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    Discussions sur la situation présente

    Décembre2019

    Lien publiée le 13 décembre 2019

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://aplutsoc.org/2019/12/13/discussions-sur-la-situation-presente-compilation-au-13-12-2019/

    La tension sociale de ses derniers jours suscite réflexions et discussions chez ceux qui cherchent la voie de la victoire par la construction de la grève générale. Nous proposons à nos lecteurs une compilation de plusieurs contributions ou correspondances au débat émanant de divers camarades.

    Pour commencer, nous signalons la contribution de Serge Goudard, intitulée « France, décembre 2019. La grève de masse déferle, mais doit surmonter de réels obstacles » consultable sur le site d’Alencontre.

    Ensuite, nous avons reçu une contribution de Pierre Salvaing que nous reproduisons ci-après (document 1).

    Les camarades du groupe Frondeurs CGT RATP ont aussi envoyé des correspondances les 9 et 10 décembre se rapportant aux obstacles mis à la tenue de vraies AG et à l’élection de comités de grève véritables émanations de ces AG (documents 2 et 3).

    Document 1

    GREVE DE MASSE CONTRE POLITIQUE DES APPAREILS

    Par Pierre Salvaing

    Mercredi 11 Décembre 2019

    Je pense que le point de départ de l’analyse de l’actuelle situation sociale et politique française, et donc ce qui commanderait l’action, devrait être le suivant.

    Les masses en sont en France à un point de colère et d’insatisfaction qu’il ne faut pas grand-chose pour les mettre en mouvement. C’est ce qu’elles tentent de faire. La question de la grève générale est, encore pour l’heure, dans l’air, non comme mot d’ordre, qui n’est et n’a jamais été opérant, mais comme possibilité de réalité.

    Le mouvement des Gilets Jaunes de l’an dernier constituait une sorte d’avant-garde, certes confuse et disparate, mais dont une des qualités principales est d’avoir échappé à l’emprise des appareils en les contournant, tout en précisant assez rapidement sa volonté très majoritaire d’affronter le gouvernement bourgeois.

    Les appareils syndicaux le savent très bien. Ils disposent d’instruments de mesure de l’état d’esprit des masses incomparablement plus précis que les miens. Ils en tiennent compte rigoureusement dans leurs manœuvres.

    Depuis des années et des années, et surtout depuis la quasi-disparition des partis d’origine ouvrière, le Parti Communiste Français (PCF) et le Parti Socialiste, les appareils syndicaux sont en charge, pour le compte de la bourgeoisie, d’une tâche difficile, mais dont ils s’acquittent jusqu’ici avec quelque succès. Ils sont à mon avis incontestablement le plus ferme et indispensable soutien à la bourgeoisie et à son gouvernement. Sans eux et sans leur appui constant, la bourgeoisie ne parviendrait pas à gouverner correctement suivant les plans d’attaque qui sont les siens. Elle aurait à faire face à une crise bien plus grave que les difficultés qu’elle connaît déjà. Elle aurait déjà reculé afin d’espérer ne pas tout perdre.

    Les appareils, celui de la Confédération Générale du Travail (CGT) en tête, ont différé et retardé autant qu’ils ont pu l’expression concentrée de cette colère politique des masses. Le choix de la date du Jeudi 5 Décembre 2019, près de deux mois après la grève pratiquement totale de la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP), est leur réponse. Mais c’est une réponse qui contient malgré tout le danger d’explosion incontrôlée. La récente grève victorieuse du technicentre de la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) de Châtillon, qui s’était menée contre leur accord, leur a servi d’avertissement.

    C’est pourquoi ce sur quoi devrait à mon avis porter l’attention des militants désireux de participer à ce combat et d’agir utilement en son sein, ce sont les différentes formes d’expression et d’action par lesquelles les masses, ou des fractions d’entre elles, cherchent à échapper à l’emprise des appareils et à contrôler leur propre mouvement, qu’elles appartiennent ou non au mouvement ouvrier officiel et estampillé. La spontanéité est plus que jamais un élément déterminant pour modifier la situation.

    De ce point de vue, il faut bien constater que, globalement, jusqu’ici, les appareils, la CGT en tête, sont parvenus à contenir le mouvement dans des limites compatibles avec l’offensive gouvernementale. La grève du Jeudi 5 Décembre 2019 n’a pas été une grève générale, encore moins le déclenchement de celle-ci, et c’est la tactique pourrie des temps forts, créés pour générer des temps faibles, qui prévaut. A coups redoublés de temps forts, les appareils frappent contre les salariés qui veulent en découdre et gagner et qui veulent que disparaisse la réforme des retraites.

    C’est, entre autres, la même tactique globale que celle qui leur avait permis de briser au printemps 2018 le mouvement des cheminots et de faire gagner Emmanuel Macron. Et c’est aujourd’hui ce qui semble prévaloir. Ce qui ne veut pas dire que la tendance ne peut pas encore s’inverser.

    Une large et compréhensible incompréhension de cette situation et de ce rapport de forces conduit la plupart des petits groupes militants se réclamant plus ou moins du marxisme et de la révolution prolétarienne à river leurs yeux et leur analyse sur la grande vague en laquelle ils placent tous leurs fantasmes. Alors que ce qui me parait nécessaire serait d’aider où c’est possible les travailleurs, les prolétaires et la jeunesse, à discerner ce qui leur est utile pour combattre la politique destructrice des appareils.

