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Un "laboratoire d’idées" proche de la France insoumise est créé
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des membres ou des proches de La France insoumise lancent « Intérêt général », un think tank auquel doivent participer des chercheurs et des hauts fonctionnaires.
Surtout ne pas dire qu’ils montent un think tank mais un « laboratoire d’idées ». Des chercheurs, hauts fonctionnaires, universitaires proches ou membres de La France insoumise (LFI) lancent, pour les deux ans de l’élection d’Emmanuel Macron, le 7 mai, « Intérêt général ». Cette « boîte à outils » veut « fabriquer l’alternative » au président de la République et la politique du gouvernement.
Même si cette nouvelle structure se dit indépendante de LFI, elle évolue dans sa sphère d’influence. La parenté est assez claire puisque le nom rappelle celui de la revue du Parti de gauche (PG, matrice de La France insoumise), dont le titre est… L’intérêt général. Certains contributeurs de cette parution font d’ailleurs partie des initiateurs du nouveau club de pensée. On pense aussi à « Article 15 », un groupe informel de hauts fonctionnaires qui rédigeaient, entre autres choses, des fiches programmatiques pour Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle de 2017.
« Notre point de départ est la question de la bataille des idées et la volonté de fabriquer une alternative populaire à la politique d’Emmanuel Macron qui est une escroquerie idéologique. Sa filiation est celle de la social-démocratie, de François Hollande, de Terra Nova [think tank autrefois proche du PS et qui s’est rapproché du parti présidentiel] : abandon des classes populaires, mise à l’écart des questions écologiques », tranche Boris Bilia, économiste et qui est l’une des chevilles ouvrières du projet.
Pas question pour autant de faire un nouveau programme pour LFI :« Nous ne sommes pas un organe de La France insoumise. L’avenir en commun [nom du projet de LFI] est complet, construit. Mais il peut être actualisé, approfondi. Il faut un lieu où faire débattre des universitaires, des militants associatifs et syndicaux, des hauts fonctionnaires… », ajoute M. Bilia.
Contre-projet
Ce travail métapolitique entre en résonance avec la proposition que Jean-Luc Mélenchon a formulée fin avril dans un entretien à Libération : la mise en place d’une « fédération populaire », qui n’est surtout pas une « union de la gauche » ancienne version. L’idée est de fédérer les revendications politiques, syndicales et associatives sous un label commun, que cela soit pour des élections ou dans les mouvements sociaux et les actions quotidiennes. Et ainsi proposer un contre projet de société qui soit global, embrassant tous les domaines.
Dans un « manifeste », plusieurs figures « insoumises » ou proches du mouvement populiste de gauche − dont Charlotte Girard (qui fut coresponsable du programme présidentiel) ; Frédéric Pierru (corédacteur du livret Santé, et qui a depuis pris ses distances avec LFI) ; Clémence Guetté, militante insoumise et secrétaire générale du groupe à l’Assemblée ou encore Bernard Pignerol haut-fonctionnaire et rouage essentiel de la mélenchonie − expliquent la démarche : « Nous nous engageons à construire une contre-hégémonie politique et culturelle, à défendre la reconquête du secteur public sur le secteur privé, à exprimer l’idée d’un autre possible collectif, d’un intérêt général républicain et émancipateur. (…) Affirmons une autre manière de penser en mettant en commun les savoirs de celles et ceux que l’oligarchie fait trop souvent taire. (…) Par opposition au “There is no alternative” thatchéro-macroniste, nous affirmons haut et fort que oui, “il y a une alternative”. Et nous souhaitons la préparer ensemble. »
« Radicalité concrète »
En clair, l’objectif d’« Intérêt général » est d’émettre des orientations et scénarios d’action publique alternatifs pour « préparer l’accession au pouvoir des forces émancipatrices », à savoir, eux. Avec un champ thématique très large : les retraites, l’Europe, le commerce, la pollution, l’Etat et la Sécurité sociale, les médicaments et la santé, l’organisation du territoire, la démocratie, l’école… « Cela permet de renouer avec l’ambition originelle de La France insoumise : porter une radicalité concrète, loin de la communication, du slogan, note M. Pierru. Le programme “insoumis” est en rupture avec les politiques menées depuis quarante ans mais ce n’est pas un programme incantatoire. Il faut que cela soit crédible politiquement. »
Les articles seront signés « Intérêt général », l’anonymat des hauts fonctionnaires et des chercheurs sera ainsi préservé. Le fonctionnement sera « collégial » : le choix des thèmes se fera collectivement en séance plénière. C’est là que seront fixés les grands axes et désignés les rapporteurs et ceux qui veulent participer au groupe de travail. La finalisation d’un texte se met en place sur la base d’une note rédigée. C’est à ce moment-là que les amendements sont intégrés. S’il y a des arbitrages à faire, plusieurs scénarios sont présentés pour un même thème. A défaut, l’équipe de coordination organise le consensus et valide le contenu final.
Une chose est sûre, les initiateurs y croient : « On veut montrer que l’on peut avoir une haute administration prête à exercer le pouvoir. »