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Iglesias au garde-à-vous sur la Catalogne

Catalogne

Lien publiée le 21 septembre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/200919/iglesias-au-garde-vous-sur-la-catalogne-155-banco

Iglesias (et Podemos ?), fin de parcours. Chef d'un parti plus que jamais en crise, il est amené, dans sa folle volonté de gouverner avec les socialistes pour, pense-t-il, sortir la tête de l'eau, à faire allégeance à Pedro Sánchez. En lui disant en substance "tu es le chef, tu es la loi. Sur la Catalogne, même sur le 155, je te suivrai. Fais une place à Podemos au gouvernement" !

Dernière minute : quelques heures après avoir déclaré sur Antena 3 que Podemos appliquerait le 155 (cliquer sur le lien de la vidéo ci-dessous) s'il était au gouvernement présidé par Pedro Sánchez, Pablo Iglesias fait marche arrière sur son compte twitter mais toujours en biaisant (lire ici en espagnol) : désormais il déclare que Podemos a toujours "jugé inacceptable" la mise en oeuvre du 155 en Catalogne car la solution doit passer par le dialogue et les voies démocratiques. Et il le dira toujours. Remarquons simplement que c'est exactement ... ce qu'il a dit à la télévision. Ce qu'il ne dit pas, en revanche, c'est si, comme il le déclarait ce matin, il "assumerait", c'est le terme qu'il employait, ce que déciderait en la matière Pedro Sánchez en conformité avec la loi, traduisons, l'application de l'article 155 de la Constitution contre la Catalogne. En clair Pablo Iglesias fait de l'affichage politicien en produisant une rectification qui n'en est pas une pour rendre opaque la vraie portée de ses propos et propositions aux socialistes et ainsi limiter, autant que faire se peut, qu'ils ajoutent à la débâcle électorale qui se profile. Ce que nous disons ci-dessous nous apparaît donc encore plus d'actualité suite à ce "démenti" qui confirme le positionnement électoraliste du dirigeant podémite. Posté à 0h 16.

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Pablo Iglesias l'avait déjà suggéré (la Catalogne ne sera pas un problème entre nous, c’est-à-dire au gouvernement avec le PSOE), il le confirme, comme le relève le site catalan Vilaweb, quoique à sa façon « politicien comme les autres » qu'il est devenu à force de courir derrière le PSOE : sans dire "j'appuierais le 155, si le gouvernement de Sánchez, auquel je (ou, à défaut, d'autres de Podemos) participerais, l'appliquait en Catalogne", le chef de Podemos, en parfait maniement biaisé du langage, dis "j'assumerais que, dans ce gouvernement, le chef c'est Sánchez et je respecterais la loi" (vidéo, en espagnol, à voir ici(1). Voilà le terminus de la trajectoire de celui qui est advenu au premier plan de la politique grâce au mouvement indigné des places en 2011 : ce mouvement qui, sans s’occuper de savoir si l’occupation de la Puerta del Sol était légal, disait PP-PSOE, c'est la même merde ! Ce que la suite a confirmé, comme le soutien du PSOE au 155 anticatalan en 2017. Tout était pourtant déjà dit dans les pratiques verticalistes de fonctionnement interne de Podemos. L'héritier du mouvement de masse horizontaliste avait en effet immédiatement, dès le premier congrès du parti, tout verrouillé en interne pour que le culte du chef soit la balise de tout positionnement politique des militants ainsi dépossédés de fait de toute capacité à définir collectivement et démocratiquement l’orientation du parti. Avec le résultat que l’on sait : la fuite des militants, les cercles de base devenus des coquilles politiques vides et la dégringolade électorale d’un parti qui est perçu rentré dans le rang. Et comment !

En stérilisant ce que la révolte des places avait commencé à tracer pour favoriser l’émergence des pratiques de contestation antisystème, Iglesias a inoculé le poison systémique de l'obéissance à un leader, à LUI (lire ici) pour que, exactement comme le distille quotidiennement ledit système, par mille canaux médiatiques et politiques, il soit acquis que tout se passe, tout doive se passer, dans et par les institutions sous la houlette des « représentants », loin, très loin des « représentés ». Pas dans la rue ou les places ou les lieux de travail. Non, dans les couloirs du Congrès, dans les bureaux des partis...

