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Gloire aux danseurs de l’Opéra de Paris : Macron voulait les acheter, ils refusent la clause du grand père !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Deux mondes s'opposent :
- le monde des macronads : pour eux, l'être humain est égoïste, pense qu'à sa gueule, et peut être acheté
- le monde des grévistes, solidaire et humaniste. Ces connards de macronards n'ont pas compris ce qui animent les grévistes : on ne fait pas grève des jours et des jours "pour sa gueule", mais parce qu'on défend des valeurs, des intérêts de classe, une certaine conception du "vivre ensemble"
Les "petits rats" partent actuellement à la retraite à 42 ans. La réforme ne toucherait que ceux recrutés après 2022. Dans un billet, plusieurs danseurs la refusent.
Ils s'étaient mobilisés jusqu'à danser une partie de ballet en public sur le parvis de l'Opéra de Paris. Le gouvernement a proposé aux danseurs d'Opéra de Paris, en grève contre le projet de réforme des retraites, que le nouveau texte entre en vigueur seulement pour les danseurs recrutés à partir de 2022.
"La réforme entrera en vigueur pour les danseurs recrutés après le 1er janvier 2022, tandis que les règles actuelles seront maintenues pour les danseurs recrutés avant cette date", écrivent le ministre de la Culture Franck Riester et le secrétaire d'État chargé des retraites Laurent Pietraszewski dans un courrier du 23 décembre adressé au directeur général de l'Opéra de Paris Stéphane Lissner, révélé par Les Echos.
Fin de non-recevoir des danseurs
Dans un texte publié le lendemain et partagé sur Facebook par plusieurs danseurs de l'Opéra, ces derniers opposent une fin de non-recevoir au gouvernement. "Il nous est proposé d'échapper personnellement aux mesures, pour ne les voir appliquées qu'aux prochaines générations. Mais nous ne sommes qu'un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur : nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes", écrivent-ils dans un "communiqué collectif".
"Dansez, dansez, si non nous sommes perdus", disait Pina Baush, nous rappelant ainsi l'importance de la danse, et de l'art en général, dans notre société.
L'Opéra de Paris s'applique depuis 350 ans à honorer sa mission : faire vivre la danse et la musique à leur plus haut niveau d'exigence. Aujourd'hui pourtant, les portes sont fermées, les fauteuils sont vides, le rideau est baissé.
Rien n'est plus douloureux pour un artiste que de devoir renoncer à monter sur les planches. C'est pourtant la décision qui a été prise par nombre d'entre nous afin de défendre un régime qui permet à chacun des salariés de cette grande Maison de pouvoir s'impliquer sans réserve dans la tâche qu'il a à accomplir entre ces murs. Que ce soit pour les danseurs, qui au milieu de leur vie doivent repartir à zéro, les chanteurs et les musiciens, dont les oreilles s'abîment, les techniciens, qui portent les décors et sécurisent les artistes, et tous les autres travailleurs de l'ombre, la suppression de ce régime met en péril l'équilibre de leurs carrières professionnelles et l'excellence du travail qui est produit chaque jour pour offrir au public des spectacles sans faille. C'est pourquoi la mobilisation continue.
Nous pensons à tous ceux qui pâtissent de cette grève : nos spectateurs avant tout, et tous les enfants que nous n'avons pas pu faire rêver pour Noël. Notre Etoile dont les adieux ont été annulés, aussi. Nous les prions, de tout cœur, de bien vouloir nous en excuser. En cette période de fêtes, rappelons nous que l'Opéra de Paris n'appartient pas à ce gouvernement, il appartient à ses spectateurs, et à tous ceux à qui son existence rappelle que l'art est un des fondements de notre humanité.
Joyeux Noël à tous.
[Communiqué collectif :
Chers tous,
Si nous faisons partie de cette institution séculaire qu’est l’Opéra National de Paris, c’est parce que nous aimons donner des spectacles. Pour beaucoup d’entre nous, cela fait de très longues années que nos énergies convergent chaque jour vers un objectif commun : donner chaque soir le meilleur spectacle possible.
