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Immigration: Macron accusé de faire du Sarkozy
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L'opposition de droite comme de gauche dénonce les “clins d’oeil à la droite ou à la droite de la droite” du président de la République.
Même son ancien chargé de mission à l’Élysée n’en est pas revenu. “Quand tu comprends que Nicolas Sarkozy a le numéro de ton ancien patron et qu’il doit l’appeler régulièrement...”, ironisait ce mardi 17 septembre sur Twitter Alexandre Benalla en découvrant dans la presse les propos tenus la veille par Emmanuel Macron sur l’immigration.
Il faut dire que le président de la République n’a pas hésité à reprendre le vocabulaire et les accents de son prédécesseur pour critiquer un droit d’asile “détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui manipulent”. “Nous n’avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet en face”, a-t-il lancé aux parlementaires de la majorité réunis pour leur pot de rentrée. “La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas, a-t-il enchaîné. Les bourgeois n’ont pas de problème avec [l’immigration]: ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec.”
Conclusion d’Emmanuel Macron adressée à sa majorité: “La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder”.
Une manière de jeter un pavé dans la mare avant le débat parlementaire sur la politique migratoire française programmé les 30 septembre et 2 octobre prochains. “Le président était très remonté ce soir-là, c’était du Sarkozy qui avait branché le Kärcher!”, résumait une source présente lundi soir citée par Le Monde.
Le “vernis pseudo-humaniste” a craqué
Mais pour l’opposition, pas de doute: si Emmanuel Macron marche dans les pas de Nicolas Sarkozy sur ce thème sensible de l’immigration, c’est bien dans la perspective des prochaines échéances électorales. “Nicolas Sarkozy avait fait la même chose. Il s’était saisi de ce débat sur l’immigration lorsqu’il était candidat. On a bien vu ce qu’il a fait au pouvoir. Donc je pense qu’Emmanuel Macron ne fera rien”, a riposté ce mardi Marine Le Pen sur BFMTV.
Pour la présidente du Rassemblement national, le chef de l’État “s’engage dans la campagne présidentielle” mais ”ça fait deux ans et demi qu’il n’a rien vu non plus, qu’il n’a rien écouté”.
À gauche, beaucoup voient dans l’inflexion du chef de l’État la même stratégie mise en place par Nicolas Sarkozy en son temps pour couper l’herbe de l’immigration sous le pied du RN. Un comble alors que le camp macroniste s’était posé en “rempart” face à l’extrême droite lors des élections européennes. ”À reprendre les angles du RN, le président Macron qui se posait un rempart est devenu une passerelle”, tranche le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Même analyse chez la sénatrice EELV de Paris, Esther Benbassa. “Au motif de contrer le RN et Marine Le Pen, il s’agit désormais non seulement de tenir le discours du RN, mais bien d’appliquer sa politique. Sarkozy est de retour. En pire”, déplore-t-elle en conspuant le “vernis pseudo-humaniste” du fondateur d’En Marche!.
Certains à gauche voient dans cette offensive une riposte présidentielle à la rentrée sociale compliquée qui s’annonce sur le terrain des retraites. “Macron fait du Sarkozy. Il veut détourner le débat de la classe ouvrière sur cette unique question avec le danger que ça représente. Il le fait au moment où la question sociale monte. [...] C’est le cynisme et les grosses ficelles de l’ancien monde”, se désole le député PCF Sébastien Jumel.
“Je ne sais pas si on a embauché Buisson à l’Élysée”, tance le Radical Bertrand Pancher en dénonçant à son tour “une tactique politique”, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.
La droite appelle Macron aux actes
Dans les rangs des Marcheurs, le risque de cette comparaison pas toujours flatteuse est bien identifié: “Le débat de l’immigration, il faut en parler avec nos mots à nous. Au sein de la majorité, il faut qu’on arrive à travailler pour ne pas qu’il y ait de dérive du discours présidentiel ou qu’il soit vu comme un discours post-sarkozyste”, met en garde le député LREM du Vaucluse Jean-François Césarini.
Cette comparaison avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy pourrait toutefois séduire l’opposition de droite. Encore faut-il que ces déclarations présidentielles soient suivies d’actions concrètes, martèlent les ténors des Républicains.
Voyant dans le chef de l’État “un grand illusionniste”, le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau a appelé sur France Inter Emmanuel Macron aux “actes” plutôt qu’à se cantonner aux “mots” et aux “clins d’oeil à la droite ou à la droite de la droite”.
“Comme d’habitude, il y a un décalage total entre le regard assez lucide que le président de la République jette sur la situation et l’absence totale de solutions”, a aussi jugé Valérie Pécresse, présidente du mouvement Libres!, sur LCI.
“Nous n’attendons pas d’Emmanuel Macron qu’il parle, mais qu’il agisse”, a lancé sur Twitter le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan. Comme un défi adressé au chef de l’État d’aller jusqu’au bout de son virage droitier.