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Cuba va fusionner ses deux monnaies
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://www.lesechos.fr/monde/ameriques/cuba-va-fusionner-ses-deux-monnaies-1158816
La Havane s'apprête à fusionner le peso cubain et le peso convertible utilisé pour les échanges extérieurs. Ce système dual était devenu ingérable et incompatible avec l'ouverture économique du pays. Le régime rétablit le poste de Premier ministre, dont le dernier titulaire, en 1976, était Fidel Castro.
Fin du système monétaire dual. Cuba se prépare à unifier ses deux monnaies en circulation, le peso cubain et le peso convertible. Aucune date n'a été officiellement fixée, mais le processus voulu par Raul Castro avant qu'il ne quitte le pouvoir, en avril 2018, est lancé.
Le peso cubain, qui serait conservé, s'échange au taux de 24 pour un dollar. Il est utilisé dans les magasins d'Etat et pour payer les fonctionnaires, retraités et employés d'entreprises publiques (85 % de la population). Appelé à disparaître, le peso convertible vaut exactement 1 dollar. Il donne le droit d'acheter des produits importés dans les boutiques de l'île. Les travailleurs doivent changer leurs pesos cubanos en pesos convertibles dans les bureaux de change, au prix de longues files d'attente, tandis que les petits patrons et autoentrepreneurs bénéficient de leurs recettes en pesos convertibles.
Système complexe
Ce double système est utilisé par les pays voulant se protéger des pressions extérieures sur leur monnaie, mais impose un strict contrôle des changes, incompatible avec une relative ouverture économique. Ouverture dans laquelle l'économie cubaine s'est engagée, via le tourisme, depuis une dizaine d'années, ainsi que le commerce international, suite à la visite historique de Barack Obama à La Havane en 2016.
L'embargo américain en vigueur depuis 1962 n'a toutefois pas été levé par l'administration Trump . Ce système dual oblige aussi les Cubains à jongler entre les prix et les magasins acceptant l'une ou l'autre des deux monnaies, certains allant jusqu'à accepter le peso convertible mais à rendre la monnaie en peso cubain. Pour ajouter à la complexité, les entreprises d'Etat bénéficient d'un taux de change préférentiel de 1 peso cubain pour 1 peso convertible, afin de réduire le coût de leurs importations. Une dérogation qui suscite des trafics de pesos cubains, selon qu'ils sont échangés sur le marché libre ou via une entreprise d'Etat.
Transition délicate
Premier signe de la transition en cours, les Cubains sont autorisés depuis deux mois à ouvrir des comptes nationaux en dollars pour acheter notamment des appareils ménagers, à des prix compétitifs, dans des magasins d'Etat. Deuxième étape, le gouvernement interdit désormais aux voyageurs l'entrée et la sortie de pesos convertibles. Parallèlement, les paiements en dollars, disparus depuis 2004, sont de nouveau autorisés.
La suppression du système dual devrait se traduire par un renchérissement des importations, notamment agricoles, qui assurent la majorité de l'alimentation des 11 millions de Cubains. « Eliminer la dualité monétaire ne résout pas le problème, si cela ne s'accompagne pas d'une dévaluation du taux de change […] et d'une réforme productive pour éviter une crise inflationniste, en raison de l'augmentation des prix et du manque de certains produits », estime d'ailleurs l'économiste cubain Everleny Pérez. Pour amortir le choc à venir, le salaire moyen des employés d'Etat est passé en juillet de 667 pesos cubains (soit l'équivalent de 25 euros) à 1.067.
Un Premier ministre pour la première fois depuis 1976
Autre symbole, mais institutionnel celui-là : le poste de Premier ministre, supprimé en 1976, est rétabli, conformément à une révision constitutionnelle d'avril dernier. L'Assemblée nationale a désigné, samedi, Manuel Marrero à ce poste censé décharger le président cubain Miguel Diaz-Canel de menues responsabilités, telles que la supervision des gouverneurs de provinces. Manuel Marrero n'est pas un poids lourd politique. Cet architecte quinquagénaire n'étant même pas membres du comité central du parti communiste et son expérience se confine à celle de ministre du Tourisme depuis 2004.