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F. Lepage: le gilet jaune symbole d’une conscience de classe en train de renaître
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Franck Lepage, cofondateur de la coopérative d’éducation populaire Le Pavé et de l’association L’Ardeur, ancien directeur du développement culturel à la Fédération française des maisons des jeunes et de la culture, développe et propage depuis des années le modèle de la conférence gesticulée, dont il est à l’origine. Nous avons souhaité nous entretenir avec lui autour de l’éducation populaire et de la multiplication des conférences gesticulées, ainsi que de l’insurrection des Gilets jaunes, en passant par le pouvoir macronien.
Le Comptoir : Je n’ai pas fait le cumul de toutes les vues Youtube, mais les conférences gesticulées ont clairement rencontré leur public. On y puise du savoir, on s’y réfère entre militants, comme on pourrait se référer à un livre de sciences sociales. Alors, heureux ?
Franck Lepage : Plus qu’heureux. On a donné naissance à un mouvement sans le vouloir, un mouvement qui est difficile à nommer. Une sorte de mouvement politique non-identifiable à une famille politique particulière, mais marqué à l’extrême-gauche. Il ne s’agit pas d’un mouvement culturel : on ne parle pas de gens qui souhaitent devenir interminables du spectacle. En fait, c’est tout simplement un mouvement d’éducation populaire. Un mouvement non structuré, assez curieusement, à l’image des Gilets jaunes, qui s’entretient lui-même. Peut-être verra-t-on un jour une fédération mettre ses mains là-dessus… À ce jour, on compte 350 conférences gesticulées. Une grande partie d’entre elles sont toujours jouées, mais une conférence gesticulée n’est pas supposée vivre plus de quelques années, cinq ou six en moyenne, puisqu’il s’agit, en gros, d’une personne qui, à un moment donné, éprouve le besoin de fabriquer un objet politique et d’aller le porter là où ça doit être porté.
© Alain Castel