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Paris: avec Dhorasoo, LFI «veut que les citoyens prennent le pouvoir»

France-Insoumise

Lien publiée le 11 janvier 2020

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.liberation.fr/france/2020/01/10/avec-vikash-dhorasoo-lfi-veut-que-les-citoyens-prennent-le-pouvoir_1772391

Vikash Dhorasoo pendant la journée de mobilisation contre de projet de réforme des retraites à Paris, vendredi.

Après avoir échangé avec les roses et les verts, l’ex-joueur du PSG, engagé et militant depuis sa retraite en 2007, est tête de liste insoumis dans le XVIIIe

Jeudi après-midi sur le boulevard Magenta, à Paris : Vikash Dhorasoo serre des mains, pose devant les flashs des manifestants qui s’opposent à la réforme des retraites, tape la bise à Raquel Garrido. L’ancien footballeur paraît à l’aise dans son nouveau monde. Il palabre, fait des grands gestes de la main et le candidat à la mairie de Paris se voit déjà édile du XVIIIe arrondissement. «Franchement, c’est incroyable. Depuis le début de la campagne, je rencontre des gens formidables et je m’éclate», dit-il comme un enfant qui ouvre ses cadeaux un soir de Noël. A Paris, Vikash Dhorasoo forme un binôme avec l’insoumise Danielle Simonnet. Ils mènent la liste «Décidons Paris !». Les parieurs misent très peu de pièces sur eux mais ils y croient. Ils rêvent de victoire. On ne s’attendait pas à autre chose de leur part.

Depuis sa retraite de footballeur, en 2007, Vikash Dhorasoo ne cache pas ses préférences en politique. Il signe de nombreuses tribunes pour défendre l’accueil des migrants ou porter des combats écolos et incarne l’ONG Oxfam en France. Un épisode a fait basculer son engagement : en avril, l’ex-footballeur était à l’origine d’une pétition pour que soit maintenu un mini-terrain de foot près de Montmartre. Le voisinage se plaignait du bruit des enfants. «C’était un combat contre les classes moyennes qui ne voulaient pas que les enfants des classes populaires jouent sous leurs fenêtres», synthétise l’ancien Havrais. Après un long combat médiatisé, le Normand a gagné la bataille : «Durant cette lutte, j’ai rencontré de nombreux politiques de gauche, notamment les écolos et les socialistes. Par la suite, ils m’ont contacté pour que je parte en campagne avec eux.» Les roses et les verts racontent l’histoire inverse : le sportif engagé serait venu leur réclamer une tête de liste d’arrondissement.

Atypique.

Pas grave pour Dhorasoo, qui s’est «trouvé» avec Danielle Simonnet. «On a la même façon de faire de la politique, raconte-t-il à Libération. On veut voir de nouveaux profils, de nouvelles têtes, afin que les citoyens prennent le pouvoir. Ceux qui gouvernent actuellement se ressemblent tous, c’est une caste», explique-t-il. On croirait entendre Jean-Luc Mélenchon. D’ailleurs, il a toujours voté pour lui.

Le footballeur Dhorasoo était déjà atypique. Pas très grand, pas très musclé mais très technique. Il se faufilait entre les âmes sur la pelouse. Après avoir débuté au Havre, il s’est rapidement fait un nom dans le milieu et a flirté avec le sommet. Un passage dans les plus grands clubs du pays et en équipe de France. Mais il a aussi fait parler de lui en dehors du terrain. Des bastons avec ses coéquipiers et un licenciement du Paris-Saint-Germain après avoir critiqué publiquement les choix de son entraîneur. Le meneur de jeu n’est pas du genre à mâcher ses mots.

Un connaisseur du ballon rond qui suit le parcours de Dhorasoo tente de dessiner le personnage : son attitude et ses prises de position «irritent régulièrement», mais l’ancien dribbleur n’a jamais tenté de jouer un autre rôle que le sien. «Certains joueurs en font des caisses sur l’amour du maillot et la fidélité, mais pas lui, raconte l’observateur. Il s’est toujours mis dans la peau d’un employé. Pas question de faire un cadeau au patron alors que c’est lui fait le job sur la pelouse. Lorsqu’il y avait un conflit entre une direction et un joueur, Dhorasoo s’est toujours rangé du côté de son coéquipier.»

Le retraité garde encore un pied dans le milieu : il intervient souvent dans des émissions spécialisées avec la casquette de chroniqueur. Mais aujourd’hui, Vikash Dhorasoo ne parle pas vraiment à la jeune génération. Logique : elle n’a pas forcément le réflexe de fouiller dans les mémoires du Web pour repêcher ses exploits - comme son but en finale de coupe de France contre l’Olympique de Marseille. Mais il conserve une certaine popularité chez les trentenaires. Il suffit de faire une petite balade dans les rues de Paris pour comprendre. Le nouvel insoumis en joue afin de convaincre le maximum d’abstentionnistes, notamment ceux des quartiers populaires. Persuadé qu’il a une chance dans son arrondissement, le XVIIIe, il dit : «La victoire passe par là.»

L’arrivée de Dhorasoo dans le monde «LFI» a filé la pêche à Danielle Simonnet, elle qui tente depuis des mois de raconter une histoire dépassant la sphère du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Le quadragénaire permet de «crédibiliser» la stratégie de «Décidons Paris !», selon la tête de liste dans le XIXe, Sarah Legrain. Elle poursuit :«Pendant que nos concurrents se perdent dans les discussions entre partis et parlent d’alliances, nous, on fait l’inverse. Que ça soit avec Lamya Essemlali - qui défend la cause animale et les océans - ou Vikash, on raconte autre chose. Notre mouvement met en avant des gens qui font de la politique sans en avoir les codes. Ils parlent avec leurs mots à eux et ils ne font pas semblant de s’intéresser aux autres.»

Coups.

Cet hiver, avant de signer chez les insoumis, Dhorasoo a donc fait le tour des familles de gauche. Il connaît personnellement Anne Hidalgo et, depuis qu’il est en campagne, le nouvel insoumis ne retient pas ses coups contre la maire de Paris. Il cogne à la moindre occasion. «Elle ne peut pas faire de la politique à vie, la ville ne lui appartient pas», dit-il, avant de raconter sa petite histoire : «Je suis un fils d’immigrés, mes parents sont originaires d’Inde, j’ai vécu dans une HLM et j’ai toujours voté à gauche. Après, c’est vrai que grâce au foot j’ai connu une ascension sociale mais, moi, je n’ai jamais fait de la politique et je n’oublierai jamais d’où je viens.» Un joli storytelling.