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Les dockers mobilisés contre la guerre sont attaqués

Lien publiée le 25 juin 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/salvatore-palidda/blog/240619/les-dockers-mobilises-contre-la-guerre-sont-attaques

Reprenant leur belle tradition de lutte contre la guerre, les dockers d’Europe ont bloqué le chargement d’armements sur deux bateaux saoudiens. Après cette première victoire les dockers de Gênes et les solidaires qui les ont appuyés, font l’objet d’une attaque de la part des armateurs et entreprises du port et du zélé directeur du magazine du secteur au service des businessmen du port génois

Outrés par la réussite de la mobilisation contre la guerre cet écrivaillon en particulier demande tout court la répression pour défendre la liberté de trafic d’armement. L’argumentation -assez prolixe et pas vraiment en style efficace anglosaxon- de ce monsieur est surprenant parce que fait allusion explicite à un complot qui serait à l’origine de la lutte des dockers et des militants pour la paix. Le titre de son article publié dans la revue fondée et dirigée par lui-même, Ship2Shore (S2S), en italien et en anglais, est déjà assez explicite: “Gênes encore otage de poignés de travailleurs instrumentalisés (avec connivences)”. Le but principal de ce monsieur est de réclamer la criminalisation des dockers du CALP (Collectif Autonome Travailleurs du Port) qu’il désigne comme premiers responsables de ce sabotage du chargement du bateau saoudien qui selon lui provoquerait un dommage irréparable à l’économie du port, de la ville et de l’Italie entière. En suivant son attaque, ce zélé écrivaillon n’épargne pas de mettre au pilori les différentes associations qui solidarisent avec ce “scélérat” sabotage, et il en fait la liste: “Amnesty International, Libera, Caritas diocésain, Agesci Liguria, Acli, Rete per la Pace, Oxfam et encore une trentaine d’autres réalités du monde associatif pacifiste et catholique”. Évidemment, il ne manque pas la condamnation du comportement de la CULMV et de la FILT-CGIL (les deux autres associations des dockers génois), qui selon lui sont des “fantoches dans les mains de la frange extrémiste car les respectifs représentants auparavant auraient signé un document chez l’AdSP qui reconnaissait l’emploi civil des matériaux objet du sabotage, sauf ensuite se faire trainer dans une certaine vague médiatique et ainsi se rebiffer, jusqu’au point de déclarer la grève, avec des modalités qui semblent bien aussi discutables par rapport à la normative courante”.

L’écrivaillon se déchaine et ne lésine non plus la stigmatisation même de l’attitude des autorités portuaires et des autorités politiques (“les stakeholders citadins”) qui serait révélatrice de “fragilités et instabilité absolue d’un système dans lequel la paix sociale sur les quais évidemment était signée à temps déterminé ; mais surtout met à l’évidence le manque de leur compacité, cohésion et uniformité de vues (l’écrivaillon s’érige aussi à “étrilleur du pouvoir”). Et croyant de connaitre l’histoire économique, sociale et politique génoise, il se prend par une sorte de Torquemada et écrit: “Comme déjà̀ vécu lors des années le plus obscurs de la grande crise des trafics maritimes à Gênes, quand à la moitié des années 1980 cette première ville portuaire d’Italie abdiquait à son rôle de leader méditerranéen en tant que victime des chantages outrageuses des ‘camalli’ (dockers en génois), qui mettaient en fuite (presque sans retour) armateurs et marchandises …” Probablement ce pauvre écrivaillon n’a jamais lu le livre Eglise et entreprise à Gênes de l’après-guerre à nos jours -publié par l’association du patronat de Gênes en 2009- sur la couverture duquel figure la photo plus qu’emblématique du cardinal Siri, au centre, et è se deux coté l’alors président de l’Autorité du port et le leader des camalli, Paride Batini, en témoignage de la nécessaire médiation entre travailleurs et autorité dans l’un des moments les plus durs de conflictualité sociale (le cardinal était très habile dans ce genre de médiation tut en étant un homme de droite -Opusdei- dans une ville très à gauche de la Résistance jusqu’au année 1960). Et le directeur de S2S fait semblant d’ignorer ou ignore -ce qui est pire- comment agissent les dockers des différents ports de l’Europe du Nord ou aussi de Marseille. Ici la photo du bloc du bateau saoudien Bahri de la part des dockers de Bilbao:

Et ici l’article sur la mobilisation des dockers de Marseille https://www.huffingtonpost.fr/entry/a-marseille-des-dockers-refusent-de-charger-des-armes-francaises-pour-larabie-saoudite_fr_5cefc66ae4b07e067d89c657; un article de Mediapart qui dénonce le commerce d’armements français vers l'Arabie Saudienne; ici le link du communiqué d’Amnesty sur le Royaume Uni: https://www.amnesty.it/trasferimenti-armi-arabia-saudita-illegali/.

