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Le Franc CFA remplacé par l’Eco en Afrique de l’ouest

économie

Lien publiée le 22 décembre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Nous reviendrons prochainement sur les enjeux de ce "remplacement". Il faudra analyser précisément le fonctionnement de cette "nouvelle" monnaie, annoncé par l'ex pays colonisateur (!). Les journaux mainstream français nous expliquent que cette nouvelle monnaie sera totalement indépendante de la France... qui pourtant sera chargée, via la Banque de France, de maintenir la parité de la nouvelle monnaie avec l'euro !

Ci-dessous des articles du Monde, de RFI, et de RT France (avec un son de cloche différent)

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(Le Monde)

Le président français Emmanuel Macron, en visite en Côte d’Ivoire, s’entretient avec le président ivoirien Alassane Ouattara, à son arrivée le 20 décembre / AFP / Ludovic MARIN LUDOVIC MARIN / AFP

Le Monde, 21 décembre 2019

Le franc CFA sera remplacé par l’Eco et la réserve d’argent des Etats africains à la Banque de France sera supprimée.

Le franc CFA a reçu son coup de grâce samedi 21 décembre, à quelques jours du soixantième anniversaire des indépendances. Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont annoncé à Abidjan la disparition du Franc de la Communauté financière en Afrique. Il était né en 1945 sous le nom de Franc des colonies françaises d’Afrique. Un autre temps.

« C’est en entendant votre jeunesse que j’ai voulu engager cette réforme. Le Franc CFA cristallise de nombreuses critiques sur la France. Je vois votre jeunesse qui nous reproche une relation qu’elle juge post coloniale. Donc rompons les amarres » a déclaré Emmanuel Macron, signifiant qu’il avait été à l’initiative de cette avancée « historique ». A ses côtés, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara a tenu, lui, à préciser que « c’est une décision prise en toute souveraineté ».

Désavoué par une part grandissante des opinions du continent qui voyaient en lui une des dernières scories de la Françafrique, le coût politique de cette monnaie devenait trop lourd pour le chef de l’Etat français qui, depuis son arrivée à l’Elysée affiche la volonté de construire une nouvelle relation postcoloniale avec les pays africains.

Le « CFA » est mort. Il doit être remplacé à l’horizon 2020 par une nouvelle monnaie : l’Eco. Le changement ne devrait concerner à ce jour que les huit pays de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMOA): le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. L’Afrique centrale restant pour l’heure tenue à l’écart.

Si ce changement de nom peut à certains égards sembler jouer surtout symbolique, la transformation ne s’arrête pas là. Elle s’accompagne de deux réformes techniques importantes qui devraient calmer les critiques. D’abord, le compte d’opération à la Banque de France est supprimé, et par ailleurs les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés.

Le président Emmanuel Macron, durant sa visite officielle en Côte d’Ivoire, ce 21 décembre 2019, à Abidjan. / AFP / Ludovic MARIN LUDOVIC MARIN / AFP

Selon les accords monétaires jusqu’ici en vigueur, les Etats de l’UEMOA ont l’obligation de stocker au minimum 50 % de leurs réserves de change à la Banque de France en contrepartie d’une garantie de convertibilité avec l’Euro. En 2015, ceux-ci avaient transféré 19 milliards d’euros sur ce compte. « Cela alimentait tous les fantasmes sur les lingots d’or africains gardés dans des coffres à Paris » explique l’entourage du président français.

Cela dit, en dépit de la disparition du CFA, certains de ses fondamentaux vont demeurer puisque l’Eco conservera une parité fixe avec l’Euro et sa garantie de convertibilité sera toujours assurée par la Banque de France.

Négociations depuis juin

De bonne source, les négociations en vue d’aboutir à cette réforme avaient commencé en juin dans la plus grande confidentialité entre MM. Macron et Ouattara, président en exercice de l’UEMOA. « Ils ont convenu qu’il y avait une fenêtre d’opportunité avant l’année électorale en Côte d’Ivoire », ajoute la source française précédemment citée. Ces derniers jours, alors que se murmurait l’idée d’une évolution majeure sur cette monnaie, dirigeants ivoiriens et français demeuraient mutiques, se livrant à un art consommé de la langue de bois. Alors que des voix allant des chefs d’État africains tels que le tchadien Idriss Déby ou le béninois Patrice Talon à des polémistes comme Kemi Seba appelaient à une remise en cause globale, Alassane Ouattara s’est toujours montré réservé sur une réforme majeure, considérant que le « CFA » arrimé à l’Euro était la garantie d’une inflation maîtrisée.

« L’accélération de la dynamique d’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest pour se doter d’une monnaie unique en 2020 a été décisive pour parvenir à cette avancée. Seulement, le compte d’opération à Paris et la présence française dans les instances bancaires étaient un repoussoir pour les pays anglophones de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » commente une source à l’Elysée. Le Ghana est clairement dans la cible. Le Nigeria fait en revanche figure d’ogre terrifiant pour les quatorze autres états membres de la zone, puisque ce géant de la région représente à lui seul 60 % du PIB de la CEDEAO. L’idée développée par Paris et Abidjan est que les pays francophones, membres de l’UEMOA, soient « le socle de cette intégration monétaire sur laquelle pourront se greffer les pays anglophones et lusophones de la région. »

Pourfendeur du CFA, considérant que celui-ci pénalise l’industrialisation et les exportations des économies africaines, l’économiste Carlos Lopes juge que « le changement intervenu est le fruit d’un opportunisme politique bienvenu. Il ne correspond pas à l’idée initiale de monnaie unique régionale mais c’est la meilleure façon d’évoluer. »

Cyril Bensimon (envoyé spécial, Abidjan)

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(RFI) Le président ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé ce samedi la fin prochaine du franc CFA en Afrique de l'Ouest qui sera remplacé par l'éco. Un nouvel accord monétaire en ce sens a été signé à Abidjan. Et l'éco sera rattaché à l'euro.

