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Andalousie : l’extrême droite exige une alliance aux frais des femmes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
En échange d’une entente avec le Parti populaire et Ciudadanos, qui permettrait aux conservateurs de prendre le pouvoir dans la région, la formation Vox réclame le retrait de mesures contre les violences sexistes.

Le leader national de Vox, Santiago Abascal, le soir des législatives à Séville, en Andalousie, le 2 décembre. Photo Rafa Alcaide. EFE. SIPA
Enivrée par son score inespéré aux législatives andalouses de décembre (396 000 voix, soit 11 % des suffrages), la formation d’extrême droite Vox exerce un chantage sur les deux autres formations de droite, l’historique Parti populaire et le nouveau venu libéral, Ciudadanos : pas question de compter sur notre soutien si vous n’acceptez pas de modifier la législation sur les violences faites aux femmes. Le mouvement radical emmené par l’ultranationaliste Santiago Abascal - en outre ouvertement xénophobe et antiféministe - veut revenir sur la jurisprudence favorable aux femmes en vigueur depuis une quinzaine d’années. Si le Parti populaire et Ciudadanos n’accèdent pas à ses injonctions, Vox est prêt à rompre l’entente embryonnaire qui se dessine en Andalousie, la région la plus peuplée d’Espagne. Or, les douze sièges qu’il a remportés sont indispensables à une coalition majoritaire de droite dont la vocation est d’en finir avec trente-six ans d’hégémonie socialiste. Pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste, une formation d’extrême droite obtient une représentation dans un Parlement espagnol - outre les Cortes, la Chambre basse nationale à Madrid, chacune des 17 régions dispose d’un hémicycle propre, une des prérogatives faisant de l’Espagne un des pays les plus décentralisés d’Europe.
Se sachant désormais important (les sondages prédisent une ascension spectaculaire de l’extrême droite aux prochaines élections municipales, régionales et européennes de mai), Vox a osé briser l’un des rares consensus nationaux en matière sociétale depuis des décennies : la discrimination positive en faveur des femmes (notamment dans les grandes entreprises et les administrations) et l’existence de mesures de protection contre les hommes violents.
«Dictature»
«Il faut en finir avec le politiquement correct dans ce domaine», a martelé Francisco Serrano, le leader de Vox en Andalousie. Pour cet ancien juge réputé pour ses verdicts contre ce qu’il appelle, pêle-mêle, «le féminisme radical», «la dictature des femelles», ou le «jihadisme de genre», il ne convient pas de réserver une attention particulière aux femmes dans un foyer : «Il faut en finir avec cette obsession du genre : dans une famille, tous peuvent être victimes d’agressions et de violences, enfants, vieillards, hommes aussi.» Le leader national de Vox, Santiago Abascal, estime que les hommes battus sont légion et que de nombreuses plaintes de femmes pour mauvais traitements sont fausses.
Ce n’est pourtant pas ce que disent les chiffres. D’après l’Institut national de la statistique (INE), sur plus d’un million de plaintes depuis 2008, seules 79 n’avaient pas de fondement, soit moins de 0,01 %. D’autre part, dans un pays très sensibilisé aux assassinats de femmes par leurs conjoints (47 en 2018), quelque 29 000 femmes bénéficiaient en 2017 d’une protection, contre 4 313 hommes, dont beaucoup sont menacés par d’autres parents masculins.
«Zizanie»
Depuis 2004, sous le règne du socialiste José Luis Zapatero, la législation espagnole consacre une discrimination positive en faveur des femmes dans les grandes entreprises et les administrations. Une situation qui, jusqu’alors, faisait consensus parmi les forces politiques. «Vox mélange tout à dessein, pour semer la zizanie et caresser un certain électorat dans le sens du poil, souligne la journaliste Berna González Harbour. La législation protège toute personne ayant été agressée, dans la famille surtout, quel que soit son sexe. Simplement, constatant que la femme est en situation spécialement fragile, le législateur a mis en place des mesures de protection renforcées pour elle.»
Face à ce chantage, le leader de Ciudadanos Albert Rivera refuse de transiger : «Lutter contre les violences faites aux femmes est pour nous une obligation.» Son alter ego du Parti populaire, Pablo Casado, se montre moins intransigeant, en affirmant qu’«un quart des victimes de la violence, souvent invisibles, sont des hommes».
En attendant, les propos de Vox bouleversent le panorama national, et rencontrent une oreille attentive auprès de nombreux Espagnols qui maudissent la dérive sécessionniste en Catalogne, souhaitent une recentralisation du pays et chérissent des mesures xénophobes : fermeture de mosquées prosélytes, fin de l’espace Schengen, suppression du Tribunal constitutionnel et d’«organismes féministes subventionnés», etc. «La plupart des mesures défendues par Vox sont anticonstitutionnelles», s’indigne la juriste Argelia Queralt Jiménez. D’après l’institut de sondage Sigma Dos, en cas d’élections générales, les trois formations de droite emporteraient haut la main le scrutin. A la condition qu’elles s’allient entre elles. Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone en mai et proche de Ciudadanos, a appelé à un cordon sanitaire contre l’extrême droite.




