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Faux quidam, mais vrai proche d’une macroniste : le casting douteux de France 2 pour débattre des retraites

Lien publiée le 12 janvier 2020

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.marianne.net/medias/faux-quidam-mais-vrai-proche-d-une-macroniste-le-casting-douteux-de-france-2-pour-debattre

Les téléspectateurs de France 2 ce jeudi 9 janvier n'ont appris qu'en fin d'émission que l'un des citoyens invités à débattre pendant plus de deux heures sur la réforme des retraites, présenté comme un simple restaurateur, était en fait le mari de la maire du 5ème arrondissement de Paris, engagée dans la campagne de Benjamin Griveaux.

Quelle déveine, tout de même… Sur les 44,5 millions d'électeurs qui auraient pu débattre, ce jeudi 9 janvier au soir sur France 2, du bien fondé de la réforme des retraites, il aura fallu que les programmateurs de l'émission Vous avez la parole - VALP, pour les intimes – tombent sur le seul défenseur du projet gouvernemental qui soit aussi le mari de la maire sortante du 5ème arrondissement de Paris, Florence Berthout, engagée dans la campagne municipale sur la liste de… Benjamin Griveaux, candidat de La République en marche à la mairie de Paris.

Bien qu'il s'en défende, Didier Desert, restaurateur de son état présenté comme un citoyen lambda, est bel et bien un membre de l'entourage politique de Florence Berthout, transfuge des Républicains dans le camp macroniste. Une information qui n'a pas échappé aux utilisateurs de Twitter pendant l'émission, mais que les téléspectateurs du service public n'ont fini par apprendre qu'à la toute fin du direct, donnant lieu à un léger flottement sur le plateau.

Tandis que Didier Desert explique, en guise de conclusion au débat, que "pour [lui] la double peine, ce serait effectivement d'avoir subi ces grèves, parce qu'on les a vraiment subies, et que la réforme n'aille pas jusqu'à son but", l'animatrice Léa Salamé est ainsi contrainte de l'interrompre pour préciser le casting de "VALP" : "Alors juste, petite précision : vous êtes le mari de… Florence Berthout, c'est bien ça ? Parce qu'on ne l'a pas dit. Florence Berthout, c'est la maire du 5ème arrondissement de Paris, ex-LR qui a rallié Benjamin Griveaux. Juste pour être tout à fait complet…", précise l'intervieweuse de France Inter. En débit d'émission, le co-présentateur Thomas Sotto se bornait pourtant à présenter Didier Desert comme un simple "restaurateur dans le troisième arrondissement à Paris".

"Ça agite beaucoup les réseaux sociaux, donc voilà, on le précise", concède-t-il à son tour en fin d'émission, après que la sphère insoumise s'est embrasée sur Twitter. Didier Desert, qu'un spectateur non averti prenait jusqu'alors pour monsieur tout-le-monde fait alors valoir, à juste titre, qu'il dispose lui aussi d'un libre arbitre : "J'espère que les réseaux sociaux pourront admettre qu'à notre époque, un mari et sa femme puissent ne pas forcément partager les mêmes convictions, je pense que vous pouvez me comprendre…", explique-t-il à Léa Salamé, concubine du fondateur du mouvement Place publique, Raphaël Glucksmann, qui s'était, elle, mise en retrait lors de la campagne des élections européennes.

"IL FAUT SOUTENIR LES RESTAURATEURS"

Même si on ne peut réduire un mari à la fonction de sa femme, en l'occurrence, les convictions de Didier Desert et de son édile d'épouse sont sensiblement les mêmes. Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer les prises de position du prétendu quidam pendant l'émission avec les idées affichées sur Twitter par Florence Berthout. "Nous on souhaite, et je me fais le porte-parole de tous mes collègues, tous les restaurateurs, on souhaite juste pouvoir continuer à faire notre métier, comme on le faisait jusqu'à aujourd'hui. Nous on souhaite pouvoir travailler, c'est-à-dire que Paris soit libéré, que les gens puissent circuler", réclame le restaurateur sur France 2.

Cette souffrance du bon peuple de Paris n'a pas échappé à Florence Berthout, qui postait déjà ce message à la veille de 2020 : "Il faut soutenir les commerçants, restaurateurs et hôteliers impactés lourdement par les grèves. En ce 31 décembre, j’étais ce matin aux côtés d'Agnès Pannier-Runacher – secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, ndlr. - sur le marché Maubert pour un échange direct avec eux." Une compassion également exprimée à l'antenne de CNews, le 7 janvier dernier : "Je pense, comme maire d'arrondissement, aux commerçants et aux restaurateurs. Je suis allée les voir, ils souffrent", affirmait en effet la maire du 5ème arrondissement.

Quant il s'agit de la grève des agents de la RATP, le couple semble là aussi partager les mêmes avis : "Quand il y a 10 % de grévistes à la RATP, qui bloquent Paris, qui bloquent 100 % des rames, il y a une équation mathématique que je ne m'explique pas", râlait ainsi Didier Desert jeudi soir à propos du mouvement de grève du jour, lançant au passage une contre-vérité, puisque le service était partiellement assuré dans la capitale. Toujours sur Twitter, l'élue parisienne écrivait quant à elle, le 7 janvier dernier : "Merci chère Valérie Pécresse d’être du côté des usagers des transports qui vivent une galère quotidienne depuis début décembre. Le remboursement du Pass Navigo doit être immédiat."

REMPLAÇANT EN TANT QUE GRAND ÉLECTEUR

Et si ces deux pensées similaires peuvent en effet demeurer indépendantes l'une de l'autre, il n'en reste pas moins que Didier Desert a déjà occupé une fonction politique auprès de son épouse, qu'il remplaçait en tant que grand électeur lors des élections sénatoriales de septembre 2017, comme l'atteste cet arrêté préfectoral, daté du mois de juillet de la même année.

Bien que minime, ce rôle montre bien que Didier Desert n'est pas un simple pékin, ce dont les téléspectateurs du service public auraient dû être informés d'emblée. Surtout lorsque le converti à la restauration depuis 2015, ancien "partenaire" chez Ernst & Young - l'un des plus grands cabinets d'audit financier et de conseil au monde - selon son profil Linkedin et ex-"general manager" chez Vivendi, assure que la réforme des retraites lui paraît relever d'un "bon sens" finalement pas si populaire que ça.

Le problème n'est pas qu'il soit pour cette réforme ou même qu'il soit macroniste (il faudrait le lui demander), il est légitime que ces idées aient été représentées sur ce plateau et beaucoup d'artisans ont pu se retrouver dans ce qu'il expliquait de ses difficultés. Mais il n'était pas le mieux placé pour porter ce discours dans un contexte de défiance vis-à-vis des médias.