Il apparait évident que ce directeur de S2S aimerait un régime style celui saoudien voir totalitaire capable d’exterminer toute résistance de la part des travailleurs et de la population non complice du pouvoir. Il oublie que Gênes a été médaille d’or de la Résistance contre le nazifascisme et la ville qui fit tomber le gouvernement de la Démocratie Chrétienne Tambroni soutenu par les néofascistes avec la révolte du 30 juin 1960.

Dans son article ce directeur de la revue des patrons du port arrive au point de constater avec consternation (la sienne) que “nonobstant quelques louables tentatives de la part de la Région Ligurie et de la mairie de Gênes (aujourd’hui à majorité de la Ligue et des droites) de permettre à un territoire souvent inerte et passif de re-soulever la tête, l’affaire du bateau arabe – partie d’une flotte qui depuis environ 30 ans fait escale régulier sur les quais tricolores- bloquée par une petite et hétérogène foule de ‘bienpensants’ supporteurs de valeurs moraux inattaquables, fait émerger encore une fois que, les temps changent et changent les acteurs, mais la situation reste presque toujours la même”.  Pourtant, selon lui: “ne sont pas seuls les agents maritimes génois à s’unir pour un message univoque de protestation ; il y a aussi leur ‘cousins’ de la chaine du transport, alias les agents des expéditions – les deux catégories à travers les respectives associations –invoquent, dans leur message très pénétrant et sans équivoque, une prise de position nette de la part de l’Autorité du Système Portuaire … qui, en revanche, montrerait trop souvent une inclination pilatesque …”.

Et voilà que l’écrivaillon se fait tribun “des entrepreneurs qui revendiquent quelques certitudes …” et prétends affirmer sa certitude que “toute la documentation, tout de suite mise à la disposition de quiconque voudrait en prendre vision, pour avoir la confirmation que les huit générateurs, objet du scélérat ‘embargo’, soient destinés à un emploi civil”.

Bref le tribun insiste à dire que “la marchandise avait les autorisations nécessaires et aucune autorité a soulevé doutes … et Teknel (l’entreprise productrice et exportatrice) avait le plein droit de vendre et exporter son produit”.

Comme le montre la recherche scientifique rigoureuse de l’Observatoire Permanent sur les Armes Légères et les Politiques de Sécurité- OPAL de Brescia, “nonobstant les répétées prises de position de Teknel Srl et les “rectification” qu’elle a demandé de publier aux médias, on n’a pas eu la nécessaire vérification de conformité à la normative en vigueur que les quatre shelters et les relatifs générateurs Teknel pas chargés à bord du bateau ‘Bahri Yanbu’ auraient une destination exclusivement ‘civile’, voir  non militaire. Ces générateurs – comme le documente la Relation gouvernementale sur les exportations de matériaux militaires (et OPAL fournit l’annexe -voir website OPAL) - font partie d’un ordre de 18 groupes électrogènes de la valeur de 7.829.780 euros, dont l’exportation a été autorisée à la Teknel de la parte de l’Autorità national - UAMA. Sur la base de cette autorisation, il faut considérer à tout effet qu’il s’agit de matériaux pour l’emploi militaire, soit pour ce qui est de leur typologie, soit pour ce qui est du destinataire : la Garde Nationale Saoudienne. Ce n’est pas donc la tache ni des autorités locales (Préfecture, Police et Autorité Portuaire, etc.), ni de l’entreprise et pas des travailleurs du port ou de leurs syndicats établir s’il s’agit ou pas matériaux militaires : cela a déjà été définitivement établit par l’Autorité national UAMA qui n’a pas autorisé l’exportation juste parce que ce sont des matériaux militaires”. L’Observatoire OPAL, sur la base de la documentation publique facilement consultable, répète qu’il n’est pas possible soutenir que le matériel Teknel est “civile” «en cohérence avec les taches institutionnelles du destinataire (...), qui est la Saudi Arabian National Guard» (SANG). La SANG est un destinataire éminemment militaire, il suffit regarder les nombreuses sources indépendantes pour en constater l’importance en tant que corps militaire séparé et complémentaire des forces régulières saoudiennes. En outre, le bien connu affaire des Yemen papers, basés sur la source primaire d’un rapport réservé des services d’information militaires français – sur la base duquel est né la protestation contre la vente aux Saoudiens des canons français CAESAR et le bloc du bateau ‘Bahri Yanbu’ au Havre – fournit évidences de ce qui est l’implication de la SANG dans la guerre yéménite”.

