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Ayrault réprime et annonce un dialogue sur le futur aéroport de Nantes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le Premier ministre français, qui réitère dans un communiqué "l'engagement du gouvernement à contribuer au développement économique et social du Grand Ouest, dont le projet de transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes est une composante", prend ainsi la mesure d'une contestation qui enfle et menace la cohésion de son alliance avec les écologistes.
"Malgré les concertations légales et les décisions des collectivités concernées, qui ont déjà eu lieu, et qui ont conduit à l'adoption du projet, des interrogations subsistent", explique Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes.
"Dans un souci d'apaisement, le gouvernement confiera dès la semaine prochaine à une commission du dialogue le soin d'exposer ce projet et d'entendre toutes les parties prenantes."
Cette concession apparaît en contradiction totale avec l'envoi cette semaine de 500 gendarmes pour assurer la sécurité des entreprises qui ont une nouvelle fois démantelé les maisons et cabanes construites par les opposants sur le site.
Elle rompt aussi avec les déclarations martiales du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a qualifié de "kyste" à enlever l'action menée par les opposants, ainsi que la détermination affichée cette semaine dans Paris Match par Jean-Marc Ayrault lui-même, qui avait affirmé que l'aéroport "se fera".
Les expulsions des squatteurs étaient justifiées par l'imminence des travaux préparatoires à la future desserte routière de l'aéroport, qui devaient démarrer en janvier prochain. Ceux de l'aéroport à proprement parler doivent débuter en 2014, pour une mise en service en 2017.
Mais la situation politique et sur le terrain a obligé le gouvernement à chercher l'apaisement.
AFFRONTEMENTS ET MANIFESTATIONS
A Notre-Dame-des-Landes, des cailloux, bouteilles, fusées de détresse et cocktails Molotov ont été lancés en direction des gendarmes qui ont riposté par des tirs de grenades, lacrymogènes ou assourdissantes.
La préfecture de Loire-Atlantique a signalé deux blessés du côté des opposants et un du côté des gendarmes, dans cette contestation qui ne cesse de grandir depuis un mois.
Huit personnes ont été interpellées, principalement pour des violences sur personne dépositaire de l'autorité publique.
A Nantes, à 35 km du lieu du site du projet, d'autres heurts sont intervenus samedi soir lorsqu'une manifestation de plusieurs milliers de personnes -3.200 selon la police et 8.000 selon les organisateurs- s'est approchée de la préfecture.
Les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau pour tenter de refroidir les ardeurs de certains manifestants et un CRS a été blessé à la mâchoire par un pavé.
Les opposants au projet -des agriculteurs, des activistes, des élus ou de simples citoyens- réfutent tout problème de saturation ou de sécurité de l'aéroport actuel de Nantes.
Ils dénoncent la destruction d'une des dernières zones de biodiversité du département. Leur manifestation, il y a une semaine à Notre-Dame-des-Landes, avait rassemblé entre 13.500 personnes, selon la préfecture, et 40.000 selon leurs chiffres.
Les ministres de l'Ecologie, des Transports et de l'Agriculture, Delphine Batho, Frédéric Cuvillier et Stéphane Le Foll, avaient déjà amorcé le mouvement samedi après-midi dans un communiqué mais ils maintenaient la "nécessité de poursuivre le déroulement du projet de transfert de l'aéroport".
MENACE POLITIQUE
Ils y réitéraient les engagements pris pour respecter la biodiversité, ce qui entraînera un délai de six mois dans le début des travaux de défrichement, qui devaient commencer en janvier prochain, une première concession aux opposants. Jean-Marc Ayrault est allé beaucoup plus loin dans la soirée avec l'annonce d'une commission du dialogue.
Sur le plan politique, les écologistes critiquaient de plus en plus un dossier qui devient brûlant pour la majorité.
L'envoi d'un demi-millier de gendarmes pour empêcher les opposants d'occuper le site est "une façon de gouverner complètement archaïque", a estimé dans Libération de samedi le député européen écologiste, Daniel Cohn-Bendit.
Pour lui, "la manière dont cela se passe à Notre-Dame-des-Landes rend de plus en plus difficile le maintien des écologistes au gouvernement", où le PS croit "que l'on peut piétiner et les écologistes et les enjeux écologistes".
Europe Ecologie-Les Verts avait déjà déploré vendredi l'ampleur de l'intervention des forces de l'ordre et ce projet d'aéroport était resté un point de contentieux dans l'accord passé avec le Parti socialiste avant les élections législatives.
Mais tout recul risque d'être exploité par l'opposition, le projet étant soutenu par l'UMP, le Parti communiste, les élus socialistes, et toutes les collectivités locales.
La construction et la concession du futur aéroport ont été confiées au groupe Vinci, qui évalue son coût à 560 millions d'euros. Il en déboursera 320, le reste étant payé par l'Etat (125,5 millions d'euros) et les collectivités locales (115,5 millions d'euros).