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Élection régionale en Italie: une première gifle pour la nouvelle coalition ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Dimanche, le scrutin en Ombrie sera l'occasion pour le gouvernement PD/M5S de mettre sa popularité à l'épreuve après 50 jours au pouvoir.
De notre correspondant à Rome,
« L'élection de dimanche est importante puisque ce sera le premier test pour le gouvernement de coalition formé en septembre dernier », souligne Lorenzo Castellani, professeur de sciences politiques à l'université Luiss de Rome. Et de poursuivre : « Surtout, pour la première fois, le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles vont soutenir un candidat commun contre l'alliance de centre droit (composée de la Ligue de Salvini, de Forza Italia dirigé par Silvio Berlusconi et du parti néofasciste Fratelli d'Italia, NDLR). »
Le « cœur rouge » de l'Italie
Une initiative commune qui peine encore à convaincre tant l'affrontement politique entre les deux formations (et notamment à l'échelon local) a été intense ces dernières années. En Ombrie, on se souvient notamment des violentes critiques du M5S contre l'ex-présidente de région, Catiuscia Marini (PD), poussée à la démission pour son implication présumée dans un scandale touchant le secteur hospitalier régional. Un passé pas si lointain que se plaît à rappeler ces derniers jours l'ancien ministre Matteo Salvini : « En Ombrie, on vote d'abord parce que le M5S a mis fin au conseil dirigé par le PD. Maintenant, ils sont ensemble sur le bulletin de vote. »
La pression est donc lourde sur les épaules de Vincenzo Bianconi, le candidat commun, censé éviter que cette région du « cœur rouge » de l'Italie (contrôlé par la gauche depuis plusieurs décennies) passe aux mains de la droite. Les sondages ne sont pas optimistes et placent l'entrepreneur d'Ombrie derrière la sénatrice de la Ligue Donatella Tesei, porte-drapeau de la coalition de centre droit.
Mobilisation
Alors, pour tenter d'éviter le naufrage, l'exécutif se mobilise. À deux jours du scrutin, les poids lourds du gouvernement se sont donné rendez-vous en Ombrie. Giuseppe Conte (président du Conseil), Luigi Di Maio (chef du M5S et ministre des Affaires étrangères) ou encore Nicola Zingaretti (patron du PD) : tous sont venus afficher, avant le vote, la solidité de l'attelage exécutif italien. On vante également « la loi de budget 2020 » récemment élaborée, symbole de la collaboration possible entre les deux partis.
Sur l'issue du scrutin, le leader du Parti démocrate n'a pourtant pas caché ses doutes dans une interview à La Repubblica cette semaine : « En Ombrie, nous partons avec un désavantage. Nous avons perdu beaucoup de municipalités au cours des dernières années, il y a eu des scandales, mais si nous nous étions présentés de manière divisée, nous n'aurions même pas pu jouer le match. » « Cependant, on vote ici pour des régionales », précisait également Zingaretti, comme pour déjà relativiser le revers à venir.
Gare à l'effet domino
Pour Lorenzo Castellani, cette union affichée de l'exécutif n'est pourtant pas sans risque : « À vouloir apparaître “ensemble”, ils risquent surtout de perdre “ensemble”. En cas de défaite électorale en Ombrie, c'est tout le gouvernement qui va être impacté. » Certes, l'exécutif ne s'écroulera pas, prévient le chercheur de l'université Luiss de Rome, mais « le soutien populaire de ce gouvernement, né d'un marchandage entre parlementaires, sera encore plus mince. Et cela pourrait avoir des conséquences pour toutes autres élections à venir l'an prochain ».
Bien évidemment, l'importance du scrutin en Ombrie n'a pas échappé au principal opposant de la coalition M5S/PD. Matteo Salvini a en effet multiplié les interventions dans la région en amont du vote. Le Milanais le répète, l'élection de dimanche sera « un test national ». Pour « Il Capitano », l'objectif est triple : ravir la région au centre gauche, faire gonfler les votes de la Ligue et surtout, donner, selon les mots du leader de la Ligue, la « première gifle » à l'exécutif Conte bis.