuis des années, la convergence des extrémismes dans un brouet complotiste dont chacun sait la place qu’il occupe dans la prolifération de la haine.
La déclaration d’amour de François Ruffin à Etienne Chouard ne peut rester sans réponse et Jean-Luc Mélenchon ne saurait rester plus longtemps silencieux devant une telle faute. Dans ces temps troublés où la tourmente dispute à la colère, la République, au Palais-Bourbon, a besoin, sur tous les rangs, de serviteurs et non pas de fossoyeurs."
Chouard serait un "ennemi de la République" ? Ce n'est pas complètement faux, puisqu'il est un démocrate radical.
Notons en revanche la franche désinformation consistant à affirmer qu'Etienne Chouard doit sa notoriété "aux applaudissements dont il a été l’objet, des années durant par les milieux soraliens sur le site d’Egalité et Réconciliation". Chouard a, en effet, accédé à la notoriété (grâce aux grands médias) en 2005, à l'occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen, tandis qu'E&R n'a été créée qu'en 2007.
Et notons le mensonge par omission, consistant à ne pas rappeler que Chouard a très explicitement et fermement pris ses distances avec Soral (et ses tendances antisémites et autoritaires, anti-démocrates) dans un texte publié le 28 novembre 2014.
Contrairement à ce que la LICRA voudrait nous faire croire, la haine n'est pas du côté de Chouard et des démocrates, mais du côté des anti-démocrates, dont Jean Quatremer est un bon exemple. L'agoraphobie politique est chez eux criante.
Pour hausser un peu le niveau (car, avec Quatremer et la LICRA, ça ne vole pas très haut), voici un bon débat d'une heure sur la question de la démocratie (avec un universitaire québecois, qui est sur une ligne très similaire à celle de Chouard) :
"Pour Francis Dupuis-Déri, la modernité est une période antidémocratique. Ni le Canada, ni la France, ni les États-Unis ne sont, à proprement parler, des régimes démocratiques. Lorsque définie correctement, une démocratie exige l’implication directe de tous les citoyens lors des prises de décisions. En conséquence, pour le professeur au département de science politique de l’UQAM, une réelle démocratie exige l’abolition des partis et des élections, oblige la fermeture des parlements et le remplacement nos instituons politiques actuelles par des agoras où tous les citoyens seraient invités à prendre part. Devant public, Francis Dupuis-Déri défend la thèse de son livre La peur du peuple (Lux, 2016) face aux professeurs de l’UQAM Dominique Leydet (philosophie) et Joseph-Yvon Thériaut (sociologie)."
Source : https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/jean-quatremer-journaliste-a-211006