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Les accusations de harcèlement s’accumulent contre la députée LREM Florence Granjus
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Trois femmes ayant évolué sous les ordres de Florence Granjus ont livré leurs témoignages à Capital. L'élue des Yvelines nie en bloc ces accusations.
Qui est vraiment Florence Granjus ? Adepte autoproclamée de la bienveillance et du savoir-être, valeurs qu’elle dit placer au coeur de ses rapports professionnels, l’ex-cadre de Pôle emploi aurait, selon six anciens collaborateurs dont Capital a recueilli les témoignages, un visage radicalement différent quand les caméras s’éteignent. Celui d’une harceleuse en série qui, de l’ANPE (ex-Pôle emploi) à son élection à l’Assemblée nationale sous l’étiquette LREM, en 2017, aurait régulièrement poussé à bout certains employés, sans que son ascension n’en soit jamais perturbée.
A l’origine de la vague de dénonciations qui fragilise l’image de la députée des Yvelines, il y a les deux collaborateurs parlementaires qu’elle a licenciées en 2018. Nathalie Martin et Emeric Vallespi ont donné rendez-vous à la députée au Conseil de prud’hommes. D’ici quelques mois, la justice aura à trancher les faits de harcèlement moral et le licenciement abusif qu’ils reprochent à leur ancienne patronne. Des accusations dont le magazine L’Express a déjà fait le récit, rappelant, à juste raison, que Florence Granjus les conteste. Lors de leur comparution, ils pourront compter sur le témoignage de Marie*, une salariée de Pôle emploi qui accuse également la députée de harcèlement moral. Elle a récemment raconté son histoire à Capital.
Comme c’est souvent le cas en matière de harcèlement, cette première salve de témoignages en a appelé d’autres. Ils sont accablants, bien que contrebalancés par ceux d’autres collaborateurs de Florence Granjus, qui la soutiennent. Capital en fait le récit.
Une phase de séduction
Augustine* nous a contacté après avoir découvert le témoignage de Marie. Elle aussi a travaillé sous les ordres de Florence Granjus. Sa rencontre avec la députée a eu lieu il y a une quinzaine d’années, avant la fusion de l’ANPE et de l’Assédic. Florence Granjus dirige alors l’agence francilienne où Augustine travaille. Elle y aurait subi un violent harcèlement moral de sa supérieure hiérarchique. Tout débute par une phase de séduction. Un mécanisme également éprouvé par d’autres victimes présumées. “Florence Granjus m’a prise sous son aile” témoigne Augustine. Très “chaleureuse”, la cheffe d’agence “prend sur son temps” pour aider son employée à préparer une évaluation interne. Au premier abord, une patronne idéale.
Sauf que l’idylle tourne brutalement au cauchemar. Florence Granjus aurait commencé à multiplier les “injonctions paradoxales” : “Elle me confiait des dossiers correspondant à mes fonctions, tout en blindant mon planning de tâches de production (ndlr : accueil, inscription) ce qui lui permettait de me reprocher une mauvaise organisation…”, raconte Augustine. Très vite, les ordres prennent un tour inquiétant : Florence Granjus aurait ainsi exigé que son employée surveille les autres collaborateurs de l’agence, fouille dans la poubelle de l’un d’eux, ou cache la badgeuse d’une autre. Devant les réticences d’Augustine, la députée se serait braquée : “Le lendemain matin, elle a convoqué une réunion de briefing pour déclarer, devant tous les employés, que je manquais de loyauté. Ce qui m’a valu un recadrage du directeur territorial”.
La guerre est déclarée : Florence Granjus “prend l’habitude de me hurler dessus devant les collègues, elle m’empêche de déjeuner estimant que mon temps est compté”, témoigne Augustine. La cheffe d’agence fait “régner un climat de terreur” : “Elle ne voulait pas que je prenne le café. À la machine, il y a des risques de complot, disait-elle”. Florence Granjus “pique des crises de nerfs” : “Un matin, elle s’est ruée vers moi et m’a jeté une poignée de bonbons en hurlant : ‘Tiens, ça te calmera !” La cheffe d’agence lui aurait tenu des propos humiliants, identiques à ceux rapportés par Marie, passée sous ses ordres des années plus tard : “Elle me disait que j’étais faible, que j’avais des problèmes psychologiques”. Traumatisée, Augustine va traverser une phase dépressive - matérialisée par un arrêt-maladie et une main courante, déposée contre son ex-employeur - et finira par obtenir son affectation vers une autre agence.
"T'as une vie de merde !"
Nicole*, qui a également tenu à contacter Capital, aurait vécu une descente aux enfers similaire sous les ordres de Florence Granjus, dans une autre agence. “Plusieurs années après, j’ai encore des séquelles”, confie cette salariée de Pôle emploi, qui évoque un “management par la terreur, le mensonge, la manipulation”. Fragilisée par une situation personnelle “difficile”, Nicole aurait ainsi subi les foudres de sa supérieure dès ses premiers jours au sein de l’agence. Et essuyé des insultes : “T’as une vie de merde ! Tu pourrais être belle, si tu faisais des efforts !”
“Florence Granjus endosse successivement les différentes casquettes du harceleur : bourreau, victime, sauveur…”, analyse Nicole, avec du recul. “A cause de toi, je n’ai pas dormi de la nuit”, lui aurait ainsi reproché la cheffe d’agence un matin, avant de se radoucir. “Mais tu sais, je t’aime bien. Parce qu’au fond, personne ne te supporte dans cette agence. Je suis obligée de te défendre”. Isoler, diviser, humilier : Florence Granjus se serait fait une spécialité d’écraser ses employés “les plus fragiles, qu’elle prenait du plaisir à terroriser”, selon Nicole.
Adrienne* fait aussi partie des victimes présumées de Florence Granjus. Conseillère débutante lorsqu’elle débarque dans l’une des agences que la députée a dirigé, elle découvre “l’ambiance de terreur qui règne au sein du personnel” : “Je l’ai vue pourchasser des collègues dans les locaux, j’ai entendu des menaces… C’était complètement surréaliste ! On avait tous peur d’elle.” Adrienne se souvient d’une patronne à la rigidité pathologique : “Pour une minute de retard, elle m’a convoquée en salle de réunion oú elle m’a reprochée de ne pas être digne de sa confiance, devant l’ensemble des collègues”.
Florence Granjus nie en bloc
Des années après les faits, Adrienne reste marquée par le souvenir du physique et des attitudes de Florence Granjus, qui redoublaient la crainte de ses collaborateurs : “Avec sa grande taille, ses talons de quinze centimètres de haut et son regard bleu perçant, elle est vraiment impressionnante”, confie-t-elle.
Rencontré par Capital, Olivier Angotti, avocat de Florence Granjus, conteste radicalement les accusations dont sa cliente fait l'objet. Il relève qu’aucune de ses accusatrices n’a déposé plainte et met en avant sa longévité au sein de Pôle emploi ainsi que le soutien que lui apportent certains de ses anciens employés. La députée et son conseil assurent pouvoir produire au moins trois témoignages en sa faveur. Ces anciens subordonnés la décrivent comme une patronne efficace et surtout, soucieuse du bien-être de ses collaborateurs.
* Tous les prénoms ont été modifiés.