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À Barcelone, qui sont les militants d’extrême droite qui font des saluts nazis

Catalogne

Lien publiée le 19 octobre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/barcelone-neo-nazis-decryptage_fr_5da9b2ece4b04c4d24eb1e7c

Ils sont apparus dans les rues de la ville catalane lors des manifestations violentes de ces derniers jours, affrontant des antifascistes. Le HuffPost à Madrid nous explique qui sont ces néonazis empaquetés dans leurs drapeaux espagnols

Des militants espagnols d'extrême droite dans les rues de Barcelone dans la nuit du 17 au 18 octobre

ESPAGNE - Le centre-ville de Barcelone vit des nuits très agitées, et ce depuis la lourde condamnation de dirigeants indépendantistes par la justice espagnole (entre 9 et 13 ans de prison).

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des centaines de jeunes, criant “Indépendance”, ont monté des barricades enflammées dans le centre chic de la ville catalane et lancé des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre. Au total, selon la police, plus de 110 personnes ont été interpellées depuis le début de la semaine dont 16 jeudi soir. 

Mais lors de cette dernière nuit de tensions à Barcelone, un face-à-face entre partisans d’extrême droite de l’unité espagnole et antifascistes catalans, encadré par la police, a retenu l’attention. Dans la vidéo ci-dessous, on peut notamment voir les premiers effectuer de nombreux saluts nazis et entonner des chants fascistes et appelant à “l’unité de l’Espagne” devant les caméras.

Par ailleurs, plusieurs vidéos d’affrontements très violents entre membres des deux bords -parfois des lynchages-, à Barcelone et Tarragone, ont été publiées sur les réseaux sociaux ces dernières 24 heures, suscitant une grande émotion en Espagne.

Pour tenter de décrypter ces images et symboles violents dans les rues catalanes, Le HuffPost s’est tourné vers la rédaction du HuffPost Espagne et son chef du service politique Antonio Ruiz Valdivia.

Le HuffPost: Qui sont les personnes que l’on voit dans ces vidéos?

Antonio Ruiz Valdivia: En Espagne, les groupes néonazis sont limités, mais on les retrouve dans certaines manifestations liées, notamment, à l’unité de l’Espagne. Ça a été le cas pour l’exhumation de Franco ou au sujet de la Catalogne dernièrement.

Ils appartiennent généralement à des partis comme Falange (une organisation politique nationaliste d’obédience fascisante, NDLR) ou à des groupes comme Hogar Hogar. Désormais, beaucoup d’entre eux soutiennent Vox (parti d’extrême droite, NDLR).

On trouve les militants de ces groupes généralement à Madrid et à Barcelone. Et certains voyagent entre les deux villes.

Est-ce illégal de faire un salut nazi en Espagne? 

Ici, les symboles et les saluts fascistes ne sont pas interdits. Ce qui l’est en revanche, c’est le fait d’en mettre en avant dans des institutions, en vertu des lois sur la mémoire. Il est par exemple interdit d’avoir des monuments ou des rues aux noms de fascistes.

Ce qui serait un crime, c’est que ces symboles fascistes soient utilisés pour inciter à la haine, à la discrimination, à la violence ou pour justifier le génocide.

Peut-on parler d’une véritable poussée de l’ultra-droite en Espagne actuellement ? 

En effet. Jusqu’aux élections du 28 avril 2019, il n’y avait jamais eu de députés qui appartenaient à un groupe d’extrême droite comme Vox. Ce parti a été fondé en décembre 2013 avec un leader, Santiago Abascal, issu du Parti populaire (PP, l’ancien parti au gouvernement) et opposé au président du gouvernement de l’époque, Mariano Rajoy (PP).

Pour mesurer la montée en puissance de Vox, il faut prendre en compte ces données: lors des élections générales de 2016, ils avaient obtenu à peine 0,2% des voix (47.000 votes), alors que lors des dernières élections générales du 28 avril de cette année, ils ont obtenu 10,26% des voix (2,7 millions de votes). Cette croissance est due principalement au débat autour de l’indépendance de la Catalogne et à l’arrivée du socialisme au gouvernement. Voilà ce qui a réactivé le vote extrémiste.

L’Espagne va avoir de nouvelles élections le 10 novembre et Vox peut alors devenir le troisième ou quatrième parti du pays, devant Podemos (extrême gauche) et Ciudadanos (libéraux).

Pourquoi ces militants d’extrême droite sont-ils dans les rues ces derniers jours?

Ils profitent du conflit catalan, un sujet qui les obsède, pour manifester. Mais leurs actes visent avant tout à créer le chaos et prennent une tournure violente. Leur but est de se montrer extrêmement fermes face à l’indépendantisme.

L’indépendantisme catalan est-il l’un des responsables de la montée de l’extrême droite en Espagne?

Les indépendantistes ne sont pas d’accord avec ça, mais la Catalogne a été un facteur très important.

Une partie de la société espagnole estime qu’on devrait être plus dur avec les souverainistes, car ils ont enfreint la loi et organisé un référendum illégal.

Cette question crée énormément de tensions à droite, et à l’extrême droite, deux parties de l’échiquier politique qui se présentent comme les garantes de l’unité de l’Espagne et ça paie dans les urnes.

Quels sont les autres facteurs de cette poussée à droite? Doit-on chercher du côté du chômage, de l’immigration, de la pauvreté?

L’immigration est un argument de Vox, mais surtout dans des villes avec un afflux de migrants, comme à Almeria. Mais, en général, l’immigration n’est pas perçue comme un gros problème en Espagne.

Il y a d’autres facteurs qui ont polarisé la société espagnole, comme l’homophobie ou le souhait de certains de voir la loi contre les violences de genre abrogée.

La différence avec la France, c’est que ça n’est pas la classe ouvrière qui se tourne vers cet extrémisme-là, mais principalement des hommes âgés de 30 à 50 ans avec un bon niveau social. D’ailleurs, les dirigeants de Vox sont de bonnes familles, parfois même millionnaires.

Cette mobilisation de l’ultradroite et ces images ravivent-elles quelque chose de particulier aux yeux des Espagnols?

Il faut se souvenir que l’Espagne a vécu sous un régime fasciste de 1939 à 1975, sous la dictature de Franco. Une période sombre de notre histoire, sans liberté et sous la coupe d’un régime catholique très strict. Depuis, l’extrême droite était une minorité, sans représentation politique au pouvoir.

Bien que Vox ne semble pas être en mesure de gouverner, il est inquiétant de constater la rapidité avec laquelle ce parti s’est installé dans les institutions. Et comment il est assumé, sans dilemme éthique, par le PP et les citoyens.

Vox -un parti homophobe, machiste et raciste-  et ces images représentent le souvenir douloureux du passé fasciste de l’Espagne et beaucoup de citoyens voient ça comme une régression.

L’Espagne s’est vantée, avec le Portugal, d’être une oasis contre l’extrême droite, et l’on constate désormais que Vox pourrait être le troisième parti dans notre pays... Et, plus inquiétant encore: l’extrême droite rencontre de plus en plus de soutien chez les jeunes. Plus que chez les personnes âgées qui, elles, ont connu le régime de Franco.