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Aulnay: l'après-PSA se prépare déjà
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A quoi ressemblera demain le site PSA d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis ? Près de cinq mois après l'annonce officielle par le groupe automobile de la fermeture, en 2014, de cette usine de 3.000 salariés qui ne fabrique plus qu'un seul modèle - la Citroën C3 -, afin de concentrer sa production sur l'usine soeur de Poissy, dans les Yvelines, on commence à y voir un peu plus clair.
Comme elle s'y est engagée auprès de l'Etat et des collectivités locales, la direction de PSA est en tout cas pleinement impliquée dans la « revitalisation » du site, avec une première feuille de route : sa vocation industrielle devra être préservée. Un point sur lequel toutes les parties concernées sont tombées d'accord. Y compris la mairie d'Aulnay, qui aurait pu voir dans cette fermeture l'opportunité de bâtir des logements, commerces ou bureaux... Autre avancée des dernières semaines : les organisations syndicales, qui, dans un premier temps, ne voulaient pas entendre parler de fermeture, ont accepté à la mi-novembre d'entrer dans le vif du sujet, en entamant avec la direction la négociation du volet social du plan de sauvegarde de l'emploi.
Dans ses grandes lignes, ce plan prévoit, d'une part, le transfert à Poissy de 1.500 salariés sur 3.000 et, d'autre part, l'implantation de nouvelles entreprises à Aulnay, pour le reclassement des 1.500 autres personnes. Cela permettrait au groupe de tenir sa promesse de ne procéder à aucun licenciement sec. Un sacré pari dans le contexte actuel...
Une surface de 180 hectares
A en croire les différents protagonistes, il ne devrait pourtant pas être trop compliqué d'attirer des investisseurs à Aulnay. Il y a d'abord l'emplacement, stratégique : une gigantesque surface de 180 hectares à moins de 20 kilomètres du centre de Paris. Bordé par l'aéroport du Bourget à l'ouest et celui de Roissy au nord, irrigué par trois autoroutes et un embranchement ferroviaire pour le fret, desservi par le RER et, dans quelques années, par le futur métro automatique Grand Paris Express, le site d'Aulnay a, sur le papier, un pouvoir d'attraction exceptionnel. Il est en outre facilement aménageable : PSA, son propriétaire, n'utilise plus que la moitié du terrain ; l'autre moitié est d'ores et déjà disponible ou rapidement libérable.
Dès lors, « nous pouvons procéder en deux phases », explique Denis Martin, le directeur industriel de PSA. Dans un premier temps, de nouvelles entreprises devraient s'installer sur les parcelles disponibles. Le but, explique Bernard Weill, directeur des projets industriels chez PSA, est qu'elles étalent leurs 1.500 embauches de la fin 2013 au début 2015 afin de faire la soudure avec la fermeture de l'usine. Commencera alors la phase suivante : PSA démolira son usine, et mettra le terrain libéré à disposition d'un nouveau groupe d'investisseurs, qui pourront s'y installer vers 2016 ou 2017. A terme, l'objectif affiché est de « doubler le premier apport de 1.500 emplois, afin de retrouver à Aulnay un noyau industriel équivalent au nombre d'emplois qui auront été perdus », espère Daniel Canepa, le préfet de la région Ile-de-France.
Logistique à valeur ajoutée
Concrètement, où en est-on aujourd'hui ? Aidé dans sa recherche d'investisseurs par le cabinet BPI, PSA assure avoir déjà identifié un portefeuille d'activités prêtes à s'implanter sur place. Avec à la clef « 1.250 emplois, chiffre Bernard Weill, dont un millier en créations nettes [qui pourront donc être proposés aux salariés de PSA, NDLR] ». « Compte tenu de l'attractivité du site, nous ne doutons pas que nous réussirons à atteindre notre cible de 1.500 emplois », ajoute le directeur des projets industriels. La piste la plus prometteuse est celle du groupe de logistique ID Logistics, qui envisage de créer 600 emplois en occupant 20 hectares de terrain. Son projet répond à la demande de la mairie d'Aulnay et du onseil général de Seine-Saint-Denis, qui souhaitent voir embaucher en priorité des salariés de PSA. « Les reclassements de personnels ouvriers, nous savons faire, rassure Eric Hémar, le PDG d'ID Logistics. 20 % de nos 4.000 collaborateurs en France sont des salariés que nous avons repris à nos clients industriels et distributeurs. » Et cet investisseur potentiel répond par avance aux inquiétudes du préfet de région, qui a prévenu qu'il s'opposerait à l'installation de simples activités d'entreposage, très gourmandes en surface, mais créant peu d'emplois. « Nos clients intéressés sont par exemple des distributeurs demandant que nous préparions leurs commandes à Aulnay, puis que nous livrions rapidement leurs magasins de centre-ville », détaille Eric Hémar. Autrement dit, de la logistique à valeur ajoutée nécessitant des compétences en préparation de commandes, en gestion des stocks ou en expéditions, et correspondant bien aux qualifications de certains salariés de PSA.
