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Catalogne, Espagne, Europe

Catalogne

Lien publiée le 24 décembre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/241219/catalogne-espagne-europe-mes-amies-et-camarades-anticapitalistes

La décision de la Cour de Justice Européenne sur les droits politiques des indépendantistes catalans élus au Parlement Européen pourrait bien créer un séisme dans un Etat espagnol en crise profonde. Mais elle pourrait également, paradoxalement, déstabiliser à gauche, en particulier dans sa frange la plus radicale, elle aussi, en crise d'orientation. La preuve par la Catalogne et par l'UE ?

Cela peut étonner ceux qui, dans l'anticapitalisme, pensent parfois que les diverses instances de l'Union Européenne sont, en tant qu'entité homogène, au service du grand capital... Point à la ligne ! Or ce qui s'est passé avec la décision de la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) de reconnaître l'immunité d'eurodéputé au condamné, prisonnier politique catalan, Oriol Junqueras et donc de poser cette condamnation comme une illégalité, décision qui entraîne que soit aussi accordée à Puigdemont et Comín, exilés indépendantistes, cette immunité et le droit d'occuper le siège d'europarlementaire qui leur était refusé, est un désaveu majeur pour la Justice et, tout court, l'Etat espagnols. Lequel Etat, en complète dérive liberticide, a été soutenu de bout en bout par les Gouvernements européens, Macron en tête, et la Commission. Sans parler de l'interdiction qui avait été signifiée par le précédent président du Parlement Européen, à ces deux élus catalans d'occuper leur siège de députés.

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Cliquer ici pour lire ce reportage

Pour nous résumer : dans cette affaire catalane, la contradiction, totale, est palpable entre le tribunal européen et les politiques menées jusque là par les instances directement politiques des Etats européens et spécialement de l'Etat espagnol en matière de libertés et de droits démocratiques dans le cas de la Catalogne. Il serait irresponsable de ne pas intégrer cette contradiction qui est une faille monumentale par où une démarche démocratique cherchant à contrer de puissantes procédures autoritaires a pu se faufiler et mettre tout ce monde des eurocrates sur la défensive, voire dans une véritable débandade politico-émotionnelle comme en témoigne le reportage, ci-dessus, du correspondant de Libération (voir aussi en note de bas de page, la vidéo de l'accueil que certains députés européens, au courant de l'intention du président du Parlement de suivre les préconisations de la CJUE, lui on résevé lors de son intervention sur le sujet).

Encore ceci : il ne s'agit évidemment pas d'accorder à ce tribunal plus qu'il ne mérite. Il reste un rouage de cet Etat intrinsèquement antipopulaire qu'est l'UE mais le fait est que l'homogénéité de cette structure de domination libéral-capitaliste n'est pas acquise ou stabilisée. Elle le sera peut-être si on laisse se développer les tendances autoritaires et franchement liberticides dont le macronisme est un exemple emblématique. Mais dans l'instant retenons qu'au nom de la démocratie et des droits politiques, il s'est trouvé un tribunal européen, et pas le moindre, pour contrer une puissante alliance politique des Etats et des gouvernements européens. Sa sentence a donné du rapport de force à ce qui est, quelles que soient les étiquettes politiques de certains indépendantistes catalans (jamais d'extrême droite comme certains ignares le proclament encore), la pointe avancée démocratique contre le régime espagnol issu, lui, quoique en n'étant pas strictement réductible à lui, du franquisme ! Le rapport, à l'extrême droite, sauf à avoir des oeillères intéressées, est bien à chercher de ce côté-là !

Tactiquement donc, sans renier notre stratégie d'opposition à cette Europe du Capital, nous devons apprendre à enregistrer les clivages, décrochages, dysfonctionnements de la structure globale, dans ce qu'elle montre comme hétérogénéité (elle a nom, n'ayons pas peur des mots, séparation, toute relative que l'on voudra, des pouvoirs et ce n'est jamais rien) de ce qui reste pour des anticapitalistes notre adversaire, notre ennemi.

Certains diront, je suis de ceux-la, que nous devons être, et même réapprendre à être, dialectiques et délaisser des schématismes de pensée nuisibles à notre combat pour une autre société. Et de ce fait commencer, pour tant d'entre nous qui ne l'ont pas encore fait, à soutenir le combat démocratique de la Catalogne pour son autodétermination et, si elle le décide, pour son indépendance. En travaillant "en même temps" (et ce n'est pas du macronisme !), au coeur de la mobilisation de millions de Catalans, à faire que cette radicalité démocratique s'articule à une radicalité sociale, de démocratie sociale, pour que la possible République indépendante de Catalogne soit une République du peuple, pour le peuple, par le peuple, celui qui vit en Catalogne, qu'il soit ou pas indépendantiste. Pour une République également solidaire des autres peuples, et pas seulement de la péninsule ibérique. En faisant ce choix nous serons à la fois dans l'exploitation politique, légitime, de cette décision du tribunal européen qui fait enrager toute la classe politique, militaire, judiciaire et économique espagnole et dans de meilleures conditions pour apporter notre appui à nos camarades anticapitalistes d'outre-Pyrénées, pas seulement catalans, afin qu'ils déploient leur spécifique façon d'être démocrates : la plus largement, la plus pleinement démocratique selon nous ! Par où, soyons en sûrs, la cause autodéterminatrice et même indépendantiste catalane, pourra élargir sa base sociale en contrant, sur les deux paramètres, pour nous indissociables, du social et du démocratique, ce qui rend des couches populaires encore réceptives aux discours catalanophobes et donc diviseurs de leurs ennemis. Avec possible, nécessaire, extension, hors de Catalogne, du domaine de l'autodétermination au terrain des luttes pour des logements, des salaires, des pensions ... dignes, pour les pleins droits à l'égalité des femmes... Car, comment pourrait-on en douter, ce sont des revendications démocratiques qu'il serait tellement décisif qu'elles s'insèrent dans les revendications démocratiques territoriales-nationales permettant d'envisager avec cet imprésentable Etat des élites recyclées du franquisme, comme en filigrane cela se lit dans la sentence magistrale de la CJUE. Dans le paradoxe que l'extension de cette dynamique ibérico-catalane au domaine de l'Europe ne relèverait pas de l'impensable qui est une autre fmanière de dire l'impossible !

Tirons-en, nous aussi, bienvenu le paradoxe que cela passe par ce tribunal, quelque chose d'essentiel : notre anticapitalisme sera totalement démocratique ou il ne sera pas !

Allez, ne ratez pas cette lecture de Libération : il n'est pas fréquent de voir nos ennemis perdre les pédales... Mais surtout saississons-en la portée politique.

Antoine

Note

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Cliquer ici et ici pour la déclaration complète.

Lire à ce propos : VÍDEO | Así se excitaron algunos eurodiputados antes de que Sassoli hablara

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