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Au moins 600 sans-abri sont décédés en 2018 (et la réalité pourrait être six fois pire)
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le collectif Les morts de la rue a recensé 612 décès de personnes SDF mais cette triste liste est loin d'être exhaustive.
Plus de 600 personnes sans-abri sont décédées en 2018, selon un rapport publié ce mardi 29 octobre par le collectif Les morts de la Rue qui analyse ces décès chaque année. Et ce chiffre pourrait être bien en deçà de la réalité.
En 2018, le collectif, qui recense les décès en s’aidant de signalements de ses partenaires et des médias, a dénombré précisément 612 personnes mortes dans la rue, 15% de plus que l’année précédente.
Mais “on est très loin de l’exhaustivité”, met en garde la coordinatrice du collectif, Cécile Rocca. De précédentes recherches avaient ainsi estimé que le nombre réel des SDF décédés était six fois plus important que celui recensé par le collectif.
Les SDF dont la mort a pu être recensée en 2018 sont en moyenne décédés avant 50 ans, soit “30 ans plus tôt que la moyenne de la population”, a annoncé le collectif. “Les personnes sans domicile continuent à mourir de manière très anticipée par rapport à la moyenne nationale”, a déploré Cécile Rocca. “Ils meurent trente ans plus tôt que la moyenne de la population, en été comme en hiver. Ce n’est pas une histoire de saison, mais les conditions de vie à la rue qui sont en cause.”
Des hommes jeunes, malades ou souffrants d’addictions
L’analyse des conditions de ces décès montre aussi la violence de la vie à la rue: ces SDF sont morts en moyenne à “48,7 ans contre 82,18 ans en population générale”, et 27% des morts sont liées à “des accidents, des agressions ou des suicides”, 36% à des maladies.
“Les personnes SDF décédées sont majoritairement des hommes jeunes qui ont vécu de longues années à la rue, et qui ont souffert de maladies, d’addictions et de troubles psychiatriques”, selon l’étude.
Le collectif souhaite également attirer l’attention sur les femmes, souvent “invisibles” dans la rue. Elles représentent 9% des décès recensés entre 2013 et 2018, mais ce chiffre est “très probablement sous-estimé”, estime-t-il. Et l’analyse montre qu’elles meurent encore plus tôt que leurs homologues masculins, à 45,6 ans en moyenne, le plus souvent d’une maladie.
Face à cette réalité, “Les morts de la rue” réclame des mesures spécifiques: mise à l’abri prioritaire, structures d’hébergement non mixtes, accès aux soins renforcé... Le collectif recommande également de renforcer la continuité de l’accompagnement social et médical de tous, hommes comme femmes.
“Certains lieux d’urgence sont devenus des locaux de stabilisation alors qu’ils ne sont pas faits pour ça”, déplore Cécile Rocca. “On met à l’abri pendant l’hiver car il fait froid, mais ce qui aide vraiment les personnes, c’est une prise en charge dans la continuité.”