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A Rennes, les stylos rouges rejoignent les gilets jaunes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des enseignants mobilisés contre la réforme du lycée étaient dans le cortège ce samedi.
Convergence des luttes, disiez-vous ? A Rennes, il y aura au moins celle des professeurs et des parents d’élève en lutte contre les réformes du secondaire et de l’enseignement supérieur et le mouvement des gilets jaunes, qu’ils ont solennellement appelé vendredi à rejoindre et à soutenir. Ce samedi après-midi, en lieu et place des habituelles pancartes «Macron démission», c’est ainsi une grande banderole «Blanquer démission», du nom du ministre de l’Education nationale, qui s’est retrouvée en tête du cortège des gilets jaunes, tenue par des profs du «collectif 35 contre les réformes du bac des lycées et contre Parcoursup» ayant enfilé la fameuse veste fluo.
«Entre les gilets jaunes et notre mobilisation, les revendications de fond sont les mêmes, explique Clément Cordier, membre du collectif et professeur en sciences économiques et sociales en Ille-et-Vilaine. Il s’agit d’égalité et de justice sociale. Les réformes de Jean-Michel Blanquer vont limiter l’accès à l’enseignement supérieur pour les élèves des zones rurales et des classes populaires.» En cause notamment, la réforme du bac, dont une partie sera en contrôle continu et donc susceptible d’avoir une valeur différente selon les établissements. Mais aussi celle des lycées, avec l’abandon des filières remplacées par le choix, pour l’élève, de trois «spécialités». Des choix déterminants dans la sélection opérée ensuite dans le cadre de Parcoursup.
«Certains lycées n’offriront pas le même éventail de spécialités et ce sont encore les familles les plus favorisées et les mieux informées qui pourront développer des stratégies pour leurs enfants, déplore Alice, professeure de mathématiques à Combourg, qui redoute, avec d’autres, «la montée en puissance d’un système à l’américaine et de l’individualisme au détriment du collectif». «Quant au bac, en devenant local, il devient inégal et dévalorisé. Il y aura bientôt le bac de Combourg et celui du lycée Emile Zola à Rennes», ajoute-t-elle.
Autre point de convergence avec les gilets jaunes, la défense d’un service public que le collectif 35 estime menacé par des réformes d’une ampleur inédite, mise en place «sans concertation, avec une grande opacité et dans la précipitation».
Visibilité
«Dès la prochaine rentrée, 2600 postes seront supprimés en seconde et en première alors que le nombre d’élèves va augmenter», dénonce Clément Cordier qui redoute la généralisation de classes à 35 ou 36 élèves.
En se rapprochant des gilets jaunes, le collectif espère également donner une meilleure visibilité à ses revendications et un nouvel élan à une mobilisation en recherche d’un second souffle. «Beaucoup de collègues nous soutiennent mais ne participent pas forcément à des journées de grève comme cela se fait habituellement, constate Clément Cordier. En manifestant en dehors des jours de travail, on peut toucher davantage l’opinion.»
Nul doute que la ténacité des gilets jaunes a aussi stimulé les énergies. «Ils ont construit une histoire qui nous porte et nous permet de dire ce qu’on avait sur le cœur», résume Elisabeth, prof de philo.