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Comment Mélenchon a-t-il préparé son "procès politique"?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le leader de La France Insoumise et ses proches sont jugés les 19 et 20 septembre après les débordements lors de la perquisition au siège du parti.
Ils ne voulaient pas être jugés “en catimini”, assume l’un des prévenus, l’eurodéputé Manuel Bompard, qui comparaît -comme cinq autres Insoumis, dont Jean-Luc Mélenchon- les 19 et 20 septembre devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour “actes d’intimidation envers l’autorité judiciaire, rébellion et provocation”.
Ce qui explique le grand vacarme médiatique organisé par Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs semaines pour dénoncer “le procès politique” dont il se dit victime après la perquisition mouvementée au siège de son mouvement en octobre 2018. D’abord, la parution d’une tribune internationale dans Le JDDpour dénoncer le “lawfare”, cette guerre judiciaire qui le viserait, ainsi que d’autres opposants politiques de par le monde afin de “museler” les oppositions politiques, que ce soit au Brésil, en Russie ou en France.
Ensuite, une conférence de presse à son retour d’Amérique latine, dans laquelle il affirmait “ne plus avoir confiance en la justice”, la parution de son livre, “Et ainsi de suite” (Plon), le jour même du procès, sous-titré exprès “Un procès politique”, et plusieurs interviews, à BFMTV ou encore au Journal du Dimanche.
Après la politique, place au droit
À chaque fois, le leader des Insoumis lâche ses coups: “c’est une exécution politique” dit-il dans les colonnes de l’hebdomadaire, ou encore “nous sommes condamnés d’avance”, insiste le député des Bouches-du-Rhône qui répète à chaque fois la peine maximale encourue: “dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende pour avoir crié sur le palier de notre siège”.
Son avocat, Me Mathieu Davy, n’ira pas, lui, sur le terrain du “procès politique”, pour se concentrer sur celui du droit: “Cette perquisition est un tel désastre judiciaire que j’ai suffisamment d’éléments pour mettre en lumière tous les dysfonctionnements de cette journée noire”, assure celui qui a dénombré “une trentaine de dysfonctionnements et d’erreurs”. “Je ne sais pas si on aura le temps en deux jours de tout évoquer”, confie, sûr de lui, celui qui parle d’une perquisition “nulle en droit”.
“Nous allons plaider la relaxe”
Le procès qui s’ouvrira jeudi 19 septembre à 9h30 au tribunal correctionnel de Bobigny doit durer deux jours. Le premier, les six prévenus et les dix-sept personnes qui se sont constituées parties civiles - des policiers et des magistrats principalement- seront auditionnés. Les avocats des deux parties -dont Éric Dupont-Moretti pour certaines des parties civiles- le parquet et le juge pourront poser leurs questions.
Vendredi sera le jour des plaidoiries. Le matin pour les parties civiles, l’après-midi pour La France Insoumise. Entre les deux, à la mi-journée, le moment le plus attendu: les réquisitions du procureur qui peuvent comprendre des peines de prison, avec ou sans sursis, des amendes et des peines d’inéligibilité. “Nous allons plaider la relaxe”, prévient Me Davy qui juge “totalement disproportionnés” les “délits qu’ils n’ont pas commis”.
En attendant son procès, Jean-Luc Mélenchon serait “combatif”, selon plusieurs membres de son entourage qui semblent s’être donné le mot. “Il ne prend pas ce procès d’un point de vue personnel, mais politique. Il attend le résultat comme un résultat politique”, précise au HuffPost une proche du président du groupe LFI à l’Assemblée.
“On s’attend à de la provocation et du spectacle chez Dupont-Moretti”
Rien ne filtre quant à savoir si Jean-Luc Mélenchon sera dans l’emphase et l’outrance, comme il a pu le faire tout au long de ces dernières semaines, ou au contraire dans un style plus solennel et républicain, s’inspirant de son modèle, François Mitterrand. “On verra”, souffle simplement son entourage qui s’attend à ce que “Dupont-Moretti fasse de la provocation et du spectacle”. Dans ce cas, “on répondra”, prévient cette même source, sans pour autant prévoir l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, imprévisible s’il en est.
Ce qui est sûr, c’est que La France Insoumise sera réunie au grand complet pour soutenir quatre de leurs députés - Alexis Corbière, Bastien Lachaud, Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bombard au parlement européen-, Bernard Pignerol, le président de l’association l’Ère du Peuple -visée par l’enquête préliminaire sur le financement de la campagne de 2017- et Muriel Rozenfeld, attachée de presse de Jean-Luc Mélenchon. À tel point que l’audience se tiendra dans une cour habituellement réservée aux assises, plus grande, pour pouvoir accueillir tout le monde.
Les députés Mathilde Panot et Adrien Quattenens sont attendus ainsi que la quasi-totalité du groupe qui se relaiera pendant ces deux jours, façon de se montrer soudés, mais également de répondre à la presse, nombreuse, qui suivra ce procès inédit. “Nous faisons nécessairement les deux: il y a une défense judiciaire et une défense médiatique”, convient l’un des élus Insoumis.
Le procès se conclura vendredi soir, avec la parole donnée aux prévenus s’ils le souhaitent. La décision du tribunal ne sera connue que plus tard, “dans un délai de 4 à 8 semaines”, selon Mathieu Davy.