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    Défaire ses adversaires

    Lien publiée le 29 août 2019

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/09/A/60396

    Mea culpa

    Le 9 août 2019, sur France Inter, le chroniqueur Anthony Bellanger reconnaissait s’être fourvoyé dans son traitement de l’incarcération de l’ancien président brésilien Luiz Inácio « Lula » da Silva. Cette lucidité, même très tardive, le distingue d’une grande partie de ses collègues.

    Oui, j’ai cru en l’indépendance de la justice brésilienne et j’ai eu tort. Le « petit juge » Sérgio Moro, aujourd’hui ministre de la justice [du président d’extrême droite] Jair Bolsonaro, avait bien un agenda politique en faisant condamner et incarcérer l’ancien président « Lula ». (…) J’ai fait partie de ceux qui ont été favorablement impressionnés par les manifestations de rue contre la classe politique. (…) [Mais] ce qui a définitivement emporté ma conviction qu’il y avait bien une volonté d’écarter politiquement « Lula », ce sont des écoutes publiées en juin dernier. Des transcriptions de conversations entre, d’une part, le juge Moro et, d’autre part, les procureurs, donc l’accusation. Secrètement, ils ont tranquillement échangé des infos, orienté l’accusation, arrangé des conférences de presse de manière à accabler « Lula ». Pourquoi un tel acharnement ? Pour empêcher Lula de se présenter à la présidentielle de 2018, qu’il aurait vraisemblablement remportée. (…) C’est simple : lorsqu’on pose la question aux Brésiliens de savoir qui a été le meilleur président du pays, ils sont 57 % à répondre « Lula ». Loin devant tous les autres. Il faut donc tout faire pour lui nuire, y compris au prix d’un déni évident de justice.

    Des candidats éliminés au Sénégal

    Deux candidats à l’élection présidentielle sénégalaise de février 2019, MM. Khalifa Sall et Karim Wade, ont été accusés et poursuivis pour détournement d’argent public et enrichissement illicite. L’impartialité de ces procédures, qui les ont empêchés de participer au scrutin, finalement remporté par le président sortant Macky Sall, est mise en cause par Amnesty International.

    Khalifa Sall, dirigeant de l’opposition et maire de Dakar, arrêté en mars 2017, a été accusé d’association de malfaiteurs, de complicité et usage de faux en écritures privées de commerce, de faux et usage de faux dans les documents administratifs, de détournement et d’escroquerie portant sur les deniers publics et de blanchiment de capitaux. La libération sous caution lui a été refusée à plusieurs reprises. Il a été élu au Parlement en juillet 2017, alors qu’il se trouvait toujours en détention. (…) En juin 2018, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a déterminé que la détention de Khalifa Sall était arbitraire et a estimé que ses droits à la présomption d’innocence, à l’immunité parlementaire et son droit d’être assisté par ses avocats avaient été bafoués. (…)

    En mars 2015, la Cour de répression de l’enrichissement illicite a condamné Karim Wade, ancien ministre et fils de l’ex-président de la République Abdoulaye Wade, à six ans d’emprisonnement et à une amende d’environ 210 744 000 euros pour enrichissement illicite. (…) Cette cour ne respecte pas les normes internationales et régionales en matière d’équité des procès, en particulier parce que ses décisions ne sont pas susceptibles d’appel. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples considère que le droit de faire appel devant une instance juridictionnelle supérieure est un des éléments essentiels d’un procès équitable. En avril 2016, le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a estimé que la détention provisoire de Karim Wade était arbitraire, notamment en raison du retard accumulé pendant la procédure et de la différence de traitement observée. Karim Wade a été libéré en juin 2016 à la faveur d’une grâce présidentielle.

    Amnesty International, « Senegal : All talk no action » (PDF), 9 août 2018. Rapport destiné à la 31e session de l’examen périodique universel, Nations unies, novembre 2018.

    Purge en Algérie

    Depuis le printemps dernier, l’Algérie connaît une purge historique. Au nom de la lutte contre la corruption, la « dilapidation de biens publics », le « favoritisme » et l’« abus de fonction », près d’une cinquantaine de très hauts responsables, dont les deux anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, sont emprisonnés. La majorité des affaires sont instruites par la Cour suprême, qui, chaque jour ou presque, annonce la mise en examen ou l’arrestation d’une ou plusieurs personnalités emblématiques du « système ».

    D’abord dirigée contre des hommes d’affaires proches de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, la vague de mises en cause touche désormais toutes les catégories de dirigeants, notamment des préfets. Le général et chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah est à la manœuvre et assure que « l’heure des comptes est arrivée » pour le « gang de voleurs » qui a dirigé le pays. À la fois stupéfiés par l’ampleur de la corruption révélée, mais peu dupes quant aux motivations politiques de l’homme fort du pays, les Algériens continuent de défiler chaque vendredi avec, entre autres, ce slogan : « Klitou leblad yal seraqine » — « Vous avez “mangé” le pays, bande de voleurs ! »