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Benoît Hamon, l’itinéraire opportuniste d’une “nouvelle gauche” libérale

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Lien publiée le 14 mai 2019

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Aujourd’hui à 3% d’intentions de votes pour les Européennes, Benoît Hamon, homme politique apparatchik du PS, compte déjà derrière lui une longue carrière faite de renoncements et de revirements.

Crédits photo : AFP

Parti prenant du vaste mouvement étudiant contre le projet de loi Devaquet en 1986 destiné à renforcer la concurrence et la sélection au sein des universités, Benoit Hamon se rapproche néanmoins du courant de Michel Rocard au sein du parti socialiste. Premier marqueur politique de Benoît Hamon. Michel Rocard défendait alors cette “nouvelle gauche” enthousiaste à l’égard des marchés, adepte de la « nationalisation au compte-goutte », une gauche se voulant de gouvernement et "réaliste”. A l’initiative d’un véritable tournant vers la droite, Rocard participera à traduire des ouvrages de Friedrich Hayek, maître-penseur du néolibéralisme. Un homme dont les prises de position résument à elles seule la trajectoire de cette « gauche de droite », qui, durant la deuxième moitié des années 1980, a été le 1er ministre qui a le plus usé du « 49-3 », avant de déclarer à l’orée de sa mort, qu’il considérait la loi travail comme « une chance pour la France ». Bref, un « homme de gauche » auprès duquel Hamon fera ses armes.

Ainsi, Hamon fera campagne avec sa section de Brest en faveur du traité de Maastricht lors du référendum de 1992. Acte de naissance de l’Union Européenne dans sa forme la plus aboutie, machine de guerre au service du capital, où prévalait l’intégration monétaire et le règne du marché.

Progressivement, Hamon parvient à la tête du Mouvement des jeunes socialistes et obtient son autonomie. Parvenu à grossir ses rangs de 500 à près de 3000 adhérents, Hamon accepte en 1995 un poste de conseiller de la jeunesse auprès de Lionel Jospin. Alors candidat à la présidentielle, Jospin exprime une gauche qui lorgne toujours plus à droite, concédant que “l’Etat ne peut pas tout” et entérinant par là une longue série de renoncements qui feront la marque de fabrique de cette « gauche » qui porte la responsabilité du discrédit de la gauche auprès des classes populaires à l’heure actuelle.

En 1997, l’ancien président du MJS rejoint le cabinet de Martine Aubry au Ministère de l’emploi et contribue à la réforme des 35 heures. Mais à la primaire de 2007, il prend position pour Laurent Fabius contre Ségolène Royal. Si Fabius était un partisan du non en 2005, tout comme Benoît Hamon, il a à son "crédit" la privatisation de 49% du capital des autoroutes du Sud de la France. Et le 16 mai 2012, Hamon accepte le poste de ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire aux côtés de Pierre Moscovici. Alors ministre de l’Economie et des Finances, Moscovici, proche de Strauss-Kahn et Rocard, mènera une « politique de l’offre », autrement dit des cadeaux aux patrons à travers le “Pacte de responsabilité” et le “CICE”, allégeant de 50 milliards les grandes entreprises. Pour rappel, ce dernier sera récompensé de ses loyaux services par une nomination au poste de Commissaire européen aux affaires économiques.

Début avril 2014, Benoît Hamon se voit nommé ministre de l’Education nationale par Manuel Valls. Mais, paralysé devant la possibilité d’une grève des enseignants à l’approche de la rentrée, il démissionne le 25 août. De nouveau député, frondeur de la majorité, il profit de la droitisation accélérée du gouvernement Hollande pour s’offrir à moindre frais une image « d’homme de gauche ». Il s’oppose par exemple à la déchéance de nationalité, dénonce la position ambiguë du gouvernement sur le port du voile et bataille pour la reconnaissance du symptôme de “burn-out”. Néanmoins, Benoît Hamon s’avère être “favorable à l’examen du texte” de la Loi Travail de 2016 portée par la ministre Myriam El Khomri, facilitant les licenciements et précarisant le statut de salarié. À la présidentielle de 2017, Hamon candidat continuera de tracer son sillon à gauche en militant notamment pour un revenu universel ou encore pour « une autre loi Travail », affirmant conserver le droit à la déconnexion ou encore le CPA, véritable cadeau empoisonné made in PS . Derrièr ce qui a été décrit comme un « sac à dos » des droits, se cache.en réalité une logique de précarisation et d’individusalition des droits sociaux, puisqu’il s’agit à terme d’intégrer dans le CPA « l’ensemble des droits sociaux et de la protection sociale » (retraite, chômage, assurance-maladie). Il fait entrer par la fenêtre la perspective de la protection sociale par capitalisation. Totalement individualisés, les droits pourront être transférés d’un « compte » à l’autre et on pourrait imaginer que dans quelques années un salarié puisse être mis face au choix de puiser dans sa retraite pour se payer une formation, par exemple. Il s’agit d’un énorme coup porté contre quelque chose qui constitue une racine de toute l’histoire du mouvement ouvrier qui est le principe de mutualisation. Ce qui est en jeu c’est la disparition de l’attachement des droits des travailleurs aux statuts collectifs au profit d’une individualisation et d’une réduction des charges patronales. Une mesure dans la lignée de cette « gauche » rocardienne résolument néolibérales

Aujourd’hui, si Benoît Hamon dénonçait il y a peu l’austérité économique prônée par Bruxelles, son itinéraire, jalonné de participations et de soutiens à des gouvernements et figures politiques influencées (ou revendiquant ouvertement) le néolibéralisme, a de quoi rendre confuses ses prises de positions pour une Europe « plus sociale », reprenant le rhétorique éculée de la « démocratisation » de l’Europe et des traités. Une vision « sociale » quelque peu élargie si l’on prend note de la proposition de Benoît Hamon de créer une... armée européenne. Une position d’autant plus opportuniste, et marquée de maints revirements au sujet de l’Europe, ce dernier fustigeant désormais, après pourtant s’être prononcé en faveur du Traité de Maastricht, une Europe régie par la concurrence. Un revirement à l’image d’un parcours scandé par les soubresauts et virages opportunistes d’une « gauche » dans la pure tradition du libéralisme à la Rocard.