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Face à l’irresponsabilité de M. Macron, décrochons ses portraits

Lien publiée le 26 mai 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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Face à l'irresponsabilité de M. Macron, décrochons ses portraits

Depuis le 21 février, 39 portraits du président Emmanuel Macron ont été « réquisitionnés » par des activistes du climat dénonçant l’inaction de l’exécutif en ce domaine. Les signataires de cette tribune appellent à atteindre le nombre de 125 portraits, soit le nombre de jours qu’il a fallu à la France en 2019 pour dépasser son empreinte écologique.

125. Il n’aura fallu que 125 jours à la France en cette année 2019 pour dépasser son empreinte écologique. Chaque année, le jour de dépassement survient plus tôt dans l’année.

Depuis le 5 mai dernier, nous avons consommé toutes les ressources naturelles que la planète peut renouveler en une année. Chaque jour qui passe est une dette que nous contractons envers les écosystèmes, envers les enfants qui naissent aujourd’hui, mais aussi, de plus en plus, envers nous-mêmes. La dette d’un système prédateur, qui ne sera jamais remboursée et vient s’ajouter au réchauffement climatique et à l’extinction de la biodiversité.

Le 21 février dernier, en réaction au « nous ne changerons pas de cap », seule réponse du gouvernement à l’Affaire du siècle – le recours juridique signé par deux millions de personnes contre l’État pour « inaction face aux changements climatiques » — le mouvement citoyen Action non violente COP21 (ANV-COP21) a lancé une nouvelle campagne de désobéissance civile. L’objectif : décrocher les portraits du président Emmanuel Macron pour dénoncer le vide de sa politique environnementale et sociale. Sortir Macron pour lui faire voir les causes et conséquences du changement climatique, les dégâts des politiques libérales, et pour lui faire entendre la révolte sociale et écologique qui traverse le pays.

Depuis, 39 portraits présidentiels ont été réquisitionnés aux quatre coins de la France. Ces actions, pourtant non violentes et symboliques, ont visiblement touché un nerf sensible chez le président de la République : 84 personnes ont été auditionnées, 46 placées en garde à vue, 38 perquisitionnées, 9 procès sont d’ores et déjà programmés et 35 activistes non violents méritant tout notre soutien sont poursuivis devant la justice. Sans oublier la saisie du bureau de lutte antiterroriste (Blat). Face à cette répression disproportionnée, la détermination des activistes climat ne faiblit pas.


LE TEXTE DE L’APPEL

Nous appelons aujourd’hui à la multiplication de ces décrochages des portraits présidentiels pour atteindre 125 portraits — correspondant aux 125 jours qu’il a suffi à la France pour dépasser son empreinte écologique — et ce avant le Sommet du G7 qui aura lieu du 24 au 26 août à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).

L’objectif sera de dénoncer à cette occasion-là, devant les 3.500 journalistes venus du monde entier, que la politique nationale du président Macron en matière d’environnement et de justice sociale ne correspond en rien à ses grands et beaux discours internationaux, dans lesquels il se positionne comme leader mondial du climat.

La France décroche complètement de l’Accord de Paris, pourtant déjà insuffisant : en 2017, selon l’Observatoire climat-énergie, la France a émis 6,7 % de gaz à effet de serre en trop par rapport aux objectifs qu’elle s’était fixés ; enfin, la liste des projets incompatibles avec une réduction des émissions françaises ne cesse de s’allonger : grand contournement ouest de Strasbourg, agrandissement de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, mégacentre commercial d’EuropaCity, etc.

Alors que les alertes des scientifiques s’accélèrent avec le rapport 1,5 °C du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et le récent rapport de l’IPBES [le « Giec » de la biodiversité] sur la disparition des espèces ; alors que la jeunesse s’apprête à faire la grève internationale pour le climat pour la deuxième fois en deux mois, ce 24 mai ; alors que des milliers de citoyens se préparent à marcher pour clamer l’urgence écologique pour la sixième fois en neuf mois, ce 25 mai, Emmanuel Macron continue de nier l’évidence en prétendant que « beaucoup a été fait ces deux dernières années » pour le climat et en se contentant de créer deux nouvelles instances : une « convention citoyenne » et un « conseil de défense écologique ».

