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Les étudiant·e·s contre le greenwashing

étudiants

Lien publiée le 26 février 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8495

Les étudiant·e·s contre le greenwashing - Communiqué des élèves de l’ENS, 20 février 2019

Alors que la jeunesse se mobilise partout dans le monde pour mettre fin à l’inaction climatique de nos dirigeants, nous, étudiant·e·s de l’ENS, nous mobilisons contre une licence à l’université PSL (dont l’ENS fait partie) largement financée par BNP Paribas.
Il s’agit pour la banque de former ses futurs cadres à moindre coûts (car il s’agit de mécénat avec défiscalisation) et en profitant d’un greenwashing par la figure de PSL. De plus, ne sont respectées ni les procédures démocratiques universitaires (la formation est publicisée avant même d’être votée en conseil d’administration), ni l’indépendance 
académique.

La communauté d’universités et d’établissements (ComUE) PSL, qui regroupe plusieurs universités et écoles parisiennes dont l’ENS, l’Université Paris-Dauphine etc. font partie, devrait ouvrir dès la ren‐ trée 2019 une licence largement financée par la banque BNP Paribas. Il s’agirait de la School of posi‐ tive impact (école de l’impact positif). Derrière ce titre accrocheur se cacherait en fait une formation sur le développement durable.

BNP Paribas, une banque loin du développement durable

Pourtant dans ce domaine, on n’aurait pas spontanément pensé à BNP Paribas. La banque a en effet été dénoncée à plusieurs reprises, notamment en 2013 par l’ONG Les amis de la Terre, pour son financement massif des énergies fossiles. Elle est également dénoncée régulièrement par Attac pour ses liens avec les paradis fiscaux. BNP Paribas investit toujours plus de 12 milliards d’euros dans les énergies fossiles. Ainsi le rapport d’Oxfam de 2018 rappelle que « BNP Paribas est, à elle-seule, à l’ini‐ tiative de 30 % des soutiens accordés aux énergies fossiles, avec des financements supérieurs à l’en‐ semble des financements renouvelables de toutes les autres banques françaises étudiées sur la période 2016-2017. » [1] En ces temps de COP à répétition et de manifs écologistes, BNP Paribas décide donc de faire peau neuve et se lance dans une splendide opération de greenwashing.

Le greenwashing à moindre coût

Mais alors pourquoi BNP Paribas s’implique-t-elle comme mécène dans l’enseignement supérieur ? Cette licence semble être pour la banque une opportunité pour verdir son image à moindre frais. Les entreprises mécènes bénéficient d’une réduction d’impôt de 60% du montant du don pour les dons à une œuvre d’intérêt général. Autrement dit, sur les 8 millions d’euros promis par BNP Paribas sur 5 ans, 4,8 millions d’euros correspondent à la défiscalisation. Une licence qui oblige l’État à baisser les impôts payés par BNP Paribas, ça c’est une licence à impact positif !
Pour BNP Paribas, cette licence est aussi destinée à former les futurs cadres de la banque : « il nous faut recruter des jeunes talents qui soient formés à ces problématiques et qui puissent nous inspirer au sein même de l’entreprise. L’entreprise ne peut pas répondre à ces problématiques unique‐ ment par des sollicitations externes. Il nous faut que ceux qui nous rejoignent soient formés à ces problématiques » (Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de la BNP) [2]. Il est d’autant plus préoccupant que la banque se présente officiellement en simple « mécène » alors qu’elle réclame une implication plus que problématique dans la licence : la convention qui doit être présentée au CA devrait d’abord prévoir de lui réserver 50% des sièges du comité de pilotage et prévoit une clause de confidentialité. De quoi remettre en question la pleine indépendance académique de la formation en sciences naturelles, humaines et sociales. En plus de ça, une clause de non-dénigrement de la BNP Paribas devrait également figurer dans le contrat, lui laissant la possibilité de demander à l’université PSL de mettre en péril les enseignements critiques vis-à-vis de la banque. Rappelons à titre d’exemple le scandale écologique et sanitaire du projet de centrale électrique à Tata Mundra [3].
La pérennité de cette formation n’est pas assurée puisque ce financement peut être remis en cause par la BNP. Or, sans financement pérenne impossible d’engager des enseignant·e·s-cher‐ cheur·ses permanent·e·s pour cette formation. Ceux/celles-ci seront donc payé·e·s en heures supplémentaires ou bien des vacataires assureront les cours. Favoriser la précarité dans l’enseignement supérieur fait-il partie des objectifs de développement durable ?
Il est aberrant qu’une telle formation se fasse dans le cadre de l’enseignement supérieur public. Et, comble de l’hypocrisie, on continue à prétendre que cette licence aura pour objectif de développer l’esprit critique, en se prétendant de l’esprit du Manifeste étudiant pour un réveil écologique (!) [4]. L’université n’a pas à être un sous-traitant de la BNP.

Un mépris pour le fonctionnement universitaire et un déni démocratique

Par ailleurs, le processus de création de cette licence s’effectue dans un déni total de toutes les institutions représentatives. Avant même que le projet de cette licence ne soit évoqué en conseil académique et en conseil d’administration, Alain Fuchs, le président de PSL, et Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas se félicitaient du lancement de cette licence dans une vidéo YouTube et BNP faisait un communiqué de presse le 18 décembre 2018 ! [5] L’opération de communication de greenwashing est commencée avant même que la décision officielle soit prise. À croire que les élu·e·s doivent s’abonner à la chaîne YouTube de BNP pour être au courant de l’avenir académique de PSL. Le déni de démocratie continue toujours : le conseil académique consultatif de PSL a voté en faveur de la création de cette licence le jeudi 14 février sans voter son finance‐ ment par PSL. En effet, c’est le jeudi 21 février que le conseil d’administration de PSL (l’organe décisionnaire) doit décider la création (ou non) de cette licence et approuver ou refuser la convention de mécénat avec BNP Paribas, alors que sa création a déjà été relayée dans les médias. [6]
La version de la convention qui circule au sein des membres du conseil d’administration démontre la volonté de non-transparence du projet et sa soumission à la BNP. Elle stipule ainsi que les conditions du mécénat ne pourront pas être divulguées ; la convention est confidentielle. Si la BNP pense que la confidentialité n’est pas respectée, elle peut cesser le paiement et résilier la convention.
L’intrusion d’une telle puissance financière dans les institutions de l’université PSL apparaît comme une entrave aux libertés de l’enseignement supérieur ainsi que comme un détournement des objectifs du développement durable.

Nous demandons donc de ne pas accorder le financement de la licence « PSL – Licence Impact Positif » à la banque BNP Paribas. Nous exigeons le retrait de la convention de mécénat entre PSL et BNP Paribas.
Solidaires étudiant-e-s ENS, Écocampus ENS


[1https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2018/11/BanquesFrancaises_Fossiles_Nov2018.pdf

[2https://www.youtube.com/watch?v=OwP_ilnGV2c

[3https://www.amisdelaterre.org/Tata-Mundra-7-ans-de-controverses.html

[4] Le manifeste : https://pour-un-reveil-ecologique.fr/

[5https://www.youtube.com/watch?v=OwP_ilnGV2c

[6] Liste de sites qui relayent la création de cette formation avant qu’elle soit actée et discutée en conseil d’admi‐ nistration :
- PSL
- PSL sur Facebook
- le président de PSL et Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de la BNP sur YouTube - le communiqué de presse de BNP Paribas
- « Les Échos »
- Studyrama
- le site gouvernemental Agenda 2030