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Ce centrisme espagnol qui bascule vers l’extrême droite
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le centrisme orange de Ciudadanos a vécu, malgré les velléités des socialistes, centristes de longue date, de les intégrer au gouvernement. Aux toutes prochaines élections générales ces centristes finissent leur virage, initié en Andalousie, vers l'extrême droite néofranquiste. Au centre libéral, ça grince chez certains...
Le parti "orange" Ciudadanos, qui s'était créé en 2006, sous l'appellation catalane Ciutadans, pour faire pièce à la poussée de l'indépendantisme, déroute encore certain-es : son idéologie initiale flirtait avec une ... hésitation entre le social-libéralisme cher au PSOE et le libéralisme tout court plutôt labellisé PP pas encore trop "refranquisé". L'anticatalanisme et la revendication de "jouer mains propres"pour se démarquer, au moins sur ce terrain, des corrompus et de ceux qui, à gauche comme à droite, lui fermaient l'espace politique, l'ont amené à agiter le hochet identitaire attrape tout du centrisme.
El Mundo : Le désastre Rivera (le leader de Ciudadanos)
Mais, plus de 10 ans après, avec des avancées électorales en Catalogne, aux dépens du PP et un peu du PSC, mais dans l'insatisfaction de ne pas parvenir à mater les indépendantistes ni à être parti de gouvernement à Madrid, il s'est imposé comme parti girouette, sollicité, en vain par un PSOE que par ailleurs courtise, en vain aussi, un Podemos recentré "désindigné". Finalement la hâte de gouverner se faisant pressante, la logique intégriste de son anticatalanisme prime et l'amène à se rapprocher du PP (les mains ne sont donc plus très propres) mais surtout de l'extrême droite avec laquelle il configure ce que judicieusement les Espagnols malintentionnés désignent "trifachito" (le trio des petits fachos). La matrice de son hystérie anti-indépendantiste aura surdéterminé ce virage radical en le mettant sur l'orbite du "à droite toute" vers les fanatiques de Vox addicts à l'unité franquiste pour l'éternité de l'Espagne éternelle.
Conséquence, il s'en trouve, dans cette droite, qui se sentent orphelins de ce centrisme premier. Ainsi l'une des "plumes" du très droitier El Mundo se lâche et dresse un portrait au vitriol du leader orange, Albert Rivera, longtemps chouchouté mais désigné aujourd'hui comme l'arriviste total pour qui ne compte, délesté de toute authenticité politique, que l'accès à la présidence du gouvernement ou, vu les pré-électoraux vents contraires du moment, la vice-présidence. Voici quelques citations bien senties de cette droite se voulant "civilisée" et tempêtant de se voir en dehors du "sens de l'histoire" qui pousse à refranquiser...juste ce qu'il faut (!) pour que l'Espagne conserve l'apparence, seulement l'apparence, d'une démocratie :
Déjà le titre de l'article : "Le désastre Rivera".
"Voilà donc Ciudadanos prêt à signer un accord de gouvernement à Madrid avec cette ultradroite qui pue le râgout et la vieille sacristie".
Ailleurs est raillé son choix de se vautrer dans "la bacchanale nationaliste (espagnoliste)" inaugurée au rassemblement, en mars, des droites "trifachites" de la place de Colomb (!).
Notre bon journaliste, lancé à fond, en vient même à parler de tournant à droite propatronal du programme économique orange. Comme ferait le premier gauchiste perché à son indignation !
Mais c'est la phrase de conclusion qui remporte la palme de la démystification des usurpateurs ou rénégats : "On ne peut pas agiter le drapeau de la modération et finir par bricoler des lois avec les illuminés qui braillent encore leur adhésion au faux mythe de la Reconquête (l'épopée médiévale de la guerre aux "Arabes" qui occupaient le territoire catho-sacré!)".
Pour démonter la droite "illibérale", pire que la gauche, surtout quand, comme fait Podemos, elle bafouille ses fondamentaux politiques, il y a les libéraux qui se désolent que l'air du temps soit au "libéralisme autoritaire", socialement ultralibéral-patronal et liberticide ! Préfacho, quoi... On ne pleurera pas sur les désarrois à droite, on se contentera de poser le repère, indexé à ce désarroi, que les centristes espagnols ont vraiment basculé, bonjour l'oxymore, à l'extrême droite. Même des "à droite" le disent ! C'est dire...
L'article en espagnol Le désastre Rivera