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Montagne d’or (Guyane) : rien n’est encore joué
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://www.anti-k.org/2019/05/08/montagne-dor-rien-nest-encore-joue/
L’Humanité, 8 mai 2019
L’avenir du projet d’extraction aurifère guyanais sera tranché en conseil de défense écologique après le mois de juin, a déclaré le gouvernement. Le groupe industriel qui en est le porteur n’entend pas y renoncer, pas plus que ses opposants ne comptent relâcher la pression.
Cela aurait pu être une décision majeure en matière de préservation de la biodiversité, de celles qui démontrent une vraie volonté de transformer les schémas de développement économique afin de les rendre compatibles avec la préservation de l’environnement. Mais pour l’heure, elle laisse dubitatif. Lundi, à l’issu d’une rencontre avec des scientifiques de la Plateforme onusienne sur la préservation de la biodiversité et des écosystèmes (IPBES) qui, le même jour rendaient un rapport inédit sur l’état de la conservation du vivant (lire notre édition du 7 mai), Emmanuel Macron a fait savoir ses doutes quant au bienfondé du projet polémique d’extraction aurifère en Guyane. « Montagne d’or » n’est, en l’état, « pas compatible avec des ambitions écologiques », a souligné président de la République.
Soutenu par le patronat local et une partie des élus, mais combattu par les associations de défense de l’environnement et les organisations amérindiennes, Montagne d’Or est, à ce jour, le plus important projet de mine d’or à ciel ouvert français. Il prévoit l’exploitation, en forêt tropicale, d’une mine de 2,5 km de long, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, via un procédé de récupération de l’or par cyanuration en circuit fermé. Alors que le jour même les experts de l’ONU pointaient l’extractivisme minier comme un facteur de l’érosion du vivant, le chef de l’Etat ne pouvait pas ne rien en dire.
« De manière très claire aujourd’hui, l’état de l’art du projet ne le rend pas compatible avec une ambition écologique et en matière de biodiversité », a-t-il indiqué, laissant entendre que ce dessein industriel – à qui il a lui-même donné le feu vert du temps où il était encore ministre de l’Economie – pourrait avoir du plomb dans l’aile. « Je crois que ce type de projets (relève) du passé et n’aura pas lieu », a embrayé, dès le lendemain, la secrétaire d’Etat à la transition écologique Emmanuelle Wargon. « Ca n’a aucun sens d’aller exploiter à ciel ouvert au milieu de la forêt amazonienne pour créer quelques dizaines d’emplois », a-t-elle estimé.
Les dés, cela dit, sont loin d’être jetés. « L’avenir du projet minier de la Montagne d’or en Guyane sera tranché en conseil de défense écologique après le mois de juin », a précisé le ministre de la Transition écologique François de Rugy. La compagnie Montagne d’or, qui porte le projet de mine industrielle éponyme, n’a pas manqué de repérer la fenêtre de tir qui lui est accordée, s’affirmant « plus que jamais ouverte à un échange constructif avec le gouvernement afin de poursuivre l’amélioration » de son projet.
Du côté des opposants à la vaste mine d’or, on se refuse d’ailleurs à crier victoire trop vite. « On ne saute pas de joie, parce que (le président) a fait beaucoup d’annonces et ne les a pas toujours tenues », a indiqué sur Twitter l’association Jeunesse autochtone de Guyane. S’il n’exclue pas une victoire, le collectif Or de question, qui regroupe plusieurs associations de défense de l’environnement, voit quant à lui dans la déclaration présidentielle une « politique environnementale purement électorale » dont il refuse d’être « dupe ».
Fabien Gay, sénateur communiste, s’interroge pareillement sur l’agenda établit par le gouvernement pour régler la question. « Ses dernière déclarations pourraient laisser penser (qu’il) souhaite gagner du temps et reporter la décision après les élections européennes », s’inquiète le parlementaire, qui rappelle que « 70% de la population guyanaise est contre » la Montagne d’or.