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En Algérie, derrière la contestation du 5e mandat, la colère sociale
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Vendredi 22 février, des dizaines de milliers d’AlgérienEs sont descendus dans les rues d’Alger et de plusieurs autres villes pour protester contre la candidature, à l’élection présidentielle d’avril, d’Abdelaziz Bouteflika, pour un cinquième mandat. Des manifestations quasi spontanées, appelées sur les réseaux sociaux, précédées quelques jours plus tôt par des chahuts dans les stades contre l’annonce de cette candidature. Rebelote dimanche 24, à Alger, malgré les barrages et gaz lacrymogènes. De nouvelles manifestations sont annoncées.
« Non au cinquième mandat » : des politiciens de l’opposition, qui voudraient voir leur tour arriver et se sont joints aux manifestantEs, aimeraient qu’on en reste là. Même le général Zeroual, président de l’Algérie de 1994 à 1995, est sorti sur le pas de sa porte, à Batna, pour saluer les manifestantEs. Mais la question posée dépasse largement celle d’un cinquième mandat.
Le maintien au pouvoir d’un vieil homme qui, déjà il y a cinq ans, lors de sa quatrième élection, n’était plus en état de gouverner suite à un AVC, montre tout le mépris pour la population des coteries au pouvoir en Algérie. Il est surtout à l’image de la paralysie du régime et des querelles qui s’y déroulent, dans les hautes sphères dirigeantes et les sommets de l’armée. Mais c’est le régime lui-même qui est en cause : sa corruption, qui surgit périodiquement au grand jour dans la presse à l’occasion de scandales et de règlements de comptes au sein de la clique paraistaire ; l’aggravation de la situation sociale surtout, avec l’inflation galopante de ces dernières années qui a rogné tous les salaires, et l’accroissement du chômage, notamment celui des jeunes.
Le régime brandit son argument ultime, qui a pesé jusque-là : l’ordre que maintiendrait l’armée, sans lequel le pays pourrait sombrer à nouveau dans le chaos des années 1990, ces dix années de guerre entre l’armée et les groupes islamistes qui avaient suivi la révolte sociale d’octobre 1988 et contribué à l’étouffer. Le secrétaire général de la confédération syndicale officielle, l’UGTA, y est allé, contre les manifestantEs, de cette menace, « Vous voulez revenir aux jours de sang et de larmes, et des maisons incendiées ? »
Ce qui inquiète tous ces gens-là, c’est bien que cette colère ne s’arrête pas au problème électoral, mais qu’elle est en train de prendre la voie d’une vraie révolte sociale d’ampleur.
Olivier Belin