Les huit pays de l'actuelle zone franc en Afrique de l'Ouest vont couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France. Ils géreront eux-mêmes cette monnaie sans interférence de Paris. Mais la France continuera d'offrir des garanties en cas de crise monétaire. L'éco sera rattaché à l'euro.

La France, solide filet en cas de crise économique

« Lorsqu’on touche au monétaire, on touche au politique », affirme un économiste interrogé par RFI. En clair, dit-il, la dimension politique de passer à l’éco est essentielle et peut rendre confiance à des pays et à leur intégration.

L’éco reste arrimé à l’euro. Et la France, si elle quitte les instances de gouvernance de la monnaie ouest-africaine, demeure un solide filet en cas de crise économique et financière dans la sous-région.

« On pourrait dire que l’Afrique de l’Ouest gagne en indépendance politique, apporte du baume au cœur aux investisseurs nationaux et préserve un lien étroit avec les investisseurs étrangers », note un analyste monétaire. C’est une première étape, qui, selon cet analyste, est importante, parce que dans un premier temps, il faut se presser doucement, et dans un second temps, il ne faut pas aujourd’hui décrocher l’Afrique de l’Ouest de l’Afrique centrale.

Dans un avenir plus ou moins lointain, assure-t-il, les discussions porteront sur l’éco, non plus rattaché au seul euro, mais aussi à d’autres monnaies.

La fin du franc CFA ne va rien changer au quotidien

« C’est une étape dans la bonne direction parce que cela clarifie le débat. Les Français ne sont plus dans les organes de gouvernance. Nous choisissons une parité fixe arrimée sur l’euro, et demandons spécifiquement à la France de garantir cette parité », explique Abdourahmane Sarr, économiste sénégalais, président du Centre de financement du développement économique local (Cefdel).

Pour lui, la fin du franc CFA est d'abord un moyen de dépassionner le débat autour de la monnaie unique arrimée à l'euro. « La discussion maintenant va changer. Ce sera: est-ce que cet arrimage et cette garantie sont quelque chose de bien ou pas pour l’économie ? À ce moment-là, les économistes pourront débattre sans que le débat ne soit pollué par des questions qui dans le fond ne sont pas très importantes », analyse-t-il.

L'économiste sénégalais affirme que la fin du franc CFA ne va rien changer au quotidien « à part le fait que la perception d’ingérence de représentants de la France dans les organes de gouvernance ne sera plus là. Mais dans le fond, rien n’a changé ».

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(RT France) Lors d'un point presse, le président ivoirien Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont annoncé une réforme du franc CFA, monnaie vivement contestée en Afrique. Le Franc CFA fait donc place à l'Eco, mais son taux de change avec l'euro est maintenu. 

La réforme était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, elle est désormais actée : le franc CFA ne s'appellera plus comme tel. Huit pays d'Afrique de l'Ouest et la France viennent de décider une réforme de cette monnaie, qui va changer de nom pour s'appeler l'Eco, a annoncé, ce 21 décembre, le président ivoirien Alassane Ouattara en présence d'Emmanuel Macron. 

«Nous avons décidé une réforme du franc CFA avec trois changements majeurs [...] dont le changement de nom» et «l'arrêt de la centralisation de 50% des réserves au Trésor français», a déclaré Alassane Ouattara au cours d'une conférence de presse au deuxième jour de la visite du président français en Côte d'Ivoire.  

Troisième point de la réforme : la France va se «retirer des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente». Dans les faits, cela signifie que les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés. 

Mise en place dès 2020

Le chef de l'Etat français s'est félicité de ce «nouveau franc CFA». Il a qualifié de «réforme historique majeure cette décision». Selon lui, le franc CFA était «perçu comme l'un des vestiges de la Françafrique». De son côté, Ouattara a plaidé «une décision prise en toute souveraineté». Lors du point presse, il a également été annoncé que l'Eco verrait le jour en 2020.

Cette réforme a été négociée depuis six mois, selon une source française, entre la France et les huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA): Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.

Elle ne concerne pas pour l'instant les six pays d'Afrique centrale qui utilisent le franc CFA mais qui forment une zone monétaire distincte, à savoir le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.

La parité fixée avec l'euro maintenue

Paris s'était déclaré «ouvert» à cette évolution après de multiples discussions avec les capitales africaines, tandis que la polémique au sujet de cette monnaie avait de nouveau pris de l'ampleur ces derniers mois. 

Le «franc des colonies françaises d'Afrique» a été créé en 1945 et était devenu le «franc de la Communauté financière africaine» après les indépendances.

La réforme prévoit que les banques centrales d'Afrique de l'Ouest ne devront plus déposer la moitié de leurs réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était aussi perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.

En revanche, la parité fixe avec l'euro du franc CFA, le futur Eco, est maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA), mais ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour. Enfin, la garantie de convertibilité de l'Eco reste assurée par la Banque de France.