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Chine : la croissance au plus bas depuis 29 ans
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le PIB chinois a augmenté de 6,1% en 2019, en ligne avec les objectifs de Pékin, signalant un atterrissage sous contrôle, à l’heure de la trêve commerciale avec Washington.
De notre correspondant à Pékin
Sans surprise, l’économie chinoise a tenu les objectifs fixés par les timoniers du Parti Communiste, en 2019. La croissance au quatrième trimestre s’est stabilisée à 6%, signalant un léger regain d’activité, pour assurer une croissance annuelle de 6,1% a annoncé vendredi, le bureau national des statistiques (BNS). Les chiffres indique que les mesures de soutien à l’économie déclenchée par Pékin ont commencé à porter leur fruit, offrant un répit qui devrait s’amplifier dans la foulée de la trêve commerciale conclue mercredi avec Donald Trump. D'autres indicateurs montrent une accélération inattendue de la production industrielle et une croissance de l'investissement, tandis que les ventes au détail ont progressé à un rythme stable et solide, suggérant que le géant a terminé 2019 sur une note plus positive, après un été difficile.
Les économistes et chefs d’entreprises basés en Chine tempèrent l’importance de ces statistiques dont la véracité est sujet à caution. «Les chiffres du PIB chinois indiquent le message que le gouvernement veut envoyer, plutôt que l’Etat de santé réelle de l’économie» juge Michael Pettis, professeur à la Peking University. La réalité de la croissance chinoise serait plutôt autour de 3% selon cet économiste chevronné, qui voit dans le chiffre élevé de 6,1% un revers pour les partisans du désendettement du pays, face aux caciques favorable à des mesures de soutien financés à crédit. «L’économie chinoise est droguée à la dette» juge Pettis, soulignant un modèle de croissance tirée par les investissements massifs en infrastructures, comme le réseau tentaculaire de TGV, plutôt que par la consommation des ménages.
En pleine guerre tarifaire déclenchée par le président américain, le ralentissement du géant asiatique s’est accentué l’an dernier, après les 6,6% enregistré en 2018. Il s’agit de la performance la plus basse depuis 1990, confirmant un atterrissage structurel après deux décennies de décollage spectaculaire qui lui ont permis de se propulser au second rang mondial.
Le pouvoir a préféré mettre en avant une autre statistique, pour rassurer des classes moyennes inquiète de cette trajectoire baissière : pour la première fois le PIB par habitant a franchi la barre des 10.000 dollars. Un seuil symbolique important pour le régime, qui a promis à sa population une société de moyenne aisance», avant le centenaire du Parti, en 2021. «Ce chiffre signifie une augmentation des revenus du peuple, une vie plus aisée et c’est également un progrès majeur dans l’histoire de l’humanité» a déclaré Ning Jizhen, le directeur du BNS. La longue marche vers la prospérité se poursuit à plus petit pas, et le fossé demeure important avec des pays avancés comme les États-Unis, dont le PIB par habitant reste presque six fois plus élevé, ou la France, quatre fois plus important.
Le revenu disponible des ménages continue de progresser, offrant des perspectives toujours prometteuses dans certains secteurs de consommation comme le luxe, le tourisme. Mais, la confiance des classes moyennes s’effrite, confrontée à une hausse des coûts de la vie. Et les chiffres nationaux masquent une réalité géographique contrastée. «Cela fait longtemps que je ne fais plus attention au PIB. Ce qui compte est la santé financière des mes clients. Si vous êtes au Nord de la Chine, la situation est très mauvaise. Si vous êtes au sud ou au centre, ca va encore» juge le représentant d’un grand groupe industriel allemand. Les grandes métropoles comme Shanghai ou Shenzhen où se concentrent les richesses et les talents, masquent les difficultés grandissantes des villes intermédiaires, rattrapés par le vieillissement de la population. Et le taux de natalité chinois est tombé au plus bas depuis 1949 l'an dernier, selon la batterie de chiffres publiés aujourd'hui.
Dans ce contexte complexe, le régime de Xi Jinping mise sur la stabilité pour l’année du Rat qui s’ouvre le 24 janvier, en s’appuyant sur la trêve commerciale avec Washington. Cet impératif politique risque de saper encore les efforts d’assainissement des finances, redoutent les partisans des réformes, regroupés autour du Vice premier ministre Liu He, face à de puissants gouvernements provinciaux jaloux de leurs prébendes. Pour enrayer cette fuite en avant des dépenses, le pouvoir central vient de nommer douze spécialistes des finances, dont d’anciens banquier à des postes clés à l’échelon local.