    Du fait de cette grave amblyopie, ces petits groupes dont la plupart surnageant du naufrage de ce qui cherchait à être, à construire ou reconstruire, la quatrième internationale, ont tendance à fondre dans leurs analyses enthousiastes les appareils dans les masses. Cette ténébreuse et profonde unité ne peut qu’amener confusion et impossibilité de combattre dans la clarté. Or c’est précisément l’élément qui manque le plus à l’immense masse de travailleurs et de prolétaires qui cherchent à gagner contre ce gouvernement et même à le faire tomber.

    Je suis d’accord avec le fait que les mots d’ordre d’aucune négociation et de retrait pur et simple de la réforme des retraites peuvent prendre force et faire levier auprès d’un grand nombre.

    Il y a certainement beaucoup à dire et à redire dans ces réflexions trop générales, rien ne vaut l’élaboration et la confrontation collectives et fraternelles.

    Document 2

    Le Comité de Vitry Bus RATP hier a été dissout, sa motion rejetée, pourquoi ?

    Le matin même la poignée de responsables CGT locaux ( des mecs relevés en permanence et liés par cela à l’appareil ), avec le renfort d’une bande de gueulards staliniens du 94, habillés en la circonstance en gilets jaunes, renforcés par une bande de jeunes gauchistes soit disant étudiants, dès 4h00 ont bloqué le dépôt de bus.

    Ils ont passé la matinée à chauffé à blanc nos collègues sur la ligne : les comités sont des moulins à parole qui ne servent à rien sauf à freiner l’action.

    L’assemblée générale s’ouvrant à 9h00, se transformait vite en un brouhaha où il était impossible de penser rationnellement et sereinement.

    Il s’est agit de la part du PCF (soutenu par des partis gauchistes ) d’un véritable attentat contre la démocratie ouvrière et le principe des assemblées générales souveraines.

    Nos camarades du comité ont accepté leur révocation.

    Ce matin, dans une assemblée générale beaucoup plus calme, et à priori avec un fort soutien de leurs collègues, ils font cette déclaration linéaire :

    « …Les bureaucrates en sortant de chez Delevoye, ont hier tous appelés à une new journée  » saute mouton » jeudi. Ils disent n’avoir aucune illusion mercredi dans la déclaration du premier ministre, la preuve ils appellent jeudi.

    Peut-on y arriver avec une grève carré ? Évidemment non !

    Alors ce ne sont pas les comités qui nous font perdre notre temps, mais ces …. ! Ce n’est pas les comités qu’il faut révoquer, mais eux !

    Une dernière fois, dans la manif de mardi, on va les voir pour qu’ils appellent à la GG interpro illimitée , maintenant et pas à Noël ! Jusqu’au retrait pur et simple.

    Le premier qui va discuter le bout de gras avec le gouvernement ou la direction RATP SNCF rechercher un compromis pourri : RÉVOQUÉ !

    Si ce soir n’est pas décidé au sommet syndical la GRÈVE GÉNÉRALE ILLIMITÉE INTERPRO JUSQU’AU RETRAIT

    ON CONSTRUIT TOUS ENSEMBLE ( SYNDICATS GRÉVISTES) NOS COMITÉS JUSQU’À UNE COORDINATION OUVRIÈRE, PASSANT PAR UN COMITÉ CENTRAL A LA RATP.

    L’HORLOGE TOURNE EN NOTRE DÉFAVEUR. … »

    Frondeurs Cgt RATP, 10-12-2019.

    Document 3

    Ce matin sur les AG à la RATP ( pas toutes mais beaucoup ), c’est la guerre entres les tenants du dialogue social et les tenants de la mise en place d’un Comité Central.

    Pourquoi un Comité Central ?

    Voilà la discussion sur les forums que nous avons avec nos camarades cheminots :

    En réponse à la proposition de la mise en place d’une coordination ouvrière du camarade Anasse de Sud Rail :

    Le camarade Anasse mouille la chemise, c’est indiscutable. Il nous parle ce soir de la mise en place d’une Coordination Ouvrière, unitaire et interpro, de délégués mandatés, et cela est tout à son honneur.

    Il nous dit qu’il nous faut déborder les appareils bureaucratiques traites et se préparer à mener à son terme victorieux notre grève nous la base.

    Nous sommes d’accord.

    Cependant il passe sous silence un processus en cours, faisant que la bureaucratie pousse à des opérations commandos contre la tenue des AG. Elle ne les contrôle plus, elle veut s’en débarrasser.

    C’est pourquoi nous frondeurs CGT, nous considérons qu’avant de penser à comment on peut construire le toit, il faut consolider nos fondations.

    Demain lundi et dans les jours suivants si c’est nécessaire, à la RATP et à la SNCF, notre place est dans nos AG en défense de nos AG.

    Si il n’y a pas d’AG, il n’y aura pas d’élections de délégués et pas de mandats. Le camarade Anasse se retrouvera avec une coordination, sans délégués et sans mandat.

    Une coordination hors sol !

    Nous pensons que seuls des comités et un comité central, peuvent assurer la survie des AG, et terrasser définitivement les sabotages de la bureaucratie.

    Nous nous tournerons vers une coordination interpro sérieuse, si elle existe, en y envoyant des délégués du comité central des grévistes de la RATP, le plus vite possible.

    Que chacun en soit convaincu !

    Frondeurs CGT RATP, 09-12-2019.