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Que reste-t-il du 52ème congrès de la CGT ?

CGT

Lien publiée le 29 juin 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://aplutsoc.org/2019/06/29/que-reste-t-il-du-52eme-congres-de-la-cgt/

Le 52eme congrès confédéral de la CGT s’est déroulé du 13 au 17 mai à Dijon. Quelques semaines ont passé, et l’on peut se poser la question : qu’en reste-t-il ?

De façon certaine, lorsque les délégués sont repartis chez eux, la CGT ne disposait pas de plan pour lutter contre les projets de lois Dussopt et Blanquer, pour contrer la destruction de l’hôpital public ( alors que la crise des urgences explose et que des dizaines puis des centaines de services sont en grève ou dans une forme de lutte), pour bloquer la mise à mal de la SNCF, pour stopper la dégradation de tous les services publics.

De même, hormis une position affichée en faveur du maintien du régime par répartition et des 42 régimes de retraite existants, la CGT n’a toujours pas de plan de lutte pour contrer la « réforme » de la retraite par points dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle sera la Mère de toutes les batailles. Tous les observateurs sérieux considèrent que la retraite par points entraînera « au mieux » un recul de 10 à 15 % du niveau des pensions.

Par contre, une semaine après le congrès confédéral, la délégation CGT au congrès de la CES vote pour l’élection de Laurent Berger, le chef de la CFDT, à la présidence de la CES, dont on nous dit qu’elle est « purement honorifique », puis Martinez fait une interview commune avec le même Berger en direct de Vienne pour appeler à voter pour « l’Europe sociale » aux élections du 26 mai.

Laquelle « Europe sociale » ? Celle de Juncker et Macron ? « L’Europe sociale » attendue par la déclaration commune CFDT-MEDEF du 29 avril dernier ? On se demande bien quelle bataille la délégation confédérale au congrès de la CES aura pu mener pour organiser une lutte commune à l’échelle européenne pour contrer les plans patronaux appuyés par la Commission européenne. Cette délégation a-t-elle participé aux « remerciements du congrès au Président sortant de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, d’avoir sauvé l’Europe sociale » ??

Aucun texte préparatoire n’a été soumis à la connaissance et à la discussion des organisations de la CGT, et rien n’a été fait pour que ce congrès de la CES puisse être discuté par les délégués du 52ème congrès. La direction confédérale s’est donc auto-mandatée.

Dans la foulée du congrès, il y a eu un appel à une manifestation européenne le 17 juin à Genève pour défendre l’OIT et le droit de grève partout. On peut se demander dans quelle mesure cet appel était conçu pour permettre à Bernard Thibault, désormais administrateur de l’OIT, de bien chausser les pantoufles de Léon Jouhaux, son illustre prédécesseur à Genève.

L’enjeu étant la préservation des droits des salariés au niveau mondial, au vu de la volonté patronale de raccourcir les garanties offertes dans les conventions de l’OIT, il va falloir un tout autre plan de bataille mondiale appelant à la mobilisation de toute la classe travailleuse avec toutes ses organisations pour y arriver. Il est bon de rappeler qu’en 1889, le congrès de l’Internationale Ouvrière décida d’un appel commun tous ensemble, partout à travers le monde, le même jour pour exiger l’obtention de la journée de 8 heures, ainsi naquit le 1er Mai. Et cela avait une autre gueule que de baiser les pieds et les mains de Jean-Claude Juncker …

Cet état des lieux, quelques semaines après le congrès confédéral, ne doit pas amener à croire qu’il ne s’y est rien passé.

Une anecdote permet de synthétiser la situation dans la CGT. Lors d’une séance, la direction du congrès propose aux délégués de manifester symboliquement leur solidarité avec les lycéens de Mantes-la-Jolie réprimés et humiliés par les flics en décembre dernier, en se levant le poing tendu. Au bout de quelques instants, la salle debout muette, les cameramen voltigeant dans les travées pour enregistrer l’événement, un délégué de notre connaissance lance le slogan « Castaner, démission ! ». Dix secondes plus tard, ce cri est largement repris par une bonne partie de la salle qui le scande joyeusement pendant deux à trois minutes. Que reste-t-il de cette clameur dans l’expression publique donnée par la confédération ? Un montage où le Chant des Partisans sert à étouffer le slogan « Castaner, démission ». Ainsi, « Castaner, démission ! » n’est pas un mot d’ordre présentable, mais lui substituer le Chant des Partisans, cela veut-il dire que Macron, c’est Pétain, Edouard Philippe, c’est Laval, et Castaner, c’est Darnand et Papon ? On voit à quelle absurdité ce genre de contorsions amène la direction confédérale …

Malgré l’agression policière du 1er Mai contre le cortège CGT parisien, agression décidée en plus haut lieu, malgré la séquence de répression et d’humiliation subie par les lycéens de Mantes-la-Jolie, malgré les milliers d’arrestations, blessures, mutilations et violences policières diverses survenues depuis le 17 novembre, la direction confédérale ne veut pas être désagréable avec le gouvernement et mettre en cause la responsabilité du 1er flic de France. Et la base militante qui hait Castaner n’est pas organisée pour faire prévaloir son opinion. Voilà un bon résumé de l’état des choses actuel dans la CGT.

Cet état d’esprit combatif, reflétant la crise sociale qui s’est manifestée à travers le mouvement des Gilets Jaunes et les nombreux mouvements depuis le 17 novembre, a constitué la trame de fonds du congrès et la direction a tenté de le circonvenir. Dans un prochain article, nous reconstituerons le déroulé du congrès pour permettre à nos lecteurs de se faire une opinion de l’état d’esprit militant au sein de la CGT. Et des possibilités et difficultés rencontrées dans la situation actuelle pour mettre en échec Macron et le MEDEF.