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Du Cameroun à la Franche-Comté, un gendarme reconstitue l’histoire d’un jeune migrant noyé dans un lac de Haute-Saône

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Lien publiée le 5 août 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.francebleu.fr/infos/societe/du-cameroun-a-la-franche-comte-un-gendarme-reconstitue-l-histoire-d-un-jeune-migrant-noye-dans-un-1564756992?fbclid=IwAR2lSvccMZ9lJ4cp5FIOrT3Betb215TkZxT-DDzQmds3N5pQRarnlBwtIoU

C'était un simple fait divers : la noyade d'un jeune migrant en Haute-Saône. Mais les gendarmes ont retrouvé dans les affaires de l'adolescent un petit carnet dans lequel, durant deux ans, il a noté son périple du Cameroun à la France en passant par la Libye. Un récit émouvant.

Site du Val de Bonnal en Haute-saône

Site du Val de Bonnal en Haute-saône - Capture écran Google Maps

Haute-Saône, France

« Je m’appelle Zachée Otto Koumata, je suis né à Douala au Cameroun, le 10 octobre 2004 de père inconnu, et abandonné par ma mère à ma grand-mère. J’ai été élevé par ma grand-mère, je suis allé jusqu’au cm2 ». C'est par ces phrases que commence le récit consigné dans un petit carnet. Un petit carnet que les gendarmes de Haute-Saône ont retrouvé dans les affaires d'un jeune migrant de 14 ans retrouvé mort noyé le 24 juillet sur la base de loisirs du Val de Bonnal en Haute-Saône.

Un récit qui symbolise l'errance de milliers de migrants

Ce récit poignant illustre de façon saisissante le parcours de jeunes migrants qui traversent la Méditerranée. Ce jeune Camerounais né en 2004 à Douala, qui parle et écrit le français, commence à écrire son histoire. Sans argent, sa mère le confie à sa grand-mère qui, elle-même, finit par le laisser à une tante en Algérie. 

Durant un an, un oncle subvient aux besoins financiers, mais à la mort de ce dernier, en 2016, la tante, également en difficulté financière, finit par le mettre dans les mains de passeurs en Libye. C'est le début de l'errance de Zachée. Dans son carnet, il raconte qu'il reste un mois en Libye. Il finit par traverser la Méditerranée en bâteau pneumatique et arrive en Italie. En Italie, il reste dans un camp pendant huit mois. 

Zachée parvient à s'acheter un téléphone et entre en contact avec un cousin qui se trouve à Besançon. C'est décidé, le jeune garçon prend la direction de la France pour le retrouver. Le voyage continue, il passe par Menton pour rejoindre Besançon, mais arrivé à destination plus de trace de son cousin. 

L’adolescent est seul, il se retrouve alors SDF dans la capitale du Doubs. La chance commence à lui sourire lorsque l'association Sol Mi Ré le prend en main et l'accompagne. L'association, qui vient en aide aux migrants et réfugiés, le met en contact avec l’aide sociale à l’enfance du Doubs car c'est un mineur isolé. Après deux ans de voyage à traverser plusieurs pays, Zachée va enfin trouver une famille d’accueil

L'adolescent est, avant cela, confié à une association qui organise en Haute-Saône un camp de vacances sur une semaine pour jeunes migrants. A la fin du camp de vacances, Zachée doit être accueilli dans une famille, mais deux jours avant la fin du camp, il meurt noyé dans une zone de baignade surveillée.

L'acharnement des gendarmes pour retrouver sa famille

La noyade aurait pu être classée comme un simple fait divers et le corps de Zachée enterré dans un cimetière en France, dans l'anonymat. Mais c'était sans compter la ténacité des gendarmes qui retrouvent son carnet. Un gendarme garde près de lui, au bureau, le téléphone du jeune garçon allumé et régulièrement rechargé. Un jour le téléphone sonne, c'est une membre de sa famille. 

Par WhatsApp, le gendarme parvient à remonter jusqu'au Cameroun et sa famille proche. Le département du Doubs va prendre à sa charge le rapatriement du corps. Zachée Otto Koumata, mort à l'âge de 14 ans, va reposer dans son village.

Lui qui avait réussi à traverser la Méditerranée sans encombre s'est noyé dans une zone de baignade surveillée dans 3 mètres d'eau. Emmanuel Dupic, le procureur de la République de Vesoul, qui a ouvert une information judiciaire pour éclaircir les conditions de l'accident, n'exclut pas de rendre public ce petit carnet, à l'issue de l'instruction.