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À Marseille, les quartiers nord ont aussi droit aux légumes bios
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://reporterre.net/A-Marseille-les-quartiers-nord-ont-aussi-droit-aux-legumes-bios
Willie, maraîcher du Vaucluse, distribue ses paniers une fois par semaine à Marseille : dans les quartiers nord à un prix très abordable pour les populations défavorisées et dans le sud de la ville, dans un quartier autrement plus favorisé.
- Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage
Sous des chaleurs déjà écrasantes alors que la canicule de ce mois de juin n’avait pas encore soufflé sur toute la France, Willie, maraîcher bio de Pernes-les-Fontaines, une commune du Vaucluse, arrive vers 16 h 30 dans les quartiers nord de Marseille après une heure de route, comme tous les mardis. Il gare son camion dans la cour bétonnée du Secours populaire du 14e arrondissement, où l’attendent Léa, Cannelle, Claudette et Robert. À eux cinq, ils installent en quelques minutes les premières tomates de l’année, les grandes salades vertes, les courgettes, les aubergines, les haricots et les concombres.
L’installation.
Après 30 minutes d’attente sans bénéficiaire des paniers solidaires à l’horizon, une petite inquiétude commence à se faire sentir : « Aujourd’hui, c’est l’Aïd, je crains que peu de gens viennent chercher leur panier », dit Cannelle, salariée du Secours populaire qui coordonne la distribution des paniers depuis que l’initiatrice du projet, Hélène, est en arrêt maladie.
Annette.
Des craintes rapidement soulagées par l’arrivée d’Annette, une bénévole qui a lancé cette opération de distribution solidaire dans les quartiers nord avec Hélène : « Le projet est né parce qu’on parlait de plus en plus du bio mais, ici, personne ne savait de quoi il s’agissait ! Au pays, au Maghreb, la plupart des gens mangent du bio sans le savoir. On a commencé par faire venir un agriculteur pour expliquer ce qu’était le bio, puis on a fait des sessions de cuisine avec des produits bio et, de fil en aiguille, on est arrivé à l’idée de distribution de paniers bio, en lien avec les Paniers marseillais. »
Claudette.
Les Paniers marseillais est l’acteur associatif incontournable de l’alimentation bio en circuits courts à Marseille. Claudette, membre de son conseil d’administration depuis sa création en 2007, est d’ailleurs venue prêter main-forte à cette distribution : « Nous sommes un réseau de consommateurs en partenariat avec des producteurs locaux qui ont une pratique biologique ou qui sont en conversion. Nous proposons chaque semaine aux 1.400 adhérents des 30 groupes marseillais un panier de légumes bio de saison cueillis le matin. Ça représente environ 5.000 personnes. »
Willie.
Dans les quartiers nord, c’est « opération solidarité » : une trentaine de ménages peut bénéficier d’un panier bio chaque semaine à moindre coût — 3 euros par panier pour un prix coûtant de 15 euros — grâce à un partenariat entre le Secours populaire, les Paniers marseillais et Willie, le maraîcher bio, qui a commencé son activité il y a cinq ans et qui distribue dans ce quartier depuis le début de l’initiative, en avril 2018 : « Il faut avouer que venir ici, c’est un peu l’aventure. Au début, les tomates ananas, qui sont jaunes, les gens n’en voulaient pas, ils voulaient des tomates rouges ! Le but est que les gens apprécient les produits et qu’ils changent leur regard sur l’alimentation. Clairement, le chemin est long. Après un an, on sent que ça évolue un peu mais j’ai encore des interrogations : par exemple, est-ce qu’ils se posent des questions sur les produits qu’ils continuent d’acheter au supermarché ? »
Annette.
Après avoir récupéré trois paniers, le sien et celui de ses voisines, Annette prend son téléphone et appelle toutes les responsables d’antenne pour leur rappeler que « même si c’est l’Aïd, il y a distribution aujourd’hui ! ». Jusqu’à la dernière minute, alors que Willie a tout rangé pour se rendre à sa distribution suivante à l’autre bout de Marseille, dans le quartier plus aisé du Prado, des responsables d’antenne du Secours populaire viennent chercher plusieurs paniers, comme Cria, qui remplit ses sacs à même le sol. Elle a été conduite par une de ses voisines qui a une voiture. Car le réseau des transports en commun marseillais, surtout dans les quartiers nord, n’est pas développé et que, sans voiture individuelle, les difficultés de déplacement sont importantes.
Cria (en jaune).
« La solidarité, c’est aussi se déplacer, rencontrer l’agriculteur et participer à la distribution. Ici, les responsables d’antenne du Secours populaire viennent chercher les paniers et les distribuent à leurs voisins bénéficiaires. Tous les habitants ne viennent pas et c’est problématique, même si on comprend les difficultés de transport », dit la trésorière de la fédération du Secours populaire. C’est le cas de Zaya et de son fils Laurent, qui vivent dans le 13e arrondissement et qui viennent toutes les semaines récupérer les paniers pour leurs voisins.
Zaya et son fils.
Une fois la distribution des quartiers nord terminée, Willie se dirige vers les quartiers sud et le Prado : « Je ne pourrais pas venir à Marseille pour une seule distribution, ça ne vaudrait pas le coup. Là, je viens pour 60 paniers, soit environ 1.000 euros. »
Willie.
Willie fait partie de ces néopaysans qui ont choisi de cultiver la terre avec une vision systémique de leur pratique : « Après une licence en sciences de la mer et de l’environnement, je me suis posé la question de comment je voulais vivre plutôt que ce que je voulais faire. En étant maraîcher, je me sens libre, même si je dois travailler dur. Distribuer en circuit court crée du lien, c’est vivant et différent de simplement déposer des cagettes pour qu’elles soient vendues en supermarché. »
Ce jeune maraîcher souriant et humble a une approche qu’on pourrait qualifier de militante pour une société respectueuse de l’environnement et du vivant : « J’ai un voisin qui pratique la monoculture en grande quantité. Ses ouvriers passent des journées entières à s’épuiser pour faire le plus grand rendement. Le côté social est une catastrophe. Au-delà du bio, il y a surtout la dimension humaine à prendre en compte. »
Au Prado.
Dans le beau parc arboré de la mairie des 6e et 8e arrondissements de Marseille, changement d’ambiance et d’univers culturel. Pour cette deuxième distribution du mardi, Willie installe les légumes et les adhérents de l’association Bag à bio se servent eux-mêmes. Le mot d’ordre ici, c’est autogestion. Même les minots mettent la main aux légumes !
Leslie.
Leslie, la présidente de Bag à bio, est enchantée de cette collaboration avec Willie et souligne que, même si les habitants du quartier sont bien plus aisés financièrement que ceux des quartiers nord, il y a peu de lien social et peu d’échanges entre habitants : « La mairie a lancé l’initiative avec Willie pour un panier test. De notre côté, on cherchait un maraîcher bio et quand j’ai su que Willie venait de Pernes-les-Fontaines, région connue pour être assez peu polluée, et qu’il distribuait dans les quartiers nord, j’ai tout de suite été séduite. C’était vraiment cohérent. »
En quelque sorte, Willie joue le rôle de trait d’union entre les habitants d’un même quartier, mais aussi, et surtout, entre des quartiers où l’écart de niveau de vie entre populations est abyssal.