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Postiers du 92 : au 300e jour de lutte, les grévistes sont plus que jamais déterminés
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis le mois de mars 2018, 150 factrices et facteurs des Hauts-de-Seine sont en grève. Le mouvement a commencé pour s’opposer au licenciement de Gaël Quirante, un syndicaliste Sud-PTT. Depuis, il s’est enraciné en réclamant l’arrêt des réorganisations dans les bureaux de distribution et la titularisation des travailleurs précaires. Par sa durée, il est devenu un caillou dans la chaussure de la direction du groupe postal.
« Ils ont tout essayé contre nous : les payes à zéro euro, l’envoi d’huissiers et de vigiles, les interventions policières jusque dans les bureaux de poste, les convocations au commissariat, et trois procès contre Gaël », énumère Xavier, le secrétaire départemental adjoint du syndicat Sud-Poste des Hauts-de-Seine, soulignant ainsi la détermination des salariés en lutte. Depuis la fin de l’été 2018, pas un seul des 150 grévistes n’a craqué et repris le travail explique-t-il. Ce samedi soir, à l’occasion du 300e jour de conflit, les postiers du 92 organisent une fête de soutien pour marquer l’évènement et récupérer quelques subsides pour la caisse de grève.
Depuis presque dix mois, la grève est majoritaire, dans cinq bureaux du département, et significative dans plusieurs autres. Elle touche environ 20 % des facteurs titulaires affirme le syndicat. Pour tenir, les 150 factrices et facteurs se démènent : tournées de bureaux de distribution quasi quotidiennes, assemblées générales, pressions sur les directions, collectes d’argent, actions avec d’autres mouvements en lutte, présence aux manifestations des gilets jaunes. Ils sont sur tous les fronts et déploient un effort considérable pour récolter l’argent permettant de payer les factures et les loyers de 150 familles. « Cela ne fonctionne que parce que c’est pris en charge par les grévistes, pas juste par quelques militants », explique Xavier du Syndicat Sud. L’auto-organisation du mouvement est plutôt pragmatique. « Les travailleurs ordinaires s’auto-organisent parce que c’est comme cela que l’on peut gagner, pas sur l’idée qu’il faut contrôler les dirigeants. Cette raison n’arrive que bien après », poursuit-il.
La question de l’argent a été et reste centrale. En plus des fiches de paye réduites à zéro, les fonctionnaires ont vu leur couverture santé coupée, et les agents ayant des familles nombreuses, leur prime du complément familial supprimée. Les grévistes ne tiennent que de la solidarité financière qui s’est créée autour de leur lutte, notamment celle de leurs collègues qui travaillent, rappelle Xavier : « sans la caisse de grève, nous aurions repris le boulot au bout de trois jours ». Mais les factrices et facteurs ne sont pas les seuls à supporter un coût dans cette grève. Selon leurs calculs, La Poste aurait perdu près de 6 millions d’euros dans ce conflit. Pour arriver à ce résultat, ils additionnent les frais d’huissiers, de vigiles, d’astreintes à payer suite à des condamnations, et enfin le coût des retards pris dans les réorganisations dont l’effet est de supprimer des emplois.
Un jugement favorable avant la fête des 300 jours
C’est peut-être un tournant dans la grève, ou en tout cas une évolution dans le rapport de force entre la direction de La Poste et le syndicat Sud. Dans la longue séquence à épisodes des tentatives du groupe postal de licencier le syndicaliste Gaël Quirante, la Cour d’appel de Versailles a rendu un arrêt favorable au militant jeudi 17 janvier. Nous n’avons pas pu consulter la décision du tribunal, mais selon Sud-Poste 92 qui doit la publier dans les prochains jours, elle confirme l’accord du 4 décembre 1998 sur l’exercice du droit syndical et déboute La Poste de ses demandes. Ainsi elle stipule que « tout représentant syndical appartenant ou non à La Poste bénéficie d’un libre accès » aux locaux. C’est un des points de litige entre La Poste et le syndicat Sud. La Cour condamne par ailleurs la direction à une amende de 4000 €.
Persuadé que ce jugement réécrit favorablement le droit syndical à l’échelle nationale à La Poste, mais aussi pour d’autres entreprises, Xavier considère qu’il s’agit déjà d’une des victoires à mettre à l’actif des grévistes, même en l’absence d’un protocole de fin de conflit qui leur soit favorable. Il revendique déjà l’embauche en CDI de 30 intérimaires à laquelle La Poste a été contrainte depuis 9 mois. Mais avec cette « nouvelle victoire juridique » qui « représente une claque énorme » pour la direction, il projette même d’obtenir la réintégration de Gaël Quirante à La Poste.
Signe d’un possible changement de ton de la direction, une audience annulée par La Poste a finalement été programmée lundi 21 janvier. Et ce, à 6 h du matin. « Il n’y a aucun engagement de leur part à faire des contre-propositions, aucune garantie que ce sera le début d’un processus de réelle négociation, mais l’impact du jugement est plus large que le seul département du 92, et leur position se détériore », analyse le syndicaliste. Quel que soit le résultat de cette rencontre, les grévistes comptent tenir encore, et s’il le faut, radicaliser et étendre leur mouvement, notamment dans Paris et en Seine-Saint-Denis.
Les postiers du 92 ne sont donc pas près de céder, d’autant que le syndicat Sud qui mène le conflit a vu sa stratégie confirmée lors des élections professionnelles du mois de décembre. Il dépasse désormais 51 % des voix à lui tout seul, avec une participation record de 86 %, 13 points au-dessus de la moyenne nationale.
Pour le soutien :
Chèques à l’ordre de SUD Poste 92, mention « solidarité grévistes au dos » à envoyer à SUD Poste 92, 51 rue Jean Bonal 92250 La Garenne-Colombes. Virement : sur le compte SUD POSTE HAUTS DE SEINE : IBAN FR76 4255 9100 0008 0033 2571 214