Croyez donc que pour en arriver à toutes ces annulations, il faut vraiment que nous soyons poussés à bout.
L’élimination de notre Caisse de Retraite, qui incarne l’union entre toutes les générations de nos plus de 70 métiers, pour nous faire rentrer de force dans un régime qui ne nous correspond pas du tout, achèverait de détruire l’équilibre fragile de notre collectif de travail.
Nos représentants se sont rendus à toutes les réunions, ont étudié toutes les idées, ont émis de nombreuses et diverses propositions.
Malheureusement, ce qui nous est proposé aujourd'hui ne permettrait pas de préserver l'excellence et le professionnalisme qui sont au cœur de l'identité de notre Maison.
En ce qui concerne le Ballet, il s'agit d'une profession difficile, qui demande qu'on s'y consacre corps et âme dès le plus jeune âge. La pension que nous touchons après 42 ans, additionnée aux salaires souvent modestes de nos deuxièmes carrières permet - si on a de la chance - , de conserver un niveau de vie à peu près stable quand on ne peut plus danser.
Les bouleversements envisagés aujourd'hui auraient pour effet de détruire notre Ballet et notre École de Danse.
Il nous est proposé d'échapper personnellement aux mesures, pour ne les voir appliquées qu'aux prochaines générations. Mais nous ne sommes qu'un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur : nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes. Même avec la meilleure volonté du monde, nous ne pouvons acquiescer à ce qui nous est demandé.
Pas plus que pour les prochaines générations, nous ne pouvons acquiescer pour nos collègues des autres services qui, eux aussi, ont chacun des spécificités dont la prise en compte est indispensable pour préserver le niveau d'exigence qui caractérise leur travail. L'Opéra est un Théâtre : nos spectacles sont le fruit des efforts communs de toutes nos corporations.
Parce que nous sommes profondément tristes de cette situation, parce que nous sommes sincèrement désolés d'avoir dû décevoir tant de spectateurs qui se réjouissaient de nous voir pendant les fêtes, parce que nous souhaitons témoigner des liens qui unissent corps de métiers et générations au sein de notre belle Maison, nous offrons un très court spectacle, un symbole, un message, un appel à la défense de notre Ballet, de notre Institution, et ainsi du patrimoine culturel de tous les Français.]
Les danseurs de l'Opéra de Paris (Garnier et Bastille) partent actuellement à la retraite à 42 ans compte tenu de la "pénibilité" de leur métier, des risques de blessure et du fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d'excellence.
L'Opéra et la Comédie-Française sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme du gouvernement. Le régime spécial de l'Opéra date de 1698, sous Louis XIV. La grève qui touche l'Opéra a entraîné l'annulation de plusieurs spectacles et des pertes s'élevant à 8 millions d'euros, selon les chiffres communiqués par l'institution au début de la semaine.
Dispositif de reconversion professionnelle
À quelques heures de Noël le 24 décembre, des danseuses du corps de ballet de l'Opéra ont exécuté des tableaux du Lac des cygnes sur le parvis de Garnier, accompagnées de l'orchestre symphonique, pour dénoncer une réforme qui selon elles "met en danger" leur métier.
Dans le courrier à leur directeur, le gouvernement propose par ailleurs d'élaborer "un dispositif de reconversion professionnelle" pour les quelques danseurs (six par an en moyenne sur les cinq dernières années) qui s'arrêteront chaque année.
Dans ce courrier, ainsi que dans un autre envoyé à la Comédie française, le gouvernement invite les directeurs des deux institutions à mener avec lui des concertations pour la mise en oeuvre de la réforme, à partir du début de l'année prochaine jusqu'à l'automne 2020. Le fruit de ces travaux sera intégré dans les textes d'application de la loi.