Le gouvernement ne l’a toujours pas compris, donc, nous le lui répétons 

Nous dénonçons l’irresponsabilité historique d’un président qui, face au dérèglement climatique en cours d’aggravation et d’accélération, ne propose que des réunions, des simulacres de concertation, des objectifs à long terme mais aucune mesure concrète, ambitieuse et immédiate permettant de les atteindre.

Le gouvernement ne l’a toujours pas compris, donc, nous le lui répétons : nous devons radicalement changer notre modèle de société et modifier considérablement nos modes de vie pour aller sauver chaque dixième de degré, dès maintenant ! Nous n’avons plus que quelques années pour sauver les conditions de vie sur Terre.

Voilà pourquoi nous appelons à passer massivement à l’action, partout en France métropolitaine et d’outre-mer, et à décrocher, toujours de manière non violente, les portraits présidentiels partout où ils se trouvent : mairies, bâtiments administratifs ou publics…

Chaque décrochage peut porter ses propres doléances et revendications écologiques et sociales : projets néfastes pour le climat, problèmes de santé publique liés aux pesticides ou à la pollution atmosphérique, collusion entre lobbies et responsables politiques, scandale de l’évasion fiscale et des niches fiscales bénéficiant aux plus riches, subventions aux activités polluantes, sans oublier la répression et l’absence totale de vision sociale de ce gouvernement.

Ils défendent des symboles, nous défendons la vie. Et parce que c’est le plus beau des combats, rien ne nous arrêtera.


Premières personnalités signataires parmi plus de 80

Manon Aubry, tête de liste FI aux européennes, 
Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, 
Geneviève Azam, économiste, membre d’Attac, 
Julien Bayou, porte-parole EELV, 
Christophe Bonneuil, du CNRS, 
François Boulo, avocat, Gilet jaune,
Pauline Boyer, porte-parole d’Action non violente COP21,
Juan Branco, avocat docteur en droit, 
Florent Compain, président des Amis de la Terre,
Philippe Corcuff, sociologue,
Thomas Coutrot, économiste, 
Alain Damasio, écrivain, 
Cyril Dion, réalisateur, auteur, 
Clémence Dubois, chargée de campagne pour 350.org, 
Txetx Etcheverry, membre Coordonation Bizi, 
Jean Gadrey, économiste, 
Jérôme Gleizes, conseiller EELV de Paris, 
Émilie Hache, philosophe, maîtresse de conférences, 
Nicolas Haeringer, chargé de campagne pour 350.org, 
Anne Hessel, Pacte Finance Climat, 
Michel Husson, économiste, 
Pierre Khalfa, économiste, 
Pierre Larrouturou, économiste, 
Alain Lipietz, économiste, 
Frédéric Lordon, philosophe, 
Priscillia Ludosky, Gilet jaune,
Cécile Marchand, chargée de campagne des Amis de la Terre,
Daniel Mermet, journaliste, 
Corinne Morel-Darleux, militante écosocialiste et auteure, 
Élodie Nace, porte-parole d’Action non violente COP21,
Fabrice Nicolino, journaliste, militant écologiste, 
Les Ogres de Barback, artistes, 
Jon Palais, porte-parole d’Alternatiba,
Mathilde Panot, députée FI, 
Cyril Pedrosa, auteur de bande dessinée, 
Gilles Perret, réalisateur, 
Malika Peyraut, porte-parole des Amis de la Terre,
Marie Pochon, coordinatrice générale de Notre affaire à tous, 
Michèle Rivasi, député européenne, 
Barbara Romagnan, militante féministe, Generation.s, 
Marie-Monique Robin, réalisatrice, 
François Ruffin, député FI, 
Pablo Servigne, chercheur, 
Jacques Testart, biologiste, 
Marie Toussaint, juriste, candidate EELV aux élections européennes,
Rebecca Wangler, porte-parole d’Alternatiba