Outre ID Logistics, le constructeur français a dans ses cartons un projet assez avancé du belge Galloo, portant sur la dépollution des véhicules usagés et le recyclage de leurs matériaux. Quelques dizaines d'emplois pourraient ainsi être créés. Parmi les autres pistes, moins matures, figurent une activité de caoutchouc pour usines de pneumatiques, une unité de déconstruction de voitures voyageurs de la SNCF, des centres d'appels, ainsi qu'un atelier de production et maintenance de matériel de nettoyage de sols industriels.
« Un patchwork d'industries »
Et puis il y a le projet de l'américain UniTech. Ce groupe spécialisé dans le lavage des vêtements portés par les personnes travaillant en environnement nucléaire songerait en effet à installer une blanchisserie industrielle à Aulnay. Un dossier suivi de près par Areva, qui veut justement fermer la blanchisserie de son usine de retraitement de La Hague, et favoriserait ainsi la création, à terme, de 50 à 100 emplois en Seine-Saint-Denis. Pas sûr, cependant, que l'implantation de cette unité soit du goût de tout le monde. Et le sujet s'annonce de toute façon compliqué : compte tenu de sa nature, il nécessiterait le déclenchement d'une enquête publique...
Pour l'heure, le maire (PS) d'Aulnay, Gérard Ségura, se préoccupe surtout de la cohérence entre tous ces projets, et se demande comment ils s'articuleront avec les suivants. Concernant la première phase, « on nous présente un patchwork d'industries qui n'ont pas de liens entre elles », regrette-t-il. Le maire craint aussi que les premiers arrivés occupent les meilleurs terrains, alors qu'on ne sait pas encore précisément quels types d'activités pourraient être accueillies dans la deuxième phase, lorsque l'usine Citroën aura été démolie.
Pour pérenniser l'activité économique du site, et assurer une cohérence d'ensemble, Gérard Ségura a, en septembre, fait adopter à l'unanimité en conseil municipal une résolution lui permettant de geler pendant deux ans toute demande de permis de construire qu'il jugerait inadaptée. Il a aussi fait savoir qu'il n'hésiterait pas non plus à brandir cette arme de dissuasion si, par exemple, un investisseur potentiel offrait des garanties insuffisantes sur le maintien du salaire, de l'ancienneté et des acquis sociaux de salariés issus de PSA. Ce faisant, l'élu socialiste marche résolument sur les plates-bandes du groupe automobile, propriétaire des terrains. Mais « PSA et le maire sont condamnés à s'entendre », estime le préfet de région Daniel Canepa. Le premier n'a pas intérêt à soutenir un projet de revitalisation « au rabais ». Quant au second, il ne peut pas prendre le risque de refuser ou de retarder un dossier créateur d'emplois sans motifs réels et sérieux...
Un musée Citroën ?
En attendant, pour que cette cohabitation porte ses fruits, il est nécessaire de définir au plus vite une stratégie industrielle pour les terrains de la phase 2. La mairie plaide, et PSA est d'accord sur le principe, pour qu'une partie du foncier accueille des activités liées à l'automobile. Aujourd'hui fermé au public, le Conservatoire Citroën, un bâtiment en lisière du site qui recèle un trésor de 400 modèles fabriqués en près d'un siècle par la marque aux chevrons, pourrait ainsi devenir un musée au coeur d'un « village de l'automobile », comprenant également des succursales Peugeot et Citroën, et un centre de formation pour les réseaux de revendeurs. Mais, jouant de la proximité avec Roissy et Le Bourget, la municipalité voudrait surtout attirer des activités aéronautiques, par exemple de sous-traitance. PSA n'est pas contre. Les services de l'Etat et de la région, ainsi que certaines communes riveraines, semblent, eux, plus réticents, car le projet Grand Paris prévoit de localiser cette activité dans la zone du Bourget. Reste à savoir si le potentiel de développement de l'aéronautique en région parisienne est suffisamment grand pour faire vivre plusieurs sites des environs. Reste aussi à attirer les industriels de l'aéronautique...