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    Le chiffon brun de Jacques Attali

    Lien publiée le 6 octobre 2019

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    « Le souverainisme n’est que le nouveau nom de l’antisémitisme. Les juifs et les musulmans, menacés tous les deux par lui, doivent s’unir face aux fantasmes du grand remplacement. » J. Attali, 4 octobre 2019.

    • Cette dernière sortie du mondialiste Jacques Attali, conseiller et faiseur de princes depuis quarante ans en France, est symptomatique. Il faut en effet, pour les prophètes du gouvernement mondial, que la souveraineté politique, celle de Rousseau dans Du contrat social, à l’échelle d’un État, la France, soit ethnicisée, rabattue sur un nationalisme étroit et identitaire. Soit pour la disqualifier chez Attali, elle serait donc antisémite ; soit pour la valoriser chez Zemmour, elle sera blanche et chrétienne. Zemmour et Attali sont l’envers et l’endroit d’un même processus de dépolitisation global. Ils en sont à la fois les symptômespathétiques et les agents actifs. Vous n’entendrez pas parler chez eux de gilets jaunes, de travailleurs déclassés, de souffrance des personnels dans les services publics, d’exploitation économique, de mépris social, de manifestations politiques matées et de népotisme assumé.
    • Dans ce contexte, tous ceux qui flattent les communautarismes à des fins électorales et clientélistes servent d’idiots utiles. Leur stratégie à courte vue condamne les plus fragiles économiquement, et de toutes obédiences, à subir la loi d’airain d’un libéralisme autoritaire qui oscillera désormais entre la trique et la com sur fond d’un no alternativegénéralisé. Dans une société qui ne parvient plus à se penser, faute de formation, les logiques pulsionnelles dominent. La couleur de peau fait office de muleta quand les identités religieuses seraient censées redonner un semblant d’ossature à un individu mollusque auquel on aurait retiré la colonne vertébrale pour le rendre toujours plus flexible et adaptable. Dans ce contexte, le retour des grands délires ethnicistes, favorisés par des problèmes migratoires réels et complexes, sert d’alibi et de faux nez. Alibi quand les plus cyniques gestionnaires des états de fait menacent du retour de la bête. De faux nez car le problème n’est pas là. Incapables de redonner à l’action publique une efficience contre les fossoyeurs du bien commun, nous démultiplions à l’infini, comme autant de signes de notre impuissance politique, des catégories qui ne renvoient à rien de réel dans nos expériences vécues et nos aliénations subies. Embarqués dans un naufrage à grande échelle, nous assistons comme impuissants à une auto-dévoration du capitalisme tardif qui prend la forme inquiétante d’un abandon de notre souveraineté dans tous les domaines.
    • Il est certainement illusoire de croire que nous pourrons retrouver le contrôle de nos vies et de nos actions en ne faisant que réduire l’échelle, en nous recroquevillant à des échelles de plus en plus petites : la ville, le quartier, la rue, la maison, le lit. Au mondialisme d’Attali nous devons certes répondre par un rétrécissement d’échelle qui peut seul nous redonner une forme de souveraineté perdue. Pire, une souveraineté aujourd’hui taxée, dans un délire qu’il faut prendre au sérieux, d’antisémitisme ou de nationalisme identitaire. Il est certain que l’action publique se mesure à l’échelle locale mais la démolition des États souverains ne sera pas le prélude à un retour à des échelles de souveraineté plus petites. Bien au contraire. L’effritement des structures collectives, la démolition programmée de ce qui garantit la cohésion politique d’un peuple, ce mot honni par les mondialistes, se paiera au prix très lourd d’un effondrement de toutes les échelles. Le sauve-qui-peut sera général, il commence à l’être, malheur aux innombrables perdants.
    • Nombreux sont ceux qui ne croient plus à l’avènement d’une République sociale, partant du constat que la politique n’a plus aucune efficience, qu’elle assiste impuissante au déploiement d’un ordre tératologique qui emportera tout. Le paradis des cochons des 1 % contre l’exploitation sans limite du reste sur fond de désastre écologique pour tous. C’est aussi ce que pense Attali. Cet acharnement contre la République, aussi brutal que systématique, ne doit pas nous faire oublier le retour en force de l’État dans les logiques de prédation du capitalisme avancé. Il est faux de dire que les nouvelles formes de prédations économiques peuvent fonctionner sans l’État. L’État y est au contraire omniprésent. Mais cet État s’éloigne chaque jour passant de la chose publique et du bien commun. Penser qu’il suffirait de se situer à côté de l’État pour retrouver une souveraineté politique est un leurre dans la mesure où la lutte se situe aujourd’hui à l’intérieur de l’État. Ceux qui défendent les services publics en France défendent la République égalitaire pas l’État policier. Ceux qui luttent pour vivre dignement de leur travail défendent la République sociale pas L’État au service des fonds de pension. Ceux qui luttent pour ne pas finir broyés et marginalisés défendent la République pas la République en marche vers un État garant de l’écrasement des peuples. Si l’on ne parvient pas à extirper la question de la République de celle de l’État, si l’on refuse de se battre, à l’échelle d’un pays, politiquement, nous finirons par perdre le peu qui nous reste. L’éclatement mental convient parfaitement aux mondialistes, amis des communautés les plus étriquées et des sectes élitistes les plus puantes qui les dominent cyniquement. Ce qu’ils ne supportent pas, c’est la souveraineté, le refus collectif, car enraciné dans la liberté de chacun, de marcher au pas, de suivre les jingles de la trique et de la com, de marcher tout court. Ceux qui refusent collectivement seront taxés de tous les maux, antisémitisme pourquoi pas, nationalisme sûrement. Les esprits libres et souverains n’ont pas à se laisser impressionner par de telles baudruches.