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Livre: L’extrême gauche en France. De l’entre-deux-guerres à nos jours
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://dissidences.hypotheses.org/12181
Aurélien Dubuisson, Hugo Melchior, Paolo Stuppia, L’extrême gauche en France. De l’entre-deux-guerres à nos jours, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, collection « L’opportune », 2019, 64 pages, 4,50 €.

La collection « L’opportune » est une nouveauté lancée par les éditions universitaires de Clermont-Ferrand, visant à vulgariser un thème en un minimum de place. Pour livrer une synthèse sur l’extrême gauche, trois jeunes chercheurs ont été sollicités : Aurélien Dubuisson, récemment chroniqué sur notre blog pour son travail sur Action directe ; Hugo Melchior, bien connu des lecteurs de Dissidences puisqu’il a publié plusieurs articles dans notre collection papier ; Paolo Stuppia, enfin, dont la thèse porte sur les tracts dans le mouvement anti-CPE de 2006.
D’emblée, les trois collaborateurs soulignent la nature plurielle de l’extrême gauche et ses frontières profondément mouvantes, mais passé ces précisions pertinentes, ils réduisent volontairement leur propos au XXe siècle post-1917 et surtout, aux seules composantes trotskystes et maoïstes ! Si l’on peut comprendre un choix dicté par la place limitée accordée par l’éditeur, il aurait alors été préférable de modifier le titre en conséquence. La rétrospective qui s’ensuit s’articule en quatre périodes, de la révolution russe à la fin de la Seconde Guerre mondiale, de la Libération à Mai 68, des événements de 68 à 1991, et de la chute de l’URSS à aujourd’hui.
L’exposé est globalement juste, en dépit de quelques erreurs ponctuelles – Lénine n’encourageant pas Trotsky à prendre le contrôle du Parti communiste, l’OCI créée en 1965 et non 1962 (p. 24), LO n’appelant pas à voter contre Maastricht (p. 44) – mais trop rapide, trop partiel. Pour les années 1968, la focale porte quasi exclusivement sur la Ligue communiste et la Gauche prolétarienne, sans dire mot de la position de l’OCI sur Mai 68, par exemple. Par contre, évoquer en quelques lignes le rôle des situationnistes dans l’avant-68 est pertinent, à condition de ne pas les définir faussement – l’Internationale situationniste ne s’est jamais présentée comme une « avant-garde d’ultragauche » (p. 27). Quant au déclin de l’extrême gauche dans la seconde moitié de la décennie, il est insuffisamment expliqué et problématisé. Il en est d’ailleurs de même pour le bref pic électoral des trotskystes en 2002.
Certes, il est appréciable de voir une étude menée avec une empathie qui change du discours dominant, comme de voir rappelés certains grands traits de l’évolution des trotskysmes et maoïsme français. Ce dernier est toutefois délaissé passées les années 70, et le problème du récit est qu’il est exclusivement chronologique, décrivant les positions de telle ou telle organisation face à des événements précis, sans aborder en profondeur leur corpus idéologique, leurs caractéristiques distinctes ou leurs substrats culturels. De même, l’impact de l’extrême gauche sur la société, sa nature profonde, ses typologies, sa sociologie, son avenir également ne sont pas réellement traités, sinon sous forme de questions sans réponse.
Un constat qui amène à s’interroger sur la pertinence d’une telle collection au format bien trop réduit pour permettre un travail de présentation complet. In fine, demeure toujours la même question, lancinante, en ce qui concerne l’approche des extrêmes gauches en France : pourquoi les différentes tentatives de ces dernières années sont-elles fragmentaires, incomplètes donc insuffisantes, approximatives, truffées d’erreurs voire peu sérieuses ?1 A Dissidences,particulièrement bien placé pour connaître les difficultés inhérentes à une approche scientifique novatrice, envisagée dans sa totalité, nous pensons depuis le début que construire l’objet historique « extrêmes gauches » demande un travail collectif pluridisciplinaire et rigoureux, de longue haleine. De plus, pour échapper à une histoire strictement politiste, multiplier les entrées apparaît indispensable : la construction doit passer par les mémoires, l’histoire culturelle (les écrits et images propagandistes, les représentations, les fictions littéraires) le regard de l’autre, etc. Soit d’autres lieux du politique. L’enjeu n’est-il pas à la mesure du sujet ?
Jean-Guillaume Lanuque (avec la collaboration de Christian Beuvain)
1Que l’on songe par exemple aux ouvrages de Jacques Leclercq à L’Harmattan, Extrême gauche et anarchisme en Mai 68. Avant, pendant, après : 50 ans d’histoire (2017) et Ultras-gauches. Autonomes, émeutiers et insurrectionnalistes. 1968-2013 (2013) dont nous avons rendu compte, https://dissidences.hypotheses.org/9349 et https://dissidences.hypotheses.org/3794 ou à celui de Hazem el Moukaddem, Panorama des groupes révolutionnaires armés français de 1968 à 2000chez Al Dante (2013), https://dissidences.hypotheses.org/4183




