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Nous sommes des profs pas des soldats, la loi Blanquer on l’applique pas !
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Crédit Photo:
Wikimedia Commons.
Alors que le ministre de l’Éducation Blanquer vient de faire adopter par l’Assemblée nationale sa nouvelle loi pour l’école, il est confronté à une vague grandissante de contestation venue d’enseignantEs qui refusent d’être celles et ceux qui mettent en application sa vision réactionnaire de l’école.
Entre la mise en place de Parcoursup, la réforme du bac et la « loi sur l’école de la confiance », le gouvernement Macron ne cache plus son ambition de faire du système éducatif français une école de la sélection sociale, une école qui permettra de mettre au pas la jeunesse et de formater de futurs salariéEs disciplinés et corvéables à merci.
Blanquer veut embarquer les profs
Dans un excès de confiance, Blanquer voulait que ce soient les enseignantEs eux-mêmes qui mettent en œuvre cette école réactionnaire. Ainsi, dès l’an dernier, il a voulu leur faire endosser le poids de la sélection à l’université. Il demandait aux enseignantEs des classes de terminale de rendre un avis conditionnant l’entrée des jeunes à l’université.
À l’école primaire, il a voulu aussi rendre les enseignantEs complices de la mise en place d’un fonctionnement managérial de l’école entre évaluation des performances, pression aux résultats, mise en concurrence des établissements et classement des élèves. À cette rentrée scolaire, le ministère de l’Éducation nationale a imposé aux enseignantEs de CP et de CE1 de faire passer des évaluations à leurs élèves. Les enseignantEs ont été totalement exclus de l’élaboration de ces évaluations, qui s’apparentent à une mise en échec programmée des élèves, avec des situations de grand stress et une utilisation des résultats plutôt obscure.
Actions de désobéissance
Jean-Michel Blanquer avait oublié que les enseignantEs sont des profs, et non des soldats. Et un mouvement de désobéissance aux injonctions du ministère a vu le jour. D’abord dans les lycées, où des profs, voire des équipes enseignantes, refusant d’être les complices de la sélection à l’entrée de l’université, ont fait le choix de mettre 20/20 de moyenne sur les bulletins de leurs élèves. Dans les écoles, de nombreuses équipes ont refusé de faire passer les évaluations de CP et de CE1, ou encore de faire remonter les résultats de ces évaluations au ministère. Dans le projet du ministre, il était prévu que les enseignantEs saisissent eux-mêmes les résultats des évaluations (sur une plateforme informatique gérée, au passage, par Amazon…), mais sans bien évidemment rémunérer le temps de travail qu’engendrait cette tâche supplémentaire.
Alors que l’agitation grandit contre la loi Blanquer avec des débuts de grèves reconductibles comme en Loire-Atlantique, les actions de désobéissance font tache d’huile. Et comme à son habitude, ce gouvernement ne connait qu’une réponse à la colère qui s’exprime : la répression.
Menaces de sanctions
Le ministre de l’Éducation a ainsi adressé la semaine dernière une lettre aux recteurs et directeurs académiques pour leur demander de sanctionner les enseignantEs récalcitrants, les considérant en situation de faute professionnelle.
Mais cette technique de la matraque et des sanctions n’a pas fait les preuves de son efficacité ces derniers mois. Le gouvernement ne fait que renforcer la colère contre lui et sa politique. Dans l’éducation, la contestation grandit contre la loi Blanquer, Parcoursup et la réforme du lycée. De nombreuses équipes enseignantes posent la question d’une grève reconductible de toute l’éducation. Voilà ce à quoi doit s’attendre Blanquer, ce qui lui fera sans aucun doute reconsidérer ses menaces de sanctions.
Juliette Stein