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Le soulèvement se poursuit au Soudan

Soudan

Lien publiée le 11 février 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://npa2009.org/actualite/international/le-soulevement-se-poursuit-au-soudan

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Depuis la mi-décembre, le régime d’Omar al-Bashir, au Soudan, est confronté à un soulèvement populaire massif, que nous avons déjà évoqué dans nos colonnes. Nous publions des extraits d’un article mis en ligne sur le site millebabords.org, qui revient sur les causes et les formes d’une révolte qui se maintient depuis près de deux mois.

L’élément déclencheur [du soulèvement] : la pénurie de farine, d’essence et de liquidités, qui s’accompagne d’une chute de la valeur de la monnaie, d’une inflation de plus de 70 % (où le prix du pain a triplé en quelques jours dans plusieurs villes). Mais ce n’est pas l’objet principal de la révolte. La situation économique et politique s’est détériorée ces dernières années : d’un côté, la pauvreté est de plus en plus répandue alors que la bourgeoisie du régime s’enrichit, et d’un autre côté le Parlement cherche à modifier la Constitution pour permettre à Omar al-Bashir de se présenter aux élections de 2020 après 31 ans d’exercice du pouvoir. La révolte se faisait sentir depuis quelques mois dans le pays. Les milices du gouvernement (Rapid Special Force, notamment responsables des meurtres de masse au Darfour) ont fait des raids au mois d’octobre dans les quartiers périphériques de Khartoum, passant à tabac des jeunes et leur rasant le crâne, pour rappeler que toute volonté de se rebeller serait réprimée dans la violence.

Une révolte politique

Si le mouvement part de problématiques économiques et sociales, c’est avant tout une révolte politique. Le slogan phare, repris par tous les cortèges, a été dès le départ « le peuple veut la chute du régime », ou bien « liberté, paix, justice, la révolution est le choix du peuple ». C’est qu’en réalité les causes de ce soulèvement sont bien plus profondes que l’augmentation subite des prix. La corruption a atteint un niveau sans précédent : les services de sécurité qui tiennent les rênes du pouvoir détournent l’essentiel de l’argent public à leur propre fin, tout en laissant la population dans la pauvreté. En somme, le régime ne cesse de se renforcer, mobilisant toutes les ressources à cette fin : ainsi, le budget de la sécurité est plus élevé que ceux de la santé et de l’éducation réunis. Cette politique ne datant pas d’hier, les conséquences sociales sont lourdes. 

Ainsi, pour le peuple soudanais aujourd’hui en révolte, les problèmes économiques et sociaux ne peuvent être résolus par le régime : la condition pour y trouver une solution, c’est au contraire sa chute (« tasqut bes »« la chute et rien d’autre »). De même, aucun parti d’opposition n’arrive à avoir la force de résister au régime. Leurs positionnements et leurs stratégies sont largement désavouées.

Face à la répression, solidarité !

Face au mouvement, le gouvernement a d’abord été dans le déni, tout en réprimant les manifestations. Lors des manifestations, les déploiements armés sont impressionnants : snipers en haut des bâtiments, usage constant de gaz, et tirs réguliers à balles réelles, visant la tête. Certains corps sont retrouvés dans le Nil, comme cet étudiant en littérature de l’université de Khartoum, Abderahman Asadiq. Les manifestantEs qui se font capturer sont passés à tabac dans la rue, et bien souvent enlevés. On compte par plusieurs centaines le nombre de personnes disparues. Bien souvent, on n’a plus de nouvelles. Les mutilations et les blessures sont incalculables.

On ne peut pas prédire comment ce mouvement se terminera, si la révolution sera achevée, si les révoltes seront étouffées ou si un coup d’État viendra mettre un terme à toute protestation. Ce qui est certain cependant, c’est que le pays est secoué par un vent de révolte, qui a déjà comme acquis une solidarité sans précédent. La solidarité est également internationale car les exiléEs du monde entier ont manifesté dans presque toutes les capitales occidentales pour soutenir leur concitoyenEs en lutte. Elles et ils demandent l’arrêt de toute collaboration avec le régime de Khartoum. Elles et ils relaient la voix de ceux et celles qui sont loin, et récoltent des fonds pour les médicaments dont les blesséEs manquent cruellement.

Extraits de « Soudan, "la révolution jusqu’au bout !" », en ligne sur www.millebabords.org.