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Il arrive que tous les livres (et leurs auteurs) ne soient pas respectables
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://yetiblog.org/archives/20455
Quelques exemplaires de livres déchirés [photo], un auteur empêché de faire sa conférence et exfiltré d’une université comme un malpropre, et voilà les beaux esprits prompts à monter au créneau de l’indignation sur l’œuvre outragée, humiliée, piétinée.
Le livre : « Répondre à la crise démocratique ». Son auteur : François Hollande, un ex-président de la République, défroqué avant d’avoir pu se représenter. L’université : Lille 2, assaillie par des étudiants rendus fous de colère après la tentative de suicide par désespoir d’un des leurs à Lyon.
Les formules ampoulées sur la sacro-sainteté du “Livre” ont bon dos. Pour avoir travaillé plusieurs dizaines d’années dans l’édition, je sais qu’il y a des livres qui méritent le pilon sans concession, des livres devenus de vulgaires produits que ne respectent même pas leurs éditeurs, sauf pour l’argent qu’ils peuvent rapporter ou la propagande qu’ils déversent. Le livre de François Hollande a manifestement été publié dans le cadre d’une vulgaire campagne visant à orchestrer le retour d’un politicien pourtant déconsidéré.
Un processus révolutionnaire ne fait pas de quartier
Oui, il y a des livres qu’il ne m’aurait pas soucié de brûler : Mein Kampf, par exemple, avant qu’il ne produise ses millions de morts dans d’ignobles fours. Et je vous fiche mon billet que parmi les beaux esprits plus prompts à s’enflammer sur les pages arrachées d’un livre-marketing que sur le corps immolé d’un étudiant désespéré, nombreux sont ceux qui foutraient volontiers le feu à d’autres ouvrages qu’ils abominent : Crépuscule de Juan Branco, par exemple. Quant au torchon du pauvre Hollande, il ne méritait même pas cette vengeresse attention, lui qui s’est tout juste vendu à 940 petits exemplaires en une semaine de battage médiatique.
« Là où on commence par brûler des livres, on finira par brûler des hommes », écrivait à juste titre Sigmund Freud en 1938. Mais les tartuffes qui hurlent à l’autodafé d’une vulgaire plaquette électorale, feraient bien de s’aviser qu’un processus révolutionnaire est aujourd’hui enclenché dans notre pays, d’ailleurs relancé par le soulèvement étudiant d’hier, et dans lequel l’ex-président de la République, auteur de l’ouvrage vilipendé, porte une écrasante part de responsabilité.
Les révolutions ne font pas de quartier, pas plus dans un camp que dans l’autre – voulez-vous que l’on rappelle le nombre d’éborgnés, d’amputés et de mutilés depuis un an par une police transformée en sinistre milice pour défendre un ordre établi devenu insupportable ? Et oui, lors des révolutions, il arrive que le peuple finisse par bruler ceux qui s’obstinent à l’oppresser et à le détrousser. Pleurnicher au nom d’une démocratie depuis longtemps viciée et appeler une citation grandiloquente d’un psychanalyste du passé à la rescousse ne sert plus à rien.