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Non, Ambroise Croizat n’est pas compatible avec le macronisme
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.regards.fr/idees/article/non-ambroise-croizat-n-est-pas-compatible-avec-le-macronisme
À LREM, on aimerait bien faire croire que la réforme des retraites se place dans la lignée de celle mis en oeuvre par le CNR après-guerre. Il faut relire le discours du ministre du Travail (communiste) Ambroise Croizat, aucun doute possible, il n’était pas macroniste !
Du Premier ministre qui veut faire croire que sa réforme des retraites est l’héritière du Conseil National de la Résistance au député LREM qui cite le communiste Ambroise Croizat, père de la Sécurité sociale, la récup’ va grand train à la tête de ce pays. Pierre Caillaud-Croizat, petit-fils d’Ambroize Croizat, s’est chargé à merveille de répondre à ces basses falsifications, lançant ce terrible « Votre culot n’a d’égal que votre duplicité » à la figure du parlementaire.
Pour vous faire une idée plus nette de l’incompatibilité viscérale entre Ambroize Croizat et le macronisme, nous nous proposons ici de publier des extraits du discours du ministre du Travail et de la Sécurité sociale devant l’Assemblée nationale constituante, le 8 août 1946, sur l’application de la loi sur la Sécurité sociale.
Voici :
« Nul ne saurait ignorer que l’un des facteurs essentiels du problème social en France, comme dans presque tous les pays du monde, se trouve dans ce complexe d’infériorité que crée chez le travailleur le sentiment de son insécurité, l’incertitude du lendemain qui pèse sur tous ceux qui vivent de leur travail.
Le problème qui se pose aujourd’hui aux hommes qui veulent apporter une solution durable au problème social est de faire disparaître cette insécurité. Il est de garantir à tous les éléments de la population qu’en toute circonstance ils jouiront de revenus suffisants pour assurer leur subsistance familiale. C’est ainsi seulement, en libérant les travailleurs de l’obsession permanente de la misère, qu’on permettra à tous les hommes et à toutes les femmes de développer pleinement leurs possibilités, leur personnalité, dans toute la mesure compatible avec le régime social en vigueur.
Voilà qui suffit à démontrer l’ampleur du contenu de la notion de sécurité sociale. Celle-ci implique d’abord une organisation économique qui fournisse à tous les hommes et à toutes les femmes en état de travailler une activité rémunératrice. [...]
Il faut, en second lieu, que l’activité ainsi garantie à tous les hommes et à toutes les femmes leur apporte les ressources suffisantes pour satisfaire à leurs besoins personnels et pour couvrir leurs charges familiales. […]
D’autre part, le travailleur ne peut maintenir son activité qu’en conservant sa capacité de travail. Par suite, la sécurité sociale se trouve étroitement liée à tout le problème de l’organisation médicale, au problème des soins d’abord, au problème de la prévention de la maladie et de l’invalidité, au problème de l’hygiène et de la sécurité du travail, au problème de la prévention et de la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles.
Enfin, et c’est le dernier chapitre de la sécurité sociale, il faut parer aux conséquences de la perte possible, par le travailleur, de son activité rémunératrice. [...]
La sécurité sociale est une unité. [...] Quel que soit le but particulier auquel peuvent tendre les diverses institutions, qu’elles aient pour objet de couvrir les charges de la maladie, de fournir des retraites de vieillesse ou des pensions d’invalidité professionnelle, ou d’alléger les charges de familles nombreuses, il s’agit toujours d’opérer un prélèvement sur les revenus de la masse pour couvrir l’insuffisance des ressources de certains.
L’unité de la sécurité sociale n’est à cet égard que l’affirmation d’une solidarité nationale indiscutable. [...] Il s’agit toujours soit de garantir des soins, soit de répartir des revenus.
Enfin et peut-être surtout, l’unité de la sécurité sociale s’affirme sur le plan social. Il s’agit toujours, en effet, d’apporter des moyens d’existence à des familles manquant de ressources, de sauvegarder le capital humain du pays par la prévention de la maladie et de l’invalidité, de permettre à tous les individus de développer au maximum leurs moyens propres.
[...]
L’organisation de la sécurité sociale [...] peut maintenant vous apparaître comme tendant avant tout à regrouper, en un ensemble cohérent et logique, des institutions qui, jusqu’à ce jour, étaient dispersées : assurances sociales, allocations familiales, accidents du travail.
Mais si c’est là le premier résultat de l’organisation nouvelle de la sécurité sociale, il faut y voir, non pas le terme, mais le point de départ de cette organisation. Le but qu’il convient d’atteindre, en effet, c’est de généraliser la sécurité sociale.
[...]
Cette organisation nous fournit ainsi l’instrument de tous les progrès sociaux qui doivent, dans l’avenir, se réaliser, tant il est vrai que le progrès social est une création continue. »