Mais le directeur de S2S ne lâche pas et désigne le CALP comme: “rien qu’une poignée de ‘travailleurs’ du porto qui perçoivent le salaire mais qui dans les quais à plier le dos on les voit rarement ”. Cette phrase ne passera pas indemne et le CALP va porter plainte et avec l’argent de la condamnation pourra soutenir ses luttes. Mais pour donner crédibilité à sa philippique contre le CALP, ce monsieur arrive à écrire accusation qu’on se demande qui lui a suggérait: “Leurs actions, bien connues par ceux qui travaillent dans le port, sont aussi violentes créant tensions et peur (à lui); sur leur site social on voit des images affichées avec orgueil, des rails ferroviaires soudés pour empêcher le transit des trains, blitz perpétrés la nuit par des gens cagoulés, des fusés éclairants tirés en l’aires, des pneus brulés. Presque une guérilla urbaine finalisée à imposer leurs raisons et empêcher à des gens qui veulent travailleur ‘sérieusement’ de pouvoir le faire dans le respect des règles, comme se plaint la contrepartie, qui s’acharne contre l’inertie générale et un certain laxisme, stupéfiée que personne n’œuvre pour le contraster”.

Dans l’histoire du mouvement ouvrier dans de nombreuses occasions les travailleurs ont été contraints à concevoir des méthodes de sabotages qui hélas n’ont jamais provoqué autant de dommages que les actions du patronat et des dominants outre que de leurs sbires ou hommes de main.

Dans la lettre ouverte que les dockers du CALP ont envoyé aux travailleurs de la TEKNEL on lit: “Nous sommes les dockers de Gênes qui ont a fait grève pour bloque la cargaison sur le bateau Bahri Yanbu et sur le Bahri Jazan des générateurs électriques envoyés par votre entreprise à la Garde nationale Saoudienne. On l’a fait parce que, après le bloc de la cargaison des canons au Havre de la parte des dockers français sur le meme bateau, nous avons vérifié que la Garde saoudienne est un corps militaire engagé dans la guerre au Yemen, que l’ONU a qualifié de théâtre d’une immense catastrophe humanitaire dont l’Arabie est l’un des principaux responsables. Nous ne voulons pas de tout nous ériger au rôle de sauveurs de l’humanité ou de juges des maux du monde. … Nous voulons que l’Italie suspende la vente d’armements à l'Arabie Saoudienne, comme l’ont fait nombre de pays dont la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Norvège, la Finlande, la Belgique, le Pays Bas et meme le Royaume Uni. Le Senat USA lui meme, voir le plus fort allié de la dictature saoudienne vient de bloquer le plan de Trump de vente d’armements aux Saoudiens en raison de leur rôle dans la guerre au Yemen…  Nous appartenons à une histoire et à une culture maritime et portuaire dans lesquels le secours et l’accueil sont des valeurs fondamentales et dans lesquelles le commerce civil est pratiqué comme moyens pour la prospérité des peuples. C’est pourquoi qu’il est intolérable assister à la fermeture de la part du gouvernement des ports pour ceux qui fuient la guerre, les dictatures et les privations économiques et morales, alors que ce meme gouvernement laisse les ports ouverts au trafic d’armements qui provoquent directement et indirectement ces migrations désespérés … ». Rappelons entre autre qu’en 1973 les dockers de Genes ont organisé l’envois d’un grands bateaux d’aides au Vietnam libéré de l'invasion des Etats-Unis.

En conclusion, le but final du directeur de cette revue quai se veut du patronat du port de Gênes et de Teknel est que le gouvernement adopte des mesures draconiennes pour rétablir la liberté des entrepreneurs de pouvoir marchander avec quiconque sans empêchement d’aune sorte, passant aussi par la criminalisation des dockers et en particulier du CALP et de ceux qui les soutiennent (tout comme pour ce qui a été la criminalisation des solidaires des réfugiés).

Voir ici le site CALP: https://calp238599372.wordpress.com/