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Algérie : répression massive contre grève générale ?

Algérie

Lien publiée le 20 septembre 2019

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https://npa2009.org/actualite/international/algerie-repression-massive-contre-greve-generale

Crédit Photo: Titi Haddad

La confrontation entre le pouvoir et le Hirak franchit un cap. Le général Gaïd Salah a interdit l’accès à Alger pour vendredi, tandis que les organisations de l’alternative démocratique de Bejaïa appelent à une grève générale mardi 24 septembre. 

L’armée veut imposer l’élection présidentielle de décembre en décuplant la répression. Les informations concernant des arrestations se multiplient ces derniers jours. Karim Tabbou, ancien membre du FFS, Fodil Boumala, ancien journaliste et responsable de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie ont été arrêtés ces derniers jours. Plusieurs dizaines de militants du Hirak ont été arrêtés dans les différentes manifestations. Une vingtaine d’avocatEs de défense des 24 manifestants détenus le vendredi 13 septembre ont annoncé leur retrait pour protester contre la répression et l’instrumentalisation de la Justice par le pouvoir.

Et maintenant, alors que la mobilisation a repris un caractère extrêmement massif depuis début septembre, Gaïd Salah veut empêcher que les manifestations d’Alger soient réduites. Pour cela, il a déclaré : « Nous avons demandé à la gendarmerie d’arrêter les autobus et les voitures utilisés à cette fin ; de saisir et d’imposer des amendes à leurs propriétaires ». Et « chaque semaine des citoyens issus de différentes wilayas (préfectures) du pays vers la capitale afin d’amplifier les flux humains dans les places publiques, avec des slogans tendancieux qui n’ont rien d’innocent »« Leur véritable objectif est d’induire l’opinion publique nationale en erreur avec ces moyens trompeurs pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien »

Des cadres unitaires qui remplissent leur rôle

Les camarades du Parti socialiste des travailleurs ont bataillé pour réunir des cadres unitaires, avec parfois des hauts et des bas, des déclarations unitaires qui pouvaient paraître très en deçà des enjeux. Mais, en ce moment décisif, ils remplissent les tâches que nous estimons utiles. La réunion unitaire d’Alger des Forces pour l’Alternative démocratique a appelé le 9 septembre à renforcer l’auto-organisation indépendamment du pouvoir, en appelant « les Algériennes et les Algériens à adhérer à un processus fondateur souverain à travers la création de comités de base à l’échelle nationale ». Il s’agit de lutter contre un pouvoir qui prétend que la présidentielle est une échéance démocratique alors que « des dizaines d’Algériens sont détenus sur la base de leurs opinions et positions politiques ».

Et ce mardi 17 septembre, les forces de l’Alternative démocratique de Bejaïa ont publié une déclaration appelant à la grève générale pour mardi 24 septembre. SATEF-SNAPAP- CLA- PST-PT- AVO88-CST-GAA-LADDH-RAJ-UGCA-Collectif enseignants/ATS Université de Bejaïa la justifie ainsi : « La situation est assez préoccupante et exige une riposte à la hauteur du défi. Il est désormais clair que les marches hebdomadaires ne suffisent pas à imposer le rapport des forces nécessaires pour en finir avec le système. C’est dans cette logique que nous appelons toutes les organisations politiques, syndicales, professionnelles et associatives et tous les citoyens qui aspirent au changement à œuvrer à la réussite de cette journée d’action qui a pour objectif d’exiger la libération des détenus du mouvement, la lever les restrictions sur les libertés démocratiques et d’exprimer notre rejet des élections. »Elle appelle aussi à faire échec à la présidentiel sur le plan de l’organisation concrète : « Nous saluons la corporation des avocats ainsi que les comités locaux de citoyens qui ont initié des actions de protestation contre les arrestations et les élections. Nous exhortons les magistrats et les P/APC à renouer avec leur engagement de rejet des élections exprimé au début du mois d’avril. »

Et ensuite ?

Le pouvoir ne peut pas tolérer que la situation actuelle se maintienne, il souhaite absolument reprendre le contrôle, et rapidement. Après avoir tenté la répression et l’essoufflement du mouvement pendant Ramadan et l’été, sa stratégie est simplifiée au maximum : réprimer par des arrestations et le fait d’empêcher les manifestations, et imposer par la force une présidentielle dans laquelle il va essayer d’imposer son candidat, peut-être Ali Benflis, ancien ministre de la Justice et chef du gouvernement avant d’entrer en divergence avec Bouteflika.

Le mouvement populaire va donc rechercher les voies pour faire face à ce coup de force. Les camarades du PST argumentent pour le développement des comités populaire, l’auto-organisation, l’entrée en mouvement du monde du travail par la grève générale et une assemblée constituante souveraine qui donne une concrétisation, des objectifs au mouvement révolutionnaire tant sur la plan politique que des mesures à prendre pour changer la société, comme la levée du secret bancaire pour savoir dans les mains de qui partent les richesses de l’Algérie.

Antoine Larrache