La classe dirigeante, à travers le PSOE, joue aujourd’hui à se faire peur, en posant que Iglesias aurait encore quelque chose à voir avec les Indigné-es. Sans craindre le grotesque, Pedro Sánchez nous avoue aujourd'hui qu'il ne parviendrait pas à trouver le sommeil s'il gouvernait avec Podemos (lire ici) ! L'élite sociale et politique espagnole joue et sujoue la paniquée car elle sait parfaitement, et les faits le lui confirment à chaque instant dans les actuelles négociations foutage de gueule pour gouverner (un "cirque" pour Elisa Beni), qu'Iglesias s'aplatit toujours plus pour avoir ses ministères, en passant la marche arrière, toujours plus en arrière. Sans plus poser le début d’une esquisse d’analyse de la place qu’occupe le PSOE dans le système de domination des élites depuis 1978-1982 (lire ici) et de ses permanents clins d'oeil vers Ciudadanos. La Catalogne, qui est la pointe avancée de la mise en crise (républicaine) du régime, le démontre clairement : le PSOE, malgré la rhétorique du dialogue "territorial" nécessaire, rappelle régulièrement que la Constitution espagnoliste est intouchable et qui la touche part illico en prison et que c’est lui qui a les clés des cellules ! Oui, le 155 en Catalogne est l’épreuve du feu pour l’iglésisme : il dit le basculement de la direction de Podemos dans la défense de l’ordre en place. Même sur l’abrogation de la loi travail qui était le leitmotiv, la ligne rouge pour Podemos, Sánchez et sa ministre du Travail ont déclaré qu’elle n’était plus d’actualité, seulement aménageable à la marge. Rien n’y fait : le chantage de Sánchez fonctionne à plein : faire reculer le plus loin Podemos dans ses exigences pour finir par lui claquer la porte au nez. C’est à une véritable démolition en règle de l’image du parti trublion que prétendait être Podemos que s’est attelé le PSOE avec l’incroyable masochiste consentement du démoli à être toujours plus démoli ! La visée de Sánchez est en fait de reconstituer (à son profit), utopie probablement illusoire en ces temps de crise de la représentation, le bipartisme que les Indigné-es ont fait exploser et c’est, de fait, cet acquis de ce mouvement qui est dans le collimateur sanchiste : en piétinant, avec son accord, Podemos, bien qu'il ait renié tout ce qu'il devait à l'indignation des places, c’est l’idée même que l’on puisse contester le système qu’il faut écraser ou extirper des esprits. Ce qui en dit long sur la frousse que l'incendie puisse repartir ! (2)

C’est pourquoi le mouvement indépendantiste catalan, quelles que soient les critiques que l’on puisse lui adresser, doit être soutenu, non d’ailleurs tant pour l’indépendance qu'il promeut que parce qu’il est le seul à défendre ce que le régime ne peut concéder, le droit à l’autodétermination, ce droit démocratique fondamental (qui, au demeurant, va bien au-delà de la seule question territoriale) que la Constitution de 1978 a justement décidé d’évacuer. En quoi la légitimité démocratique doit être invoquée supérieure à une loi antidémocratique (lire ici). En cédant sur la Catalogne, Iglesias signe son appui à la volonté du système, via le PSOE mais cela pourrait être le PP ou Ciudadanos, de détruire la seule force d’envergure qui le conteste actuellement et qui, si elle réussissait à s'imposer, pourrait faire tache d'huile : la mobilisation indépendantiste pour l’autodétermination de la Catalogne. Cela s’appelle une capitulation sur les droits démocratiques qui vient doubler la trahison d’un mouvement des Indigné-es qui, n’ayant pas eu les moyens de sa traduction politique, avait en quelque sorte délégué à Podemos de continuer son combat pour l'alternative sociale avec une forte composante anticapitaliste ! Triste démonstration de ce qu’il en coûte de sombrer dans l’électoralisme et de finir à la traîne d’un parti historique des pouvoirs en place. Lequel parti se nourrit des désillusions provoquées par ceux qui, aujourd’hui, le nez dans le caniveau politicien, affirmaient initialement vouloir « prendre d’assaut le ciel ».

Que l'on médite, bien au-delà de l'Espagne, la dynamique sans solution de continuité qui aura vu celui qui s'est imposé chef autocratique (la redondance est de règle) de Podemos affirmer que le chef c'est désormais Sánchez, lui-même en allégeance, pas si symbolique que l'on dit, très politique, au chef suprême, le roi ! En cherchant à ce que reste esquivée la question qui tue : qui t'a fait roi ? Question qui, à rebours, vaut aussi pour Sánchez et pour ... Iglesias !

Moi Sánchez, je prendrais Iglesias aux mots de ses palinodies successives et de ses fuites en avant, en arrière, et je lui donnerais le ministère de l’Intérieur avec l’ordre de mission 155… Histoire de finir de boucler la démonstration que Podemos est désormais vraiment un parti frère, un parti du régime, un parti aux ordres ! Il reste à tourner la page de Podemos et à espérer que s’explorent de nouvelles voies pour la reconstruction de l’espoir de changer l’ordre des choses. En sachant que cela ne pourra pas avoir lieu en faisant l’impasse sur les droits démocratiques de la Catalogne que 600 000 personnes (qui dit mieux aujourd’hui dans l’Etat espagnol ?) ont portés haut et fort lors de la dernière Diada ! Dans la rue !

(1) Suite à une remarque d'un lecteur sur FB, je précise : Iglesias insiste sur sa volonté que Podemos entre au gouvernement dirigé par le PSOE malgré l'échec des négociations à ce propos et la prochaine dissolution du Congrès des députés (le 24 septembre) et la convocation des élections le 10 novembre. Tenace, il reproposera dès le 11 novembre que soit constitué le gouvernement de coalition que fort probablement le PSOE refusera à nouveau d'autant plus fermement que les pronostics électoraux ne sont pas bons pour le parti d'Iglesias.

(2) Il est intéressant de noter que Sánchez a avoué apprécier Iñigo Errejón qui a rompu avec Iglesias avec une image aussi institutionnaliste que lui mais depuis longtemps plus consensuelle, nullement obérée par les "anticélestes" foucades de son ex camarade des premiers temps podémites. Très manoeuvrier, comme il se doit, le dirigeant socialiste se sert certes de l'ancien proche de Iglesias pour enfoncer encore plus celui-ci mais cela ne doit pas cacher l'affinité profonde qu'il ressent avec un ancien podémite rallié de façon plus crédible au régime et délesté depuis toujours  de toute sulfureuse "indignation". Lire ici

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