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Récit d’audience: le drôle de procès d’Eric Drouet

Gilets-jaunes Répression

Lien publiée le 15 février 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/le-drole-de-proces-d-eric-drouet_2062470.html

La figure des Gilets jaunes comparaissait pour avoir appelé à une manifestation non déclarée.

"Dès que nous sommes parqués, ça se passe mal." Jugé vendredi matin 15 février pour avoir organisé une manifestation non déclarée, Éric Drouet, barbe noire et cheveux courts, debout face aux trois juges correctionnels, résume le fond de son différend avec le parquet de Paris. Le chauffeur routier de 34 ans soutient qu'en manifestant en présence de CRS ou de gendarmes mobiles, cela provoque forcément des violences. A l'exact opposé, le procureur affirme que les manifestations sur la voie publique, même lorsque leur visée est pacifique, doivent être soumises à déclaration préalable.  

"Quand j'entends des soutiens d'Éric Drouet hurler que nous sommes en dictature, ça me fait mal", tonne le procureur, malgré l'hostilité de la salle. Le parquetier se veut pédagogue en soutenant que le droit de s'exprimer sur la voie publique ne peut pas porter atteinte au droit de tenir un commerce sans qu'il soit saccagé. 

"Quand nous sommes parqués, ça dégénère"

Quand Eric Drouet soutient qu'une déclaration préalable conduit au "parquage" des manifestants et à la violence, le magistrat du parquet répond : "Il y a 2500 manifestations revendicatives à Paris avec déclaration préalable et sans interdiction, ce qui permet d'éviter les débordements". Parce qu'Éric Drouet n'a pas respecté la règle déclarative, le ministère public demande qu'il soit condamné à un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende. 

Entendant le procureur souligner que les manifestations parisiennes déclarées préalablement se passaient au mieux, les soutiens de l'activiste protestent vigoureusement. Son projet de rassemblement à Versailles, le 22 décembre, autorisé par la préfecture des Yvelines, avait été déplacé à Montmartre, et s'était tenu sans déclaration préalable. Drouet l'a reconnu à la barre. "Oui, mais ça s'est bien passé, car nous étions libres de circuler. Quand nous sommes parqués, ça dégénère." 

"Allez, on s'arrache!"

La défense demande à l'audience le visionnage de l'arrestation d'Eric Drouet, rue Royale. On y voit le nombre impressionnant de forces de l'ordre dépêchées sur place pour cette interpellation musclée,face aux soutiens du leader des Gilets jaunes faisant rempart de leurs corps pour s'y opposer, chantant la Marseillaise, hurlant "Eric ! Eric !", avant d'être submergés par le nombre de policiers. Lorsque Drouet est, difficilement, embarqué, un CRS s'écrit : "Allez ! On s'arrache !" 

"C'est une folie cette arrestation ! plaide puissamment l'avocat du prévenu. Ce n'est qu'une mesure d'intimidation pour mater un mouvement social majeur." Le juriste soutient que cette interpellation n'est justifiée par aucun comportement délictueux. L'exact opposé de ce qu'affirme le procureur selon lequel Drouet a été arrêté en flagrance comme meneur d'une manifestation non déclarée. Ce que nie l'intéressé. Pour lui, il s'agissait d'une simple balade avec quelques amis. 

"Je n'ai aucun rôle d'organisateur"

"Vous incarnez un mouvement national, donc chacune de vos actions peut mobiliser spontanément des sympathisants", lui lance l'un des juges correctionnels, évoquant notamment ses appels sur YouTube. "Je ne peux pas le savoir à l'avance, répond Drouet. Et je devrais ne plus sortir de chez moi ?" 

Au terme de cette audience étrange et poussive, animée de débats mi-judiciaires mi-politiques, Éric Drouet, qui a le dernier mot, tente de minimiser son influence pourtant publique et médiatique : "Je n'ai aucun rôle d'organisateur, je ne suis qu'un relais des gilets jaunes." Jugement rendu le 29 mars à 9 heures.