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Donateurs convoqués pour leur cagnotte Leetchi de soutien à Dettinger : "On a affaire à une police politique"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le journaliste Antoine Peillon revient sur les convocations par la police de plusieurs contributeurs à la cagnotte de soutien à l'ex-boxeur Christophe Dettinger, devenu figure emblématique des gilets jaunes après avoir frappé deux gendarmes en janvier.
Ce mardi 11 juin, plus d’une centaine de donateurs à la cagnotte Leetchi de soutien à Christophe Dettinger - cet ex-boxeur filmé en train de frapper deux gendarmeslors de l’acte VIII des gilets jaunes le 5 janvier à Paris - ont été convoqués par la police. Cette procédure s’inscrirait dans le cadre d’une enquête pour "abus de confiance", qui vise la célèbre plateforme. Leetchi est accusée par des dizaine de personnes d’avoir "détourné les fonds" récoltés lors de cette cagnotte rapidement fermée. Certains dénoncent au contraire une répression à l’encontre de ceux qui ont tenu à soutenir le sulfureux ancien boxeur et gilet jaune. Le journaliste Antoine Peillon, auteur d’un livre sur cette affaire, Cœur de boxeur : Le vrai combat de Christophe Dettinger (Les Liens qui Libèrent) nous répond.
Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire
Christophe Dettinger lors de la manifestation des gilets jaunes le 5 janvier. - MARION VACCA / HANS LUCAS
Marianne : Une centaine de donateurs à la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger a été entendue par la police. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Antoine Peillon : Au moins 170 personnes ont été convoquées aujourd’hui même, sur les 8 800 donateurs à cette cagnotte. Elles le sont par la police, sur la base d’informations qui ont été transmises à la demande du procureur de Paris, par Leetchi. Ces individus sont convoqués massivement. Les mails envoyés par toute une équipe de police sont par paquets de 30, 40, voire 50 personnes en copies visibles. Ils sont soi-disant entendus comme témoins, mais tout montre qu’ils sont plutôt suspectés. En plus, leur anonymat n’est pas respecté par cette procédure policière, puisque les personnes qui reçoivent ces mails obtiennent des dizaines de noms de donateurs à la cagnotte. Il est très clair que cette procédure et les questions posées lors de celle-ci n’ont strictement rien avoir avec le motif invoqué par le parquet de Paris.
Quel est ce motif ?
Il s’agit d’une enquête à propos d’un éventuel "abus de confiance" de Leetchi. Elle est menée sur la base d’une plainte déposée par l’avocat de Christophe Dettinger au nom d’une cinquantaine de donateurs actuellement, mais il devrait y en avoir plus à terme. Le parquet de Paris se sert de ce prétexte pour entendre des témoins. Sauf que les deux questions qu’il pose par mail sont problématiques, surtout la première. Ils demandent d’abord : "Pour quelles raisons avez-vous souscrit un don à la cagnotte Leetchi en soutien à Christophe Dettinger ?" Ensuite : "A quelle date avez-vous souscrit et quel était le motif de la cagnotte sur le site ?" La première question pose énormément problème, car elle relève de l’opinion. Ça ne peut pas être lu autrement que sur une convocation policière, sans possibilité d’être assisté par un avocat. Puisque que sous ce statut de témoin on pose aux personnes une question qui est de l’ordre de leur opinion. Je suis en contact avec l’avocat de Christophe Dettinger, mais aussi avec des policiers très choqués par cette procédure. Il apparaît clairement que avons affaire à une police politique.
Comment expliquer la popularité de cette cagnotte, il y a quelques mois ?
Elle a eu une popularité pendant 48h et a été fermée extrêmement rapidement, sur un ordre quasiment politique de Mme Schiappa. En seulement 48h, près de 150 000 euros ont été recueillis, pour 8 800 personnes. Cette popularité provient du fait que Christophe Dettinger a immédiatement été perçu le soir du 5 janvier comme un héros par un grand nombre de gilets jaunes. Pour eux, l’ex-boxeur inversait en quelque sorte la fatalité de la violence policière. Son action, certes pas recommandable, mais qui était en même temps relativement mesurée du point de vue de la violence, a, en quelque sorte, lavé l’affront pour les gilets jaunes de plusieurs semaines de répression policière extrêmement violente. Il s’agissait d’une humiliation pour le mouvement social. Dès que la vidéo a été diffusée, ce qui s’est passé sur la passerelle Léopold Sédar Senghor est apparu aux yeux de dizaines de milliers de manifestants, voire plus, comme un acte héroïque. C’était une sorte de nouveau David contre Goliath.
D’un côté, il y a ce double dispositif d’une violence policière et judiciaire et de l’autre un dispositif d’anti-vérité et de mensonges d’État
Que penser de sa fermeture ?
Elle s’est faite de manière extrêmement rapide et brutale, sans aucune motivation légale sérieuse et sur ordre politique. D’ailleurs, l’événement d’aujourd’hui est une conséquence de l’illégalité de la fermeture de la cagnotte. En effet, il s’agit d’une réponse à une procédure menée par Maitre Laurence Léger, au nom de la famille Dettinger. Elle était en audience le 5 juin dernier, qui s’est très bien passée. Le résultat du délibéré sera délivré le 19 juin. On peut s’attendre à ce qu’un jugement ordonne de reverser la cagnotte à qui de droit, c’est-à-dire à madame ou monsieur Dettinger. Sauf que le parquet se précipite dans un contre-feu judiciaire afin d’empêcher ce jugement d’avoir lieu.
En quoi le traitement du boxeur est révélateur du traitement des gilets jaunes par le gouvernement ?
Il est symbolique parce qu’il est de deux ordres. Primo, il y a la question de la répression judiciaire. Des centaines de personnes passent devant les tribunaux, en comparution immédiate. Des peines de prison ferme sont prononcées pour des délits parfois absolument mineurs et non-prouvés, du fait de la rapidité de la procédure judiciaire. Christophe Dettinger a symboliquement été victime de cette répression, puisque sa condamnation à de la prison ferme était disproportionnée, par rapport à ses actes. Deuxième point symbolique : il y a la volonté de faire taire et d’étouffer l’expression d’un mouvement social. Il se passe quelque chose de très inquiétant et très orwellien avec : un usage systématique de la "post-vérité", de la propagande et du mensonge. D’autant plus que les gilets jaunes sont eux-mêmes accusés d’être porteurs de "fake news". D’un côté, il y a ce double dispositif d’une violence policière et judiciaire et de l’autre un dispositif d’anti-vérité et de mensonges d’État. C’est exactement ce que subit Christophe Dettinger. Au-delà de sa condamnation, il a été victime de rumeurs et de "fake news". Enfin, on le bâillonne et on lui interdit de s’exprimer sous peine de perdre totalement son emploi, c’est-à-dire son revenu et sa capacité de vivre, ainsi que celle de sa famille. C’est ce que subissent des centaines de milliers de gens qu’on tabasse plutôt que des les écouter.