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Témoignage sur la manif à Clermont- Ferrand du 23 février
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Présentation
Nous publions ce témoignage sur la manif de Clermont illustrant la stratégie de peur du pouvoir face à un mouvement qu’il ne peut endiguer. Notre correspondant souligne qu’il n’y a pas d’habitude locale de confrontation avec les forces de l’ordre, qu’il n’y avait pas de black blocs ni d’antifa organisés…
Document
IL N’Y A PAS DE MAINTIEN DE L’ORDRE EN FRANCE,
IL Y A UNE VIOLENCE ET UN DÉSORDRE ORGANISES PAR LE POUVOIR.
Lorsque nous sommes arrivés Place du 1er Mai à Clermont, un peu avant 13h, nous avons trouvé des GJ pacifiques et une ambiance bon enfant. Quelques centaines de personnes étaient alors rassemblées.
Nous sommes partis en manifestation « dans le calme » à a peu près 1500 pour finir 2500. A ce moment là, nous n’avions croisé ni gendarmes ni policiers (sauf un contrôle a Riom, et notre voiture n’a pas été contrôlée). La manif s’est dirigée sans encombre (et sans forces de l’ordre) vers le centre-ville.
Arrivés près du Palais de justice, je me disais d’ailleurs, alors qu’un artiste chantait et jouait de la guitare, que la campagne de fake news et la propagande de la peur qui avaient conduit à vider Clermont et à barricader la ville (comme une ville américaine menacée d’un ouragan) était une manœuvre grossière.
Quelques minutes plus tard, les premiers gaz lacrymogènes étaient lancés sans aucune raison, ce qui a contribué à éparpiller le cortège, les « forces de l’ordre » étaient cachées et leur apparition était clairement provocante.
Lorsque nous sommes arrivés place de Jaude et que la majeure partie des manifestants s’est retrouvée, les casqués étaient prêts à intervenir, avec derrière eux les camions. La foule était pourtant totalement calme.
La manifestation était de fait terminée, la guérilla pouvait être organisée par les casqués.
Les gilets jaunes restaient, se prenaient de la lacrymo, reculaient, et revenaient, non pas pour être violents, mais, déterminés, pour garder la tête haute.
D’ailleurs, au moment où il y a eu un début de feu à l’écart de la manifestation, les forces de l’ordre étaient trop occupées à viser les manifestants.
Et l’on gueulait « Macron Démission », ça chantait, ça causait.
A partir du Palais de justice donc, l’air sentait partout la lacrymo. Grenades de désencerclement par dizaines, sans raison ni sommation… C’est cette provocation qui a entraîné les tensions, et quand nous sommes partis, les tensions se renforçaient à mesure que la police/gendarmerie attaquait, mais les manifestants étaient calmes.
Une camarade vichyssoise, pacifique et pacifiste, se retrouve à l’hôpital pour une grenade sur le pied.
Toutes celles et tous ceux qui étaient là, et notamment pas habitués aux manifestations difficiles, ont vu la charge brutale qui a été faite. Militant.e.s, gilets jaunes, jeunes et vieux, nous savons le comportement de l’État. Nous savons que nous n’étions pas une menace à l’ordre public, nous savons qu’eux ont organisé le désordre.
Lorsque nous sommes repartis, nous avons trouvé un bistrot ouvert, plein de gilets jaunes, le bar passait la chanson des GJ. Et il y avait là des sourires, le bonheur d’être ensemble comme durant toute la manif. D’ailleurs, quelques petits commerces étaient restés ouverts sur le parcours, et les GJ s’y arrêtaient, il n’y avait pas de menace ni de danger pour les biens.
Le contraste entre la manière dont la ville a été barricadée, dont le dispositif policier a fait preuve de violence, et le comportement des manifestants était immense.
Alors nous sommes en colère, face à la violence de l’État. Mais notre colère face à leur provocation et leur violence ne nous feront pas perdre notre sourire et le bonheur d’être ensemble.
